Chapitre 34 - Winemaking, a passionfruit

Gui ?! Nate appelait vraiment Kusanagui par la dernière syllabe du prénom du jeune homme ? Ses deux là devaient être très proches pour que le ranger se permette d'être aussi familier avec le métis asiatique. Cela étonnait en partie Dhyana. Elle ne connaissait après tout pas assez ni Nate ni Kusanagui mais son camarade qu'elle avait accueilli en Asie lui avait semblé pourtant suivre les traditions du pays du soleil levant quand à la politesse...

Souriant alors que Nate acceptait son offre, Dhyana rajouta rapidement une note à son précédent message pour savoir si sa meilleure amie aurait un vieux SIS de disponible. La connaissant, c'était tout à fait possible qu'elle en ait justement un dans les mains au moment même où elle y pensait. L'envoi prendrait un moment à parvenir au domaine des Luca mais au moins, Nate finirait par avoir une version tablette. Ajoutant encore une note, elle indiqua à Minami d'installer une vraie bibliothèque de livres virtuels sur le SIS si la scientifique en avait le temps.

- Ah ça oui, ce n'est pas facile de trouver les membres de votre métier quand ils partent de leur coins. Je galère toujours à joindre Lucian à cause de ça quand j'ai une question à lui poser ! admit la jeune femme aux cheveux auburn.

Réfléchissant un moment à ce que disait l'américain quand au fonctionnement des balles de capture sur les pokemons, Dhyana dut se rendre à l'évidence qu'il avait probablement raison. Elle-même prenait généralement rapidement le temps de se présenter à ses nouveaux pokemons et ceux-ci n'avaient jamais spécialement essayés de l'attaquer une fois capturé. Alors que c'était tout le contraire avant qu'ils ne soient immobilisés dans les sphères de capture.

- Je crois que tu as raison, dit-elle. Ils deviennent beaucoup plus doux et sociables quasiment instantanément après leurs captures. Je n'avais jamais fait attention à cela. Ce serait intéressant de mener des recherches à ce sujet...

Écoutant les informations qu'elle avait demandé sur l'étape de préparation du vin sur laquelle ils travaillaient tous deux actuellement, Dhyana s'arrêta un peu de touiller pour pouvoir entendre sans risquer de se casser la figure en même temps. Au moins, Nate lui assurait qu'elle ne deviendrait pas saoule juste à respirer les lourdes effluves de la pièce. Voyant qu'il redescendait de sa propre cuve, la jeune femme reprit rapidement le travail pour finir de son bord aussi. Elle tendit ensuite la pagaie à Tyraël pour qu'il puisse la ranger contre la cuve avant de revenir s'assurer qu'elle ne tomberait pas en descendant de l'échelle.

- Donc le plus acide des deux sera celui de cette année ? demanda-t-elle pour vérifier qu'elle avait bien compris en tendant la main pour recevoir son verre.

Sentant le liquide et observant la lumière à travers sa couleur chatoyante, Dhyana se décida à tremper les lèvres dedans. Elle n'avait presque jamais but d'alcool puisque ceux-ci étaient en général réservé aux grandes occasions dans son milieu. Surtout qu'une dame devait savoir se tenir et que l'alcool n'aidait franchement pas à cela d'après sa mère...

- Hum...c'est bon ! sourit-elle. Il pique un peu sur la langue, non ? Je serais bien incapable de dire si c'est celui de cette année ou celui de l'année précédente juste au goût. Je n'ai presque jamais bu d'alcool, avoua-t-elle en rougissant soudainement.

B.M. La scientifique mentionne le nom d’un Ranger qu’il ne connaît pas. En fait, c’est ce qui est drôle. Nate connaît très peu des autres membres de sa profession et c’est sûrement le cas pour chacun d’entre eux. Outre la Championne de Deadly Borrow, une Ranger chevronnée par le fait même, Nate ne connaît que cinq autres Rangers américains. Et comme Dhyana vient d’Asie et qu’elle n’est pas souvent en Amérique, elle doit bien parler d’un Ranger asiatique. Quoique le nom de Lucian ait moins de consonance asiatique. Peut-être que comme Dominique Libman, il est également Américain mais officie en Asie. «Ah ouais, même entre nous, on a de la difficulté à communiquer. Un peu plus difficile dans les contrées sauvages. Mais on connaît les repères des autres, donc on finit souvent par se croiser dans la région de Deepwater, entre autres.» explique Nate, avant de poser la question sur Lucian. «Mais j’connais pas de Lucian Ranger. C’t’un ami à toi?» demande-t-il.

Nate n’est peut-être pas scientifique, mais il n’est pas complètement à côté de la plaque, selon Dhyana, sur sa théorie de l’agressivité des Pokémons sauvages vs les Pokémons capturés. N’ayant pas souvent fait appel à des Pokémons fraîchement capturés pour des raisons d’entraînements et de communication, il se souvient toutefois avoir utilisé Riesling dès sa capture, alors un Ralts. La communication entre dresseur et Pokémons était venue après, de tout façon.

Puis, la discussion reprend sur les millésimes et Nate tente de rester le plus concis sans aller dans trop de théorie avancée. Après tout, c’est un stage surtout pour la viticulture et non absolument sur la viniculture. Dans le cas des De Luca, l’un ne va pas sans l’autre, mais bon, pas obligé de pousser trop la machine au niveau théorie oenologique. «En fait, c’est spéciale cette sensation d’acidité sur la langue. Un vin qui a peu de sucre résiduel va paraître nettement plus acide. Et aussi, y’a deux types d’acides dans le vin. Celle de base et l’acide malolactique.» commence-t-il, tentant de ne pas trop beurrer sur cette portion de la théorie.

«Quand la vinification se fait, l’oenologue va décider s’il laisse son vin passer à travers ses malos, c’est-à-dire la fermentation malolactique. En gros, c’est que les enzymes vont bouffer les acides du vin pour les transformer en acide malolactique, ce qui amène des notes lactées au vin. Attention, ça ne goûte pas la crème, mais ça va apporter une belle rondeur au vin, lui donner de l’amplitude. Mais pour ça, on sacrifie de la fraîcheur et c’est pas notre style, ici.» explique-t-il. Voyant qu’il commence à donner trop d’info, il tente de résumer. «Au fond, la perception de l’acidité est reliée avec le type d’acidité et du taux de sucre. On peut avoir un vin super acide, mais s’il y a beaucoup de sucre résiduel, ça atténue l’acidité.» ajoute-t-il, avant de mettre sa main sur son front. «Mi scusi, j’donne trop d’info. En fait, ouais, le plus acide c’est le plus récent.» conclut-il avant que Dhyana ne fasse sa grande révélation.

«Jamais d'alcool? Oh, c’est fou la différence entre les moeurs de gens. Chez nous, on est un peu intense comme on fait ça de notre vie, j’ai commencé à goûter des vins à trois ans, mais après, c’est un classique, boire. C’est peut-être à cause de la protection de la bulle, au final, qu’on se sent plus d’attaque pour quelques verres.» répond-t-il, tentant de ne pas tendre l’atmosphère. «Tu prends ce que tu veux, à ton rythme, pas de stress!» ajoute-t-il en souriant, recrachant au sol la gorgée qu’il vient de prendre. «Ah ouais, il est encore un peu nerveux.» murmure-t-il presque plus pour lui que pour la stagiaire.

Dhyana sourit à Nate. cela ne l'étonnait guère que Nate ne connaisse pas de Lucian ranger vu que celui-ci ne vivait et ne travaillait pas sur le même continent que le jeune agriculanger. Tyraël sourit lui aussi de loin, comme s'il partageait l'amusement de sa dresseuse.

- Je crois que c'est normal si tu ne le connais pas. Il travaille en Asie, sourit-elle une nouvelle fois. C'est mon grand frère. Peux-être que lui et toi travaillerez ensemble si jamais tu passes en Asie. Il accompagne généralement des délégations de scientifiques qui ont besoin de protection vu les zones où ils se rendent.

Et quand Dhyana avait beaucoup de chance, il en revenait avec des surprises comme l’œuf de Xanthyr. La jeune femme n'aurait pas dit non à un autre tel cadeau de la nature mais ce n'était certainement qu'une seule occasion de ce type par vie qu'elle vivrait. Lucian était-il d'ailleurs le seul à avoir vécu cela ?

- Est-ce que tu as déjà trouvé des œufs de pokemons en mission ? J'ai reçu celui que mon frère avait eut en cadeau durant son travail et le pokemon était particulièrement rare : la race de Xanthyr est supposée être éteinte.

La discussion allant bon train, le duo en revint rapidement à l'alcool. Écoutant Nate, Dhyana se sentit vite un peu dépassée. Elle avait beau être scientifique, ce n'était clairement pas son domaine de prédilection qu'elle avait déjà passé des années à étudier et elle avait presque l'impression d'être à son premier jour d'école.

- Mal o lact...? Attends, tu écris ça comment ? demanda-t-elle pour prendre des notes sans erreurs. Tu fais bien de préciser, j'allais justement te demander si ça pouvait gouter le lait, sourit-elle amusée. Non, non, c'est bon mais c'est sûr que je ne retiendrais peut-être pas tout d'un coup. Les notes sont là pour  ça, désigna-t-elle d'un petit mouvement de tête son SIS sur lequel elle pianotait furieusement. Est-ce qu'il y a d'autres choses qui peuvent changer le goût d'un vin ? à part le changement de baies qui sont à son origine, bien entendu. Je me dis que faire macérer des baies orans ne doit pas donner le même résultat que des baies remu par exemple.

Prenant des notes rapidement, la jeune femme se posa une question qu'elle demanda aussitôt à son professeur du jour afin qu'il puisse la renseigner.

- Le sucre vient-il uniquement du fruit ou ça vous arrive de rajouter autre chose pour en avoir plus ?

Dhyana était encore en train de taper ses notes résumées sur ce qu'elle venait tout juste d'apprendre quand l'information sur l'âge de Nate à son premier verre la frappa. La jeune femme releva la tête d'un coup avec une bouche formant un beau "o".

- Trois ans ?! Mais...mais...c'est terriblement jeune ?! On ne boit que lors des grandes occasions chez nous. Comme quand on a ouvert la pension avec Minami par exemple. Jamais au quotidien, c'est trop dangereux en étant sur la route. Pourquoi est-ce que tu le craches ? demanda-t-elle presque autant stupéfaite. Ce n'est pas pour le boire que tu me l'as tiré justement ?!

Dhyana n'y comprenait plus rien à ce sujet et c'était un peu perturbant. Elle était curieuse de voir ce que le ranger lui en dirait de ce qu'elle commençait à considérer comme des coutumes bien étranges de l'Amérique...

B.M. Ainsi donc, Dhyana a aussi un frère, qui en plus, est Ranger. Elle doit bien connaître les rouages du métier, sinon plus que Nate. Le Ranger s’étant fait barrouetté par Silence ici et là depuis le début de sa carrière, il n’a pas suivi le même cursus que la majorité des Rangers. Comme la scientifique le mentionne, il y a peut-être des chances que Nate le croise en Asie. Qui sait, peut-être sur l’île des deux spécialistes en pension Pokémon. «Ouais, si je croise un autre Cheu-fou, j’devrais faire le lien!» lance-t-il, ignorant même qu’il partirait en Asie dans un avenir rapproché.

Puis, la question suivante de Dhyana l’interpelle un peu plus. Il n’a pas eu d’oeuf de Pokémon sur le trajet, mais il a reçu certains Pokémons de façon plus ou moins claire. Son Pandarbare, à l’époque Pandespiègle, lui avait été offert par ses parents, mais n’était pas venu sous la forme d’oeuf. Ni Sauvignon, d’ailleurs, laissé dans une Pokéball par le capitaine de Deepwater. Seul Malbec, son starter, lui avait été laissé sous la forme d’oeuf. «En réalité, il y a que Malbec que j’ai eu sous la forme d’oeuf. Un dresseur, enfin, celui qui est devenu mon mentor, l’avait laissé au domaine. » explique Nate, avant d’ajouter : «En fait, au départ, j'allais lui porter l’oeuf, mais bon, il a éclos, et puis boum, maintenant Ranger. » dit-il avec un sourire en coin. C’était un très bref résumé, mais en même temps, c’est un peu ça. Nate n’a jamais eu l’intention d’être dresseur - encore moins Ranger. Mais bon, il ne manquait qu’une petite rencontre (et d’autres, par la suite) pour tout changer.

«Malo-lac-tique.» répète-t-il après son monologue sur les fermentations secondaires. Mais la scientifique semble avoir bien compris la théorie, prenant toujours des notes pour ne rien oublier. «Oh mais tout se joue dans le goût d’un vin. La baie, certes, mais aussi son terroir, comme on a parlé plus tôt, mais aussi l’élevage.» dit-il, ne faisant pas référence à la spécialité de son interlocutrice. «L’élevage, un peu comme les Pokémons, c’est la méthode d’entraînement, si on veut. De la cuve en béton, ça oxygène le liquide de façon très micro, l’acier inoxydable ça le rend purement dépendant de sa fermentation et après, on peut aussi vieillir les vins en barrique, ce en quoi le tonneau change la donne pour le jus. » répond-t-il, se voulant le plus concis possible. Après tout, je pourrais parler de foudres, d’oeuf en céramique, de dôme de verre, de passerillage et ainsi de suite, mais là, je vais devoir charger pour des cours de sommellerie.

Puis, Dhyana pose une autre excellente question. «Il y a même un terme pour ça. Ça s’appelle la chaptalisation. C’est d’ajouter du sucre pour augmenter le taux de sucre que peuvent manger les levures - qui se transforme ensuite en alcool. C’est un peu triché le produit final, mais sur une mauvaise année avec peu de soleil, donc peu de sucrose, c’est parfois nécessaire. » dit-il, avant de regarder à gauche et à droite. «Mon père est ab-so-lu-ment contre ce processus, par contre. Un puriste, mais je partage son opinion. » ajoute-t-il lorsqu’il se rend compte que le patriarche n’est pas à portée d’oreille.

Si Nate est surpris que Dhyana s’y connaisse et réussisse à suivre sa cadence de théorie mélangé avec de la pratique, c’est à son tour de l’être par la précocité des premiers pas organoleptiques chez les De Luca. «Ahaha, ouais, mais bon, c’est pas comme si j’en buvais un verre au complet. Ça prépare le palais pour la suite!» dit-il, tout en vidant les verres précédemment utilisés. «Bah, je recrache sur les heures de travail. Si j’avalais tout ce que je goûte dans une journée, j’aurais sûrement un bon surpoids et j’finirais pas mes journées! L’important, c’est le goût, pas l’effet!» dit-il. «Mais tu peux avaler tout c’que tu veux hein, il ne nous en reste pas longtemps!» ajoute-t-il tout en s’assurant de l’étanchéité du contenant.

Dhyana ne put s'empêcher de rire doucement quand Nate détourna son nom de famille. Les américains avaient tendance à ne pas savoir le dire et cela ne l'insultait pas. Son nom de famille était après tout original et avait une belle signification. Cela lui suffisait.

- Je ne suis pas certaine de comment tu prononces le nom de ma famille mais j'ai l'impression que tu n'utilises pas les mêmes syllabes que moi. Tu l'écrirais comment ? C'est S-h-e-u suivi de F-u-h. Lucian a les cheveux aussi rouge que les miens mais dans une teinte plus claire.

Écoutant sans cesser son sourire comment son camarade était devenu ranger, l'asiatique ne put s'empêcher de trouver qu'il avait eut quelque part un passé similaire et pourtant si différent. Après tout, ils avaient tous deux démarrés avec un œuf imprévu...
Dhyana continua de prendre des notes au fur et à mesure que Nate lui donnait des explications. Elle n'aurait jamais imaginé qu'il pouvait y avoir tant de variables dans le goût d'un vin.

- Est-ce qu'il y a d'autres types de cuve que les deux que tu viens de citer ? Vous devez surtout avoir des futs de bois qui viennent d'Amérique du nord, non ? Ta famille en a-t-elle déjà essayé d'autres endroits dans le monde ?

Puisque le domaine de Luca était en Amérique du nord, c'était naturel pour Dhyana de penser qu'ils utilisaient les bois présents ici sur les sols proches d'eux. Elle savait qu'il y avait parfois du bois qui transitait d'un continent à l'autre mais ça restait en général assez rare. Pourquoi transférer un chargement lourd et imposant par le train de la sunrise quand on pouvait s'équiper dans sa propre zone ?

- Je sais qu'il existe au moins deux sortes de sucre avec le blanc qui est raffiné et le brun qui l'est un peu moins. Je suppose que cela change de quoi d'utiliser l'un ou l'autre ?

Cela étonnait un peu la jeune femme que Nate et son père préfèrent suivre uniquement ce que leurs efforts leur avaient donné plutôt que d'aider un peu le vin à donner le meilleur de lui-même. En élevage, elle s’arrangeait pour que le petit à naitre bénéficiait du meilleur au quotidien, que ce soit naturellement présent sur la pension ou qu'elle le gère grâce à une machine. Elle n'élevait pas les œufs des pokemon feu qui avaient besoin d'une certaine température directement au volcan quoi ! Non, Minami avait mis un système en place qui permettait de capter cette chaleur et de la distribuer dans les couveuses qu'elle gardait dans la nursery.

À la réponse de Nate sur le pourquoi du crachat, Dhyana hocha doucement la tête. Elle comprenait en effet que s'il devait gouter souvent tout au long de sa journée de travail : le jeune homme risquait de finir saoul avant d'avoir fini ce qu'il devait de base faire ! Elle par contre, ne se priva pas pour boire son verre à petites gorgées puisqu'il le lui permettait. Autant en profiter pour gouter et découvrir jusqu'au bout !

- Que nous reste-t-il à faire pour aujourd'hui ? Je suis là pour apprendre mais si tu as des questions sur l'élevage ou un autre domaine que tu crois que je pourrais connaitre : n'hésite pas. La connaissance, c'est fait pour être partagée !

B.M. «Ah.» mentionne le Ranger, un peu inconfortable, lorsque la scientifique lui fait remarquer qu’il prononce mal son nom. En même temps, c’est un nom peu commun en Amérique, et sûrement partout dans le monde. Une consonance asiatique, peut-être, pour le peu qu’il en sait. Mais bon, c'est un peu difficile de bien comprendre les intonations de tous et toutes. Même en Amérique du Nord, il a bien de la difficulté. Déjà, son propre prénom est si souvent massacré qu’il préfère utiliser son surnom, s’étant même inscrit sur son appareil SIS sous son pseudonyme plutôt que son prénom donné à la naissance. Mais avant que le Ranger ne puisse s’excuser, la scientifique enchaîne sur son frère.

Le ping pong verbal avec Dhyana lui coupe le temps de se sentir mal alors qu’elle explique que son frère, également Ranger, porte la même couleur de cheveux, quoique plus pâle. «Il est donc roux, en fait?» demande-t-il. Parce que moins rouge, c’est pas mal roux. En tout cas, dans la teinte des couleurs chez un homme qui se fait demander quelle couleur on peint le mur, c’est roux. Mais bon, le roux, ce n’est pas si pire, si on oublie leur manque d’âge. Un spectre? Ça expliquerait bien des choses. Nate en vient presque à la conclusion que la scientifique a peur de son frère, mais bon, là, on pousse la note. Comme on pousse le délai de réponse.

La prochaine portion de vieillissement semble intéresser la scientifique qui est bombardée d’information. «Quoiqu’ils sont plus rares, les chênes français et américains sont tellement différents qu’ils apportent des notes nettement plus différentes dans le produit fini. » répond-t-il. «Après, l’élevage en barrique, ça peut beaucoup changer le vin. De plus grandes barriques, appelées des foudres, donnent moins de contact avec le bois, mais autant d’oxygénation du vin, ce qui altère moins. Une note plus pure, si on veut. » ajoute-t-il.

La suite de la conversation ressemble plus à un monologue, la pauvre Dhyana ayant poussé le vigneron dans ses derniers retranchements et poussant la théorie comme pas possible. En fait, tant que t’es passionné, t’as des trucs à dire. Et le Ranger, s’il y a bien une chose, est un être de passion. Mais aussi d’expérience. Il peut donc parler beaucoup plus du produits du raisin à la table et moins de Pokémons, de combats et de Dominant. Malgré que dans le cas des Pokémons surpuissants, il commence à avoir une expérience non négligeable.

«En fait, on a pas mal fini la base, comme on a vu toutes les étapes, du raisin à la bouteille, en passant par la fermentation et tout le tralala. » répond-t-il, un peu gêné, passant sa main dans ses cheveux. C’est une bonne journée de travail qu’ils viennent de faire, mais le Ranger espère vivement que la scientifique a l’intention de visiter l’Amérique du Nord un peu plus que le temps passé ensemble.

«En fait, j’ai jamais vraiment compris comme vous arrivez à faire l’élevage des Pokémons. Genre, vous les reproduisez? Comment ça se passe? » demande-t-il, avant de réaliser la formulation de sa question. «Enfin, pas exactement comment ça se passe graphiquement, mais après. Je comprends que les Pokémons, ou plutôt, certains peut-être, naissent dans des oeufs, comme Malbec, mais bon, comment ça marche? Parce qu’en même temps, j’ai jamais croisé d'œuf de, ahem, disons, Zigzaton dans la nature sauvage. » Et pourtant, des Zigzatons, ça pullule. Quelle est donc la différence entre le Pokémon d’élevage et le Pokémon naturel? La même chose que dans le raisin?

Écoutant les informations données par le ranger dont l’œil était allumé d'une passion agréable à voir. Elle était étonnée que la création utilise des mots si spéciaux mais bon, si les objets avaient été nommés ainsi, c'est bien qu'il devait y avoir une réponse. Qu'elle demanda bien évidemment.

- Est-ce que tu sais pourquoi cela s'appelle une foudre ? C'est un peu étrange de nommer un tel objet avec un élément d'électricité, non ? Est-ce que l'on laisse le vin autant de temps dans les deux ?

La jeune femme était prête à continuer de prendre des notes. Cela lui ferait beaucoup à réviser ensuite mais elle en ressortirait avec des connaissances qu'elle n'aurait pas envisagé avoir auparavant et c'était donc tant mieux.

- Si les essences d'arbres sont plus rares, est-ce plus rare à trouver ou c'est qu'elles sont moins utilisées ? Sinon, cela ne devrait pas être trop compliqué de prendre une entente avec un bûcheron là-bas pour qu'il puisse s'occuper d'avoir des chênes dans son exploitation non ? Enfin, à condition d'avoir un arbre pour en obtenir les graines...

La curiosité de Dhyana était grande mais elle n'en avait cure. Nate le lui dirait de toute façon s'il n'en pouvait plus de répondre à ses interrogations. Souriant quand elle apprit qu'ils avaient fini la base, le sourire de la jeune femme s'agrandit encore plus alors que l'agriculteur se mettait à lui poser des questions sur son propre travail. Voilà de quoi qui l'intéressait toujours autant avec les années depuis qu'elle avait décidé de s'enligner dans cette voie et de faire sa vie là-dedans.

- On essaye tout d'abord d'obtenir le cadre de vie idéal pour chacune des espèces que l'on veut reproduire. Cela permet que chaque individu soit au mieux de ce qu'il peut être avant de se reproduire. Les petits sont bien plus équilibrés aussi quand ils grandissent dans un environnement proche de celui qu'ils auraient naturellement, expliqua0t0elle car il s'agissait selon elle d'une base importante.

C'était bien pour cela d'ailleurs que MInami et elle avaient choisi l'île de Cristal. L'île possédait de très nombreux environnement différents qui convenaient donc à un grand nombre d'espèces différentes.

- Ensuite, on laisse les pokemons d'une même espèce choisis dans un champ qui spécialement réservé pour eux, avec un nid à l'emplacement où ils auraient le plus de chance de le créer eux-même avec le temps. Enfin, ça peut aussi être un étang, un bout de lac....On adapte selon ce qu'on a besoin quoi ! Puis on les observe pendant quelques jours. S'ils ne s'entendent pas entre eux et restent chacun dans leur coin : ils ne feront pas d’œuf. Sinon, on trouve justement de un à quatre œufs généralement. Le nombre dépend de l'espèce. Plus ils sont gros ou naturellement puissant, moins il y a d’œufs.

Si le ranger pensait avoir fait un monologue précédemment ce serait à son tour de le subir puisque la scientifique avait encore une tonne de choses à dire pour cette simple question qu'il avait posé. La passion s'entendait dans sa voix et son regard brillait volontiers.

- Dans la nature, tu auras certainement plus de mal à trouver des œufs en effet puisque les parents cachent généralement excessivement bien leurs nids. Si nous pouvions les trouver, leurs prédateurs aussi. C'est pour cela qu'on en fait un nous-même afin de savoir justement où aller chercher. On récupère alors les œufs et on les amène dans des incubateurs que l'on aura configuré suivant l'espèce. Un magmar par exemple aura besoin de plus de chaleur, comme tu t'en doutes, comparé à un œuf d'hypotrempe par exemple qui lui aura besoin de fraicheur et d'un environnement aquatique.

Reprenant son souffle sans cesser de sourire, Dhyana se dit qu'elle avait exprimé l'essentiel. Bon, elle pourrait parler de tous les détails techniques mais elle risquait vite d'ennuyer le jeune homme. Cela aurait été plus probant avec directement un incubateur devant elle pour lui montrer les détails dont elle aurait put parler.

- Savais-tu que les œufs n'ont pas le même temps d'éclosion ? Cela varie selon l'espèce alors la première fois que l'on gère une reproduction : c'est un vrai casse-tête, rit-elle légèrement. Il faut toujours que quelqu'un soit présent dans la salle des incubateurs afin de les surveiller et de les ouvrir si l’œuf commence à éclore. Surtout que si un humain est la première personne que le nouveau-né verra : il croira que c'est sa mère ou son père. Cela facilite énormément, insista-t-elle sur ce dernier mot, le dressage ensuite.

Ne sachant pas s'il aurait d'autres questions, Dhyana s'arrêta de parler. C'était quand même plusieurs informations qu'elle venait de délivrer et surcharger le ranger ne ferait qu'en sorte de le mélanger. Donc, elle préféra attendre de voir s'il avait d'autres questions. L'échange continua ainsi un bon moment, chacun partageant son savoir dans son domaine propre avant qu'ils ne retournent vers la maison pour continuer de discuter alors que le repas du midi serait certainement annoncé sous peu.