Chapitre 40.5 - Chile-ing on the docks

B.M. Bien entendu, l’hypertrain de Sangiovese avait porté fruit et la complicité entre le Dragon et le Ranger s’en venait de mieux en mieux. Difficile de gérer autant de puissance! Ceci dit, le retour à Southern Bay s'était fait le lendemain, en attendant la marée basse sur la place, question de regagner le ville, recharger son SIS et recharger ses propres batteries. Avec les courses intercontinentales récentes et les hypertrains et autres travaux de Ranger, Nate n’avait pas soufflé depuis un bout. Son frère devait ramener la camionnette familiale à la maison après sa livraison à Southern Bay - qu’il avait fait coïncider avec l’entraînement du Minidraco -  comme leur aîné en avait besoin pour d’autres livraisons à travers l’Amérique. Selon les dires, il semblerait que les Baies De Luca sont de plus en plus en demande suite aux rumeurs de performance d’un Ranger qui en porte le nom. Mais bien entendu, Nate ne voit rien de tout ça aller.

C’est donc ce soir-là qu’il est attablé dans l’un des nombreux bars de Southern Bay, prêt à recevoir les marins d’eaux douces et dures et tout autre voyageur dans tous les états. Une soirée un peu plus tranquille, si l’on ne tombe pas dans les excès, ça ne peut faire que du bien, non? De nature curieuse et bavarde, Nate ne fait aller que la première facette de sa personnalité, ce soir-là, préférant écouter plus que parler. Il répond à quelques questions qui lui sont lancées par les multiples passants qui viennent s’accouder au bar à côté de lui, mais sans plus.

Puis, le banc à côté de lui râcle le sol dans un long bruit. « Oh, cette place est prise? » demande une voix que le Ranger connaît bien. Il se retourne vivement, sourcil levé, surtout surpris de voir son mentor prendre place à côté de lui dans un bar qui ne doit clairement pas être son type d’endroit favorisé. Silence est nettement plus de style dojo, tatami, entraînement que de prendre une bière aux goûts un peu dérangés ou un ballon de rouge qui laisse exprimer les fruits qui l’ont produit. « Ahem, ah, Silence, monsieur, bin non, assis-toi! » dit-il en tirant la chaise pour l’offrir au samouraï. Ce dernier, qui a déjà tous les regards braqués sur lui à cause de son accoutrement - et puis bon, c’est un visage connu, après tout - s’installe comme si rien n'était aux côtés de son élève.

« Les gens commencent à parler de toi, t’es de plus en plus facile à trouver. » dit-il, les yeux bienveillants sous le masque qu’il porte en tout temps. Il fait signe au barman de lui apporter la même chose que Nate et le samouraï fait un truc qu’il n’avait jamais fait auparavant. Il retire son masque. Le Ranger, estomaqué, regarde le visage de son mentor pour la première fois. Silence est plus vieux que Nate, mais d’une décennie, tout au plus. Son visage note parfois les dures années à traverser les contrées sauvages et des rides précoces marquent son visage au travers des petites cicatrices de guerre qu’il a un peu partout. «Mais...mais...mais je croyais que t’enlevais jamais…» commence Nate, faisant sourire son mentor. « Comment veux tu que j’boive ça?[/color]» demande Silence en riant, attrapant le ballon de vin rouge grenat et limpide que lui tend le tenancier.

«Ah ouais, tu marques un point. » mentionne Nate, tout en regardant, ébahi, un visage qu’il a tant imaginé sans le voir. Les yeux sont facilement reconnaissables, de toute façon! La conversation s’entame sur els évènements récents mais est coupée après deux miinutes seulement par un marin qui entre dans le bar.

« C’est l’bordel dans l’port, y’a un gigantesque Pokémon qui fait des siennes! Y’a des Rangers icitte? » demande-t-il, criant presque chaque mot. En même temps, le SIS de Nate vibre, signalant un problème à proximité. «Pas facile tenter de se reposer.» dit-il alors que lui et Silence finissent leurs verres d’un trait, en même temps, impossible d’être plus synchro alors que les deux verres frappent le bar et que les deux compagnons sortent du bar en vitesse sous les regards des clients.

---

Alors qu'ils sortent du bar afin de répondre à l'appel à l'aide reçu par Nate, l'habituel duo - pire qu'un dresseur et son pokemon en réalité moi je vous le dis! - entend directement des bruits de combat. La chair qui rencontre la chair. Voir de l'eau vu quelques ploufs. En même temps, il est facile de reconnaitre les vivats et autres encouragements tant humains que pokemons étrangement.

Est-ce donc une fête qui se donne dans le port ou un combat ? Peut-être un peu des deux ? Difficile à dire d'aussi loin. Et pourtant de temps de temps, Nate semble comprendre un "Ri..." mais un ri quoi ? C'est bien là la question alors qu'il est encore à quelques rounds de course de la zone.

Les humains de la zone et leurs compagnons pokemons ne semblent guère étonnés, surpris, ni même gênés pour la plupart. Il est facilement reconnaissable de séparer en deux la population actuelle de la ville : celle qui se demande ce qui se passe et qui trahit donc clairement son appartenance au groupe de visiteurs et les civils qui eux vaquent à leurs occupations quotidiennes. Ou au contraire semblent courir vers le port avec une certaine excitation !

Alors ranger, c'est un ri-quoi à ton avis que les spectateurs vont voir ?

B.M. La direction à prendre n’est pas trop compliquée. Avec les bruits de la foule, les bruits des ploufs et surtout, la troupe de badauds qui semble tout se diriger vers le même endroit, Nate et Silence leur emboîtent le pas. «Ça semble animer, en tout cas!» mentionne Nate, évitant de peu de se faire plaquer par un homme aussi large que haut. Heureusement, il n’est pas très grand, seulement que très large. « Comme toutes les villes portuaires » répond Silence, celui qui a toujours une explication à tout. Si Nate a visité un peu l’Asie, il est surtout resté sur la plus grosse île, sans aller vers les petites îles. Pour les avoir vus au loin, Nate espère bien avoir la chance d’y retourner, surtout sur l’île de Cristal mentionnée par Dhyana. Après tout, les sols volcaniques, ça allume des espoirs chez tout viticulteur qui se respecte!

Un bruit sourd, chair contre chair, une exclamation commune de la foule, un choc contre le sol. «Ça se bat par là-bas!» s’exclame Nate, son visage prenant aussitôt la direction des bruits de combat. « Encore une fois, le classique des ports dans les villes portuaires. C’est souvent comme ça, sur les bateaux. » explique Silence, alors qu’ils marchent dans la foule hétéroclite qui se dirige également vers les mêmes bruits. «Par expérience?» demande le Ranger. « Disons que les distances entre les îles, en Asie, demandent beaucoup d’efforts avec les marins, mais sont une bonne source de profit » explique-t-il en offrant un clin d’oeil.

Ah, les combats entre dresseurs! Ça avait rapidement commencé pour Nate, alors qu’un dresseur lui avait fait croire que s’ils croisent les yeux, ils devaient se battre. Heureusement que ce n’était pas une vraie coutume, parce qu’avec la quantité de gens qui se retournent vers Silence - ce dernier détonnant vraiment dans la foule - Nate et Silence ne ferait que se battre jusqu’à la nuit des temps. Peut-être que c’est ce qui va arriver après tout, alors que le choc des chairs continue plus loin.

Au loin, on entend la syllabe Ri à répétition. «Ri?» demande Nate. « Peut-être le surnom d’un Pokémon, ou son espèce. » répond Silence, faisant une première référence aux pirates d’Astérix avec les go-go, les go-go, les gauuuuulois! «Ri? Peut-être pour Riposte? Ou quelqu’un qui ne sait pas vraiment la gamme de do et qu’il inverse Ré et Mi? Ou peut-être une Ribambelle? Oh à moins que ça soit financier et que l’on parle de ristourne? À moins que l’on entende mal et que ça soit un ri-volver? Ou peut-être qu’ils veulent juste tous commander un bol de riz? » mentionne Nate en se grattant la tête.

La foule, quant à elle, est très disparate. D’un côté, les gens qui semblent être locaux semblent se diriger vers les bruits tandis que les autres, à l’exception de Nate et de son mentor, s’en vont en direction inverse. «On dirait une tradition. Mais j’arrive pas à trouver le -ri. » dit le Ranger, Silence secouant la tête. « Je pense que tu cherches trop loin.[/color]» répond-t-il, ses yeux tentant de percer l’horizon. « Rialto? Rime? Risque? Rite de passage? Rituel de sacrifice humain? Richesse? Richard? Ricaner? Ricochet? Rideau? Ride? Riddikulus? » énumère Nate en comptant sur ses doigts (et en perdant rapidement le compte).

« Ou Rhinastoc ou Riolu? » ajoute Silence. «Ah ouais, pas fou.» répond Nate en poussant deux individus qui ne bougent pas pour s’avancer.

Silence n'avait pas tort. Nate pensait vraiment loin de la réalité que leurs sens se mettaient de plus en plus à capter alors qu'ils approchaient du port. La foule qui s'approchait devenait relativement plus petite puisque le plus gros avait déjà atteint le lieu de ce qui semble être une rencontre régulière.

Que ce soit l'un ou l'autre des jeunes hommes, une note détonne. Contrairement à ce que l'on pourrait s'attendre d'une cité portuaire : cela ne sent pas la mer. Non. Plus vous approchez de la zone du bord de la ville, plus au contraire : cela sent bon. Un estomac qui gargouille ne serait pas contraire à la bonne odeur de viande grillée qui commence à flotter dans l'air.

Ou à celle du feu qui s'y mêle. La chaleur aurait dut être remplacée par la fraicheur de la mer mais c'est encore une fois le contraire qui prend place. Malgré la foule de monde qui bloque encore - et de loin, c'est ça le pire ! - l'accès au port : il fait chaud comme dans un four.

Les murmures et voix sont plus facile à comprendre désormais que le duo est plus proche. Des paris s'échangent entre deux participants, une certaine Maïté qui affronterait un dénommé Ricardo. Mais que se passe-t-il donc sur la place où même d'aussi loin est visible un énorme bateau nommé Mistral ?

B.M. Il y a drôlement beaucoup de monde, à Southern Bay, sur le dock. De moins en moins de gens affluent vers la foule qui est, de toute façon, assez grosse merci. Nate et Silence font partie de cette foule qui converge vers l’action, alors que la syllabe ri colle dans la tête du Ranger, mais le samouraï, lui, ne semble pas s’inquiéter de ce qui se trame. Il le verra bien lorsque ça arrivera. Si seulement Nate pouvait avoir la même assurance que son mentor! Mais non, tout le long, son crâne s’efforce à trouver des nouveaux noms en -ri. Difficile, surtout sous la pression, les exclamations et les discussions enflammées tout autour de lui.

«C’est drôle, il manque le côté salin dans l’air. Il manque le côté pollution, hydrocarbure et tout, dans l’air. Il manque tellement de choses, olfactivement.» s’inquiète le Ranger, spécialiste des arômes, qui aurait pu décrire les défaut d’un Riesling alsacien avec ces mêmes pĥrases. Mais les arômes que dégage le port sont plutôt reliés, normalement, au porc qu’au port. Des arômes qui rappellent le côté empyreumatique et le côté de torréfaction qui s'imprègne dans l’air. Un côté sanguin, peut-être? Le Cabernet Franc de la Loire? Mais pourquoi est-ce que l’esprit du Ranger s’enlise dans des accords vins et mets alors que la chaleur monte drastiquement et qu’il s’approche de la foule?

Est-ce des grillades? La saison du BBQ a-t-elle commencé?  Dans tous les cas, il semble y avoir une compétition. Des billets s’échangent, des paris se prennent, des crieurs crient les scores et les chances de victoire de chacun des participants. Ricardo? C’est bien le nom que Nate vient d’entendre? Ou c’est lui qui vient de le trouver à force de chercher des mots et des noms qui commencent par ri? Le second, Maïté? Ou Maïs et thé? Un drôle d’accord, non? Mais bon, quand on joue dans les saveurs, y’a toujours moyen de contourner les règles de base.

Au loin, un énorme bateau termine le paysage, couvrant l’horizon et le paysage. En grosses lettres dorées, le mot Mistral. C’est sûrement le nom du bateau, non? Dans tous les cas, tous les indices ne peuvent rien dire au pauvre Ranger qui ne peut qu’être spectateur, lui aussi. Il tente de se frayer un chemin dans la foule. «Tassez-vous de d’là y faut que j‘voye mon chum» dit-il lorsque deux gaillards tentent de lui bloquer le chemin, mais la vue du samouraï calme aussitôt les ardeurs belliqueuses des deux hommes charpentés, autant que les odeurs appétissante qui lui tournent autour des narines.

Si seulement Nate avait accès à google comme la personne qui tappe ses mots, il aurait pu aisément savoir que Ricardo est sûrement un Bétochef avec des drôles de couleurs et que Maïté doit être son amant Machop qui l’assiste au fourneau. Mais si c’est une démonstration culinaire, Nate vient-il de tomber par inadvertance sur le plateau de Top Chef Amérique? Déjà, les recettes de sa mère lui reviennent en vitesse dans l’esprit, et surtout, son inventaire de baie dans le large sac qu’il porte dans son dos. Ça suffit, la viande, on a une nouvelle membre végétarienne, faut la relancer avec le côté frugivore des De Luca!

Le ranger et son accompagnateur silencieux continuent de se frayer un chemin dans la foule. Soudain, celle-ci finit par leur laisser le champ libre et c'est alors de quoi d'étonnant qu'ils ont sous les yeux.

Du côté du bateau, se tiennent un bétochef et une mackgneur en train de s'affronter. Dans un combat de muscles vu leur type combat ? Absolument pas ! Séparés par un feu intense, les deux montagnes de muscles se mesurent à celui qui produira le plus de bons repas rapidement !

Une table à côté de Maïté est d'ailleurs libre pour les fous qui voudraient se joindre au duel...Mais dès que vous approchez, la foule vous fait vite comprendre que ce ne sont pas les dresseurs qui peuvent prendre part au défi. Oserez-vous poser cette épreuve sorti tout droit de l'imaginaire d'Inuk à vos pokemons ?!

B.M. Les soirées passent mais ne se ressemblent pas toutes. Heureusement ou malheureusement, dépendant du cas. Dans le cas présent, la chaleur des flammes vives qu’ils peuvent voir au loin font à la fois du bien dans la nuit fraîche qu’elles inquiètent. Un feu, en plein milieu d’un port, ce n’est jamais bon signe. Parlez-en à Stannis Baratheon! Ceci dit, Nate et son compagnon continuent leur chemin, se frayant dans la foule et se glissant entre les individus. Certes, ce n’est pas tout le monde qui apprécie être dépassé, mais comme plus tôt, l’allure des deux gaillards fait réfléchir deux fois quiconque qui voudrait se dresser sur leur chemin - plus particulièrement Silence, certes, mais il ne faut pas oublier le Ranger aux larges épaules dans son uniforme. Un peu de respect, s’il vous plaît.

Au centre de la piste de danse, près du feu, ce n’est pas un sacRIfice humain qui se passe, ni même un dance battle à la Ludicolo. Mais que se passe-t-il donc. Nate et Silence s'arrêtent, se regardent. Il y a un spot de libre, certes, mais que font les deux Pokémons en plein centre du port? Un concours de cuisine? À cette heure tardive? Master Chef Pokémon? « Sincèrement, c’est un jeu? Pourquoi les gens ont-ils crié de la sorte dans le bar tout à l’heure?» demande le Ranger, complètement renversé. Alors qu’il s’attendait à devoir défendre la ville de Southern Bay, le voici en plein milieu du port à regarder deux tas de muscles préparer de la nourriture.

Dans la foule, ça discute avec passion. Le voisin des deux dresseurs, toutefois, semble être plutôt content de ce qui se passe. « Alors là, aujourd’hui, enfin ils ont pas de la bouffe aux ascendances de Roma. C’est dégueulasse ses affaires-là.» dit-il, le sang de sa mère bouillant dans les veines de Nate. Si elle était sur place, elle serait le Pokémon Dominant à affronter. Son interlocuteur, lui, ferme le cercueil de la patience du Ranger. « Oh tu te souviens, l’autre qui tentait de nous faire manger des baies. J’ai l’air de quoi moi, un Chenipotte? ». Nate fulmine, il bouille. Impossible qu’on puisse être aussi insultant en deux-trois phrases.

«PERDONAMI!»

Son exclamation retentit dans le port bien bruyant. Beaucoup de regards se tournent vers eux. Silence, à côté de lui, lève les mains, paumes vers l’avant en signe de “c’est pas moi”, tandis que Nate s’avance d’un pas. «C’est l’heure de l’enseignement du vrai goût culinaire.» dit-il en faisant un long geste théâtral digne des plus grandes scènes d’anime.

« Euhm, m’sieur, c’t’un concours de Pokémon » vient lui mentionner ce qui semble l’arbitre et animateur. «OUI. PAS DE PROBLÈME» dit-il alors que trois Pokéballs apparaissent dans ses mains, se surprenant lui-même de sa dextérité. « Vous devez préparer un repas trois services, les notes sont accordées sur la présentation, la qualité, le goût et l’originalité. » explique le petit bonhomme chauve qui vient lui parler.

S’il faut défendre l’honneur de sa patrie, de sa matriarche, de sa famille, du vrai goût culinaire, ainsi soit-il. S’il faut apprendre à ses demeurés ce qu’est le vrai goût, ainsi soit-il. S’il faut qu’il réussisse à coordonner ses Pokémons pour réussir tout ça, ainsi soit-il. Au moins, cette fois-ci, il risque moins le lumbago que contre le Ludicolo. Mais comment faire une entrée remarquée? La troisième Pokéball est libérée et NAte lui refile aussitôt un côté minéral en refilant un pierre eau au Pokémon qui venait juste d’évoluer quelques heures auparavant.

---

B.M. La tension est à son comble. Dans le coin des Pokémons de Nate, la foule regarde, intriguée, les trois Pokémons inconnus de la région tenter de se mettre en place. Mais la majorité des yeux sont rivés sur les stars de la cuisine régionale, Ricardo et Maïté. Aux premiers regards, il est difficile de croire que deux montagnes de muscles ont choisi une voie martiale culinaire plutôt que guerrière. Comme le dicton le dit, on ne peut pas faire confiance à un cuisinier qui est mince. Mais est-ce que cette règle peut s’appliquer à deux montagnes de muscles comme les deux qui sortent des trois services avec un précision presque chirurgicale?

Mais les espoirs de vaincre de Nate ne sont pas réduits à néant, du moins, pas autant que les pièces en attendrissage des deux côtés. Du bord des deux Pokémons combats, ce n’est pas trop clair s’ils sont une équipe ou si c’est une compétition à trois équipes. S’ils sont seuls, c’est simple, c’est des points bonus pour Nate. Enlevons la portion fantaisiste que l’union fait la force, en cuisine, c’est l’équipe qui se rend à bon port et non les individus. Un peu en retrait, Nate regarde ses Pokémons déplacer des trucs pour se mettre en place pour le service du soir, alors que le Ranger sort quelques ingrédients qu’il chérit particulièrement.

Faire des pâtes fraîches, c’est le cauchemar de bien des gens, mais le commun chez les De Luca. Mais ça, c’est pour les plats principaux. Il faut commencer par l’entrée, et c’est Sauvignon qui débarque à pleine vitesse avec la moutarde, les pétoncles et la crème. Les fines herbes sont déjà sur le Pokémon lui-même, augmentant sa vitesse d'exécution alors que le bouc traîne les ingrédients à bouts de lianes. Le tout est lancé cérémonieusement sur une planche et le Chevroum sort son épée de feuille pour le tranchage avant de passer le tout vers Nebbiolo, responsable de la cuisson un peu plus tard. En attendant, autant bien préparer la sauce crème et l’ingrédient secret! Un peu d’eau via le dragon de mer, de la crème, de la moutarde en grain et un battage intensif à grands coups de fouet lianes

Mais les deux autres Pokémons sont à même la préparation du plant principal. D’un côté, il faut rouler les pâtes fraîches, préparée par le panda et roulée par Pecorino, qui semble avoir fait une dure soirée colombienne après s’être autant rouler dans la farine. Quant à Nebbiolo, il faut définitivement attendrir la viande. Le veau de Tauros - réputé un peu partout dans le monde -  demande beaucoup d’attention comme la fibre dans la viande est plutôt raide, suite au peu d’années à marcher et à se pencher pour ruminer. Il faut donc casser cette fibre et qui de mieux que Nebby et son Marto-Poing pour casser tout ça. Le travail du Pandarbare résonne dans le dock et les regards commencent à se diriger vers l’équipe du Ranger.

L'animateur se dirige vers Nate, pas trop sûr de ce qui se passe. « Alors, M’sieur, qu’est-ce que vous nous préparez? » demande-t-il. Le Ranger, normalement plutôt réservé, semble avoir le regard enflammé, comme Malbec lorsqu’une baston se pointe à l’horizon. « Premièrement, le pétoncle-moutarde de la famille de mon père. Après, on ne peut pas passer outre l’escalope de veau parmigiana, spécialité de ma maman et pour terminer, une surprise de baies haute en couleur!» annonce le Ranger, confiant de son équipe qui travaille dur comme fer. Du côté du Bétochef, par contre, ça va un peu moins bien, alors que l’un des juges scande que : « ce Canarticho est tellement cru qu’il a tenté de m'assommer à grands coups d’poireaux! »

---

B.M. Dans le public, la tension monte autant que les effluves de nourriture envahissent le port. C’est vraiment spécial d’être sur les docks sans les arômes de pétrole, de pollutions, de vieilles algues en décomposition. Plaisant, certes, mais à la fois stressant pour les enjeux en cours. Après tout, les deux Pokémons en compétition contre la brigade du Ranger semblent savoir où ils s’en vont. Bon, le dénommé Ricardo semble avoir pris toute une tartiflette avec les commentaires du juge. Mais c’est déjà le moment de présenter les premières entrées pour les deux autres concurrents, Maïté et Team Nate. Du côté de Maïté, le juge mentionne que son tartare de Tauros est un peu trop relevé, ce qui masque un peu la qualité du bœuf de Deadly Borrow. Par contre, la présentation est originale. Pour le pauvre Ricardo, par contre, on qualifie son plat de magret fumé comme cru, ce qui lui vaut une note abyssale et une place sur la sellette.

Quant à l’équipe de Nate, ils réussissent à s’en sortir relativement bien. Les saveurs de pétoncles à la moutarde sont parfaitement agencées, en communion l’une avec l’autre. La cuisson, bleue et poêlée, est parfaite, la présentation est belle mais selon le juge, c’est un excellent plat de la dernière décennie. Il manque une touche évolutive. Le genre de commentaire qui pousserait la matriarche De Luca à refaire le portrait du juge, mais Nate, beaucoup plus humble, s’incline devant le juge, prenant les compliments et tentant déjà de trouver le moyen d’ajuster les plats principaux pour ne pas se faire dire le commentaire une seconde fois.

Le premier verdict tombe, en même temps que le couperet. La brigade de compétition est surprise, comme le favori de la foule est éliminé pour l’erreur drastique qu’il a commis en présentant un Canarticho pas assez cuit, et qui, selon le juge, « il y a tellement de sel que la mer morte en est jalouse! » . Nate ne s’en plaint pas, certes, mais le fait que Maïté ait aussi bien passé la première ronde reste un problème pour Team Nate. Le Mackogneur semble connu dans la région, il sera donc difficile à déloger dans un concours de popularité avec la foule. Mais ce qui compte, c’est le palet. Et Nate en a un bon, Nebby aussi, et c’est via les papilles gustatives qu’il a l’intention de remporter la compétition.

«OK brigade!» s’exclame Nate, faisant lever les yeux de ses trois Pokémons. Ils se mettent au garde-à-vous et si ce n’était pas de la barrière de la langue, ils auraient sûrement tous crié OUI CHEF après son appel. «On est dans la finale, mais y’a rien de gagner. Faites attention à vos assaisonnements, vos cuissons. On est rigoureux, on est droit et on va leur exploser les papilles!» s’exclame-t-il avec véhémence, ses Pokémons, toujours au garde-à-vous, s’exclamant dans la langue qui leur est propre en disant sûrement Oui Chef! Dommage qu’il n’y ait pas de traducteur! Mais ça risque d’être dans les sous-titres à la télé. «Les juges veulent de l’évolutif? Semble-t-il que l’évolution de Pecorino, c’pas assez? On va leur en donner! Allez, brigade, on y va avec le Parmigiana!» continue Nate, ses Pokémons se mettant en place.

L’escalope de jeune Tauros est envoyé dans l’huile, après avoir été panné par l’Hyporoi. Les pâtes fraîches sont cuites dans la minute, assemblée à leur création avec des zestes de baie sitrus et du basilic. La couleur, vert et jaune flash, explose dans l’assiette, suivi de l’escalope panée, recouverte de sauce à base de baie Tamato et un soupçon de baie Kiwan et de fromage frais, gratiné. C’est Nebbiolo qui sort de la cuisine, présentant son plat, en même temps que la Mackogneur. Le résultat? Au prochain épisode!

---

B.M. Les deux équipes en lice apportent leur assiette devant le juge. Du côté de Team Nate, le classique à l’italienne, connu d’entre tous : le veau parmigiana! Nate et sa brigade ont toutefois apporté leur touche personnelle dans le plat, question d’apporter une saveur locale au plat. Sur un lit de pâtes fraîches au basilic est déposé l’escalope de veau, panée avec de la chapelure, du pain, et un fromage à pâte dure dont Nate traîne toujours un morceau dans son sac. L’escalope est nappée d’une sauce à base de baies rouges, au goût tomaté et relevée par la baie Kiwan, une spécialité De Luca depuis que Malbec fait parti de la famille. Finalement, avec les ingrédients disponibles, Nebbiolo a réussi à gratiner le tout. Un peu de basilic frais sur le dessus, question de faire le rappel vers les pâtes, et le juge semble bien impressionné par l’offre De Luca. « Une belle présentation, un plat copieux, c’est génial! » dit-il.

Par contre, les deux équipes semblent à égalité. Coup d’oeil rapide de l’autre côté pour comprendre que le dénommé Maïté n’est pas sorti de nulle part et est à sa place dans la compétition. La deuxième assiette déposée devant le juge prouve que le Mackogneur n’y a pas été de mains mortes. Disons qu’avec quatre mains, ça aide! Purée de pomme de terre classique en fond de trame, surplombé par un filet mignon de Bouffalant, une rondelle de foie gras de Lakmécygne et nappé d’une sauce au vin fortifié, y’a rien à dire, le Mackogneur cogne aussi fort que l’équipe du Ranger!

Il va falloir redoubler d’effort pour coiffer de Pokémon one-man-army au fil d’arrivée. Alors que les brigades regagnent leur poste, Nate observe la compétition. Le Pokémon à quatre bras semble dans son élément, mais il semble avoir un certain doute dans son visage recouvert de sueur. Est-ce l’équipe du Ranger qui le stress ainsi? Le Ranger regarde le samouraï, dans la foule, et ce dernier hausse les épaules. Il se déplace vers le Mackogneur, question d’avoir un observateur sur la ligne de production. Sûrement que le dresseur de l’imposant Pokémon combat est dans la foule, analysant ce que les trois Pokémons préparent

Mais bon, impossible de sortir de la trame familiale. Donc impossible de ne pas revisiter ce classique de la mère De Luca! Dans une poêle, de l’huile approche l’ébulliton,  prête à recevoir les pâtes préparées par Pecorino. Pendant ce temps, Sauvignon prépare des zestes de baie Oran, concasse une baie Chocco, et avec ses fouets lianes, bat à toute vitesse un mélange de ricotta de crème, de poudre de cacao et de sucre. Mais pas n’importe lequel! Un sucre fait à base du jus de baie Oran, une pincée tout au plus qui va redonner les lettres de noblesse au grand classique chez les De Luca : les cannolis. Une fois la pâte cuite, Nebbiolo assemble le tout, fermant les petits desserts en rouleaux, attendant quelques minutes par la suite, le temps que tout s’assemble avant de demander à Sauvignon de les couper chirurgicalement en deux.

Le Pandarbare place le tout dans une longue assiette (heureusement que la compétition fournit un peu de matériel!) et installe les canollis dans l’assiette, puis y dépose des zestes décoratifs et saupoudre le tout de poudre de cacao. L’assiette est sublime! Le gigantesque panda attrape le tout, le transporte vers le juge en même temps que l’arbitre reçoit également la crème brûlée du Mackogneur.

La foule est silencieuse. On attend le résultat. L’arbitre commence par la crème brûlée.  « Sublime ! » dit-il, l’estomac du Ranger se nouant. Puis, il passe au cannoli. Ses yeux deviennent ronds. Il regarde le Ranger, estomaqué. « J’ai découvert le ciel...» dit-il avant de s’évanouir. La foule se lève, scande, tout le monde s’éclate. L’honneur est toujours chez les De Luca! Le Mackogneur, vaincu, vient vers Nebbiolo. Les deux se regardent dans les yeux, un instant qui semble une éternité, avant que le Pokémon à quatre bras retire son chapeau de chef, remettant un Tesson au Chef vainqueur. La foule est encore plus en liesse.

Et l’estomac du Ranger se met à gargouiller à plein régime, enterré par les exclamations environnantes.

---