Chapitre 39.5 - The Mandarin-ian, this is the way

B.M. Retour aux origines. Pas les siennes, mais plutôt celle de son mentor. Après la mission conjointe avec Minami Rikka et sa tentative plus que douteuse de rester incognito, le Ranger aux allures nouvelles de samouraï avait pris le chemin de Yuuren, à la demande de Silence via la messagerie SIS) en compagnie du père de Silence, le vieil homme à la canne qui lui avait prêté l’armure dans le petit dojo d’Ykito. Le vétéran dresseur avait pris quelques jours avant de regagner son village natal, ou plutôt, son dojo natal. C’était étrange de vivre dans les trucs d’un jeune Silence, après tout.

Le dresseur à l’armure flamboyante venait de la périphérie de Yuuren, dans les marais. Il avait grandi dans une pagode tranchée en deux, oui, littéralement tranchée en plein centre, à l’horizontal. La portion du haut avait chuté dans les marécages et avait été reconquise par le temps par la flore et la faune locale. La portion du bas, par contre, était extrêmement bien entretenu par le vieil homme qui en avait fait un énorme dojo. À l’extérieur de la ville, loin de la civilisation, Nate avait passé les trois dernières journées à s’entraîner avec le patriarche - qui n’est pas un dresseur - et à s’imaginer le passé de l’homme taciturne qui l’avait pris sous son aile. Avoir su, il serait passé par ici avant, ça aurait pu l’aider pour feindre d’être Silence pendant son aventure avec Minami Rikka dans les ruines de Tokyo.

C’est difficile de ne pas se comparer. L’enfance de Nate avait été joyeuse, en famille, festive, avec les baies et les vins, et avait demandé beaucoup de travail dans les vignes et les vergers. Celle de Silence avait été une enfance d’entraînement, de dur labeur (similaire mais différent) de technique et de dépassement de soi. Ça expliquait pas mal la différence de personnalité entre mentor et l'élève, et explique encore mieux la complémentarité des deux. Nate est même tombé sur les articles sur le célèbre samouraï. Sans le savoir, le dresseur avait fait la pluie et le beau temps lors des premières années de la Sunrise dans les arènes. Même une relation épistolaire avec Irina Sandstone, la célèbre administratrice de la compagnie. Tant de chose que Silence ne lui avait pas parlé, mais en même temps, comment aborder le sujet?

Le père de Silence, Mr. Bayushi, avait aussi beaucoup d’intérêt pour la spécialité de Nate : l’agriculture des baies. De longues discussions autour de thé au jasmin avait eu lieu entre les deux individus, et les deux avaient même entamé une plantation de baie pêcha sur un îlot, pas trop loin de la demi-pagode. Mélangé avec des entraînements physiques, Nate se sentait presque la source d’un hypertrain. Définitivement, ce passage impromptu en Asie lui serait certainement plus bénéfique qu’il ne l’aurait cru. Et mine de rien, le sommeil sur tatami, c’est récupérateur! Nettement plus que sur le sol dur dans les forêts avoisinantes ou dans les chambres communes des Centres Pokémons où le passage des dresseurs à toute heure de la journée réveille même les plus endurcis du sommeil.

C’est donc le matin de la troisième journée, après un entraînement de combat avec des katanas de bois, que Nate, plein de sueur, reçoit un message physiquement et pas via son SIS. Crow, le Nostenfer de Silence, venait d’arriver en vitesse. « Je crois que mon fils a besoin d’aide, si Crow est là. » dit alors le vieil homme. «Déjà, ça veut dire qu’il est proche. Je vais y aller de ce pas, merci, senseï.» dit alors Nate en s’inclinant. Rapidement, avec l’aide du vieil homme, il enfile l’armure de samouraï qui lui plus ou moins permis de passer inaperçu et fait appel à Gamay pour suivre la chauve-souris vers son mentor.

Et sûrement vers des emmerdes certaines.

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Quand Nate rejoint Silence, c'est au bord d'une rizière aménagée par l'homme qu'il atterrit. Le travail, long et ardu, des générations d'humains a permis de prendre un petit lopin de terre aux marais afin de pourvoir la région en ingrédient de base de la cuisine asiatique. Sauf que là...l'une des digues qui retenait le marais semble presque brisée. Si la digue cède complètement, ce sera catastrophique pour la région.

Une fois au sol, Silence amène rapidement Nate vers la zone. Qui est piétinée comme pas deux. Non pas au poids mais au nombre d'empreintes. Des petites et des plus grandes. Et qui ne sont pas sans rappeler celle du pokemon que l'agriculteur laisse en général à sa famille pour les aider. La profondeur des pattes ne correspond cependant pas au poids de son compagnon...

Du côté rizière, la plantation semble avoir été soigneusement arrachée. Oui, soigneusement. Des graines à moitié mangées pullulent sur la terre alors que les restants de plantes flottent alentour. Un des fermiers peut facilement indiquer qu'il a vu la troupe de pokemon partirent vers le nord. Allez-vous suivre la piste ranger tout risque ?

B.M. Le Tropius entame sa descente vers un paysage à couper le souffle. Le travail humain peut être si impressionnant. Pas les building d’Ykito, d’Atlantia ou d’Embrun, mais plutôt les trucs façonnés à la main au fil des âges, par des générations de mains calleuses et des muscles bien endoloris. Les rizières de Yuuren dévalent vers les marais, symbole de partage de richesses naturelles entre l’homme et la nature. Et en haut de tout ça, symbole d’aventure pour l’agriculteur, Silence le samouraï, son mentor et la personne qui lui a remis Malbec.

Bras croisé, il semble taper du pied même s’il a vu la grosse bête peu subtile qui vole vers lui, accompagnée de son propre Pokémon vol. Taciturne, le dresseur émérite attend dans un look similaire à celui qu’arbore Nate actuellement avec l’armure remise par le père de Silence, sauf que son armure est bien plus détaillée, littéralement façonnée à même sa taille et surtout, d’un rouge flamboyant qui éclate dans la lumière du jour. « Pas trop tôt. » dit-il alors que le Ranger se pose à côté de lui, rappelant Gamay à sa Superball pendant que Silence l’imite avec Crow, le Nostenfer. « Alors, t’as réussi ta mission? » demande aussitôt Nate au samouraï. « Peu pas vraiment en parler, mais si j’suis là, c’est que ce n’était pas un si gros échec.» répond-t-il avec son peu d’enthousiasme habituel, mais Nate est persuadé d’avoir perçu un sourire derrière le masque.

C’t’une catastrophe!» dit Nate en pointant la rizière. Une fois sur place, il peut bien voir qu’une armée semble avoir passée par les plantations, leurs pas réduisant en bouillis les récoltes de la saison. « Malheureusement, ce sont les habitants de Yuuren qui vont en souffrir. Mais les traces seront plus faciles à suivre. » répond le samouraï, avec peu de tact et avec raison. «C’est ce qui alimente la population locale?» demande Nate. « Les plus pauvres, oui. Il y a encore un bon écart entre les mieux et les moins bien nantis. » dit-il

«Quand faut y aller!» s’exclame Nate en prenant de l’avance sur le samouraï, se rendant vers le plus profond de la rizière qui en a pris le plus, plantes arrachées, piétinées et côteaux détruits. «Hey m’sieur!» s’exclame le Ranger en voyant un fermier, à genoux, sûrement pleurant. Mais l’homme ravale ses larmes avec fierté en se levant, s’incline face au duo de samouraï. «Vous avez vu quelqu’chose?» demande Nate.

« Par là-bas. Ils sont nombreux. Mon riiiiiiiiiz! » s’exclame-t-il, incapable de retenir ses larmes. Silence passe devant Nate, dépose sa main sur l’épaule du fermier, lui murmure quelque chose à l’oreille et les larmes cessent aussitôt. « Allez » indique le samouraï à son padawan, lançant les deux dresseurs à la poursuite de la cabale anti-riz en ayant aucune idée de ce qu’ils poursuivent.

Leurs mains sur les gardes de leurs épées respectives, les deux dresseurs accélèrent la cadence. Si Silence est prêt à dégainer, dans le cas de Nate, c’est plus pour le look que pour le talent. Presque au jogging, le cliquetis d’armure n’est pas très subtil. Mais bon, l’Armée dévastatrice de rizière doit être moins subtile qu’eux, non?

Après avoir pris quelques renseignements sur place, le duo qui se ressemble plus que d'origine reprend la route par la voie terrestre cette fois-ci. Les traces sont faciles à suivre et peu éloignées les unes des autres comme si le ou les pokemons n'étaient pas très grands.

Les traces finirent cependant par s'évaporer. Une seconde, elles étaient là voir même un peu plus marquées comme si ceux qui étaient passés par là avaient couru. La seconde d'après : plus rien. Est-ce que ce ou ces dominant(s) avaient un moyen de faire disparaitre leur(s) trace(s) ?

Le moyen le plus sûr de s'assurer que leurs cibles avaient disparu était encore de continuer encore un peu. La rizière commençait à se trouver loin désormais et le marais reprenait ses droits. Des bruits recommencent à apparaitre autour des deux vrais ou faux samouraïs en armure. Ne sachant plus où donner de la tête, tous deux peuvent donc être surpris en voyant doucement une plume bleue turquoise glisser dans le ciel jusqu'à devant eux.

Vu la direction du vent, la plume vient de devant eux...Devraient-ils y voir un signe et continuer ?

B.M. Pas facile d'explorer des pistes sur des pentes aussi abruptes que des rizières. Le paysage à couper le souffle n’est pas trop facile à naviguer, encore moins pour Nate et le poids supplémentaire de l’armure qui lui permet de passer un peu plus incognito. Et puis, c’est une bonne protection, non? Après avoir vu Juan sombrer dans les abîmes suite à un coup sournois d’un Dominant, vaut-il mieux se protéger? Selon les pubs dans les stations de train, il vaut toujours mieux se protéger. Et puis, Nate et Silence ne savent toujours pas s’ils sont vraiment à la poursuite d’un Dominant ou de plusieurs Pokémons sauvages, comme les traces sont multiples. Les premiers indices voudraient laisser croire qu’ils sont à la poursuite d’une troupe de Pokémon, et non d’un Pokémon Dominant, sauf que le samouraï à la fâcheuse manie de se pointer uniquement contre les Pokémons Dominants. Coïncidence ou arrangement avec le gars des vues? Mystère!

Soudainement, les traces s’évaporent. Comme si la foule qu’ils poursuivaient venaient de se volatiliser, disparaissant de la surface de la terre. «Huh» échappe Nate en s’arrêtant brusquement, retournant sa tête de chaque côté à la recherche de nouvelles traces, mais en vain. «Comment ont-ils fait pour tous disparaître ainsi?» se demande Nate. «Comme toi, t’es disparu dans une grosse mission après tout, t’étais où?» demande Nate, se sentant un peu mal suite à son questionnement comme il a l’impression d’être une petite copine jalouse. « Un truc pour Ir...Madame Sandstone. » répond Silence.

«WOAH! Un rendez-vous galant?» demande Nate, se faisant simplement répondre d’un grognement au départ. Nate échappe un petit rire nerveux, s’estompant alors qu’il voit la peau du samouraï prendre la couleur de son armure. « C’est pas ça, c’est pas du tout ça. » ajoute Silence, presque gêné, en s’agenouillant au sol. Mais rien. « On avance » dit-il, en prenant tout de suite le lead de l’expédition, laissant le Ranger, amusé, derrière à se faire des scénarios improbables d’un rencard autour d’une chandelle entre le samouraï et une femme d’âge mûr, un énorme plat de spaghetti qui n’est en fait qu’un seul grand spaghetti, et qui, une fois mangé, rapproche les deux vers le centre de la table…

Ceci dit, vaut mieux ne pas être laissé derrière. Alors que la rizière fait place au marais de Yuuren -  avec ses odeurs particulières lui rappelant Swanford et sa première chasse au Dominant - Nate passe au jogging le temps de rattraper Silence, le vacarme de l’armure qu’il porte le surprenant lui-même. Il n’y a plus de traces, mais les marais sont vivants, alors que des sons et des bruits jaillissent de partout. Rapidement adossé l’un contre l’autre, Silence dégaine sa lame alors que Nate attrape la Pokéball de Malbec. Les chances que ce sont un Pokémon plante et poison sont plutôt élevées, comme le combo semble naturel chez les Pokémons. Malgré que les connaissances en Pokémon asiatique de Nate sont plutôt moindres.

Une plume bleue turquoise tombe devant eux. Silence la tranche au vol, par réflexe, et les des plumes glissent vers le sol. « Ça vient de là! Allez!» lance Silence, ne voulant vraiment pas revenir sur leur précédente conversation. Nate lui emboîte le pas. Après tout, ils sont sûrement dans la bonne direction?

Sans être certains de trouver leur(s) cible(s) qu'elle(s) soi(en)t au singulier ou au pluriel, les deux hommes poursuivent leur chemin. Le chant du marais les entoure et ne s'arrête pas sur leur passage. Ils y marchent d'ailleurs pendant un si long moment, trouvant de temps en temps des plumes plus ou moins petites et variant du blanc au bleu turquoise.

Nate et Silence finissent par arriver dans un coin où les sons du marais se taisent tous. À croire que la faune locale refuse tout simplement de mettre les pieds, pattes ou autre dans la zone. Il va falloir se mouiller un peu pour arriver à l’îlot visible au travers par contre si le duo veut y aller à pieds...

Quand ils arrivent au dit ilot, le duo entend soudainement un bruit auquel apparemment Nate ne semble pas s’attendre. Un oiseau qui cancane. Oui, qui cancane. Et quand ils passent une dernière barrière de roseaux....Les voilà qui peuvent observer un gros canard blanc. En train de danser. Jusqu'à ce qu'il vous remarque du moins...

B.M. «Tu connais des Pokémons aux plumes bleues?» demande Nate en attrapant l’une des deux extrémités au sol, la faisant rouler entre ses doigts. Les réflexes aiguisés du samouraï n’ont laissé aucune chance au pauvre indice qui descend lentement vers le sol. Mais le coup était tellement précis que Nate reste impressionné. Si seulement il était capable de faire la même chose! D’ailleurs, il se sent plutôt nu avec ces armes auxquelles il n’est pas habitué, ses javelots toujours chez le père de Silence. « Aucun qui vive en Asie. On a pas mal de Pokémons à plumes, pas mal de Pokémon bleus, mais des Pokémons avec les deux, c’est plutôt rare. J’en ai déjà croisé dans l’arrière pays, mais sans plus. » répond le dresseur, le regard perçant fixé vers l’horizon.

«L’arrière pays? » demande Nate, intrigué. «Les contrées trop loin de la portée de la Sunrise. » explique-t-il, allumant aussitôt un espoir chez le Ranger que les admins sortent les nouvelles régions, question de mieux justifier l’apparition de Dominant hors zone. Et qui dit autres pays, autres Pokémons, dit aussi autres baies! Et y’a rien de mieux que l’espoir de trouver de nouveaux fruits pour allumer Nate. Tappant dans ses mains, il reprend aussitôt la route. «Aussi bien trouver ces Pokémons qui ont causé c’bazar!» s’exclame Nate, qui se dirige de plus en plus vers les marais.

Leur route les emmène sur une série de plumes disparates. Des blanches, des bleues, comme si quelqu’un avait tenté de les plumer pour les faire rôtir sur une broche. «Ton Pokémon que tu avais en tête, il a des plumes blanches et bleues?» demande Nate. « Majoritairement bleu, et y’a trop de blanche pour que ça soit la même espèce.» réplique-t-il, ramenant le duo à la case départ. À moins que ce ne soit pas un Pokémon Dominant? Tellement de questionnements pour une série de plume.

Les deux dresseurs avancent donc, suivant l’appel du St-Hubert BBQ en suivant les plumes laissées derrières par l’oiseau bleu et blanc. Holy fuck, Artikodin? Il ne manquerait plus que l’oiseau de glace pour couronner le tableau de chasse de Nate et/ou mettre fin abruptement à sa carrière. «Mais alors, tu me dis ce que t’as fait, pour la grande patronne?» demande Nate, un sourire mielleux aux lèvres. «si c’était pas une date?» ajoute-t-il en clignant des yeux. «Oh, rien d’important, un lieu à visiter. Vaut mieux ne pas être seul dans certains coins de pays, peu importe le nombre de Pokémon à la portée de la main. » répond-t-il, tout en marchant. «Mais en quel honneur tu travailles pour…» commence Nate, se faisant aussitôt couper par le samouraï.

Dans le calme, Nate réalise qu’il n’y a plus de bruits autour de lui. Rien. Tout s’est estompé. «Qu’est-ce qui se passe» murmure le Ranger. Un large étang s’allonge devant eux, les roseaux vibrants au gré du vent, une vieille structure en bambou échouée dans la mare d’eau. Et trois Pokémons. Un gros blanc, deux petits bleus. Dominant? On espère pas, sinon, c’est pas fairplay. On verra bien.

Et comme d’habitude, Nate choisit la pire équipe pour aller combattre des ennemis. C’est une redondance de combat aux Dominants!

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B.M. Il y a de ces moments où l’on est triste de n’avoir pas accès à des attaques électriques intéressantes. Il y a de ces moments où la panique remplace la rationalité et que les neurones semblent se toucher. Dans les derniers temps, chaque combat contre un Dominant semble avoir forcé la main du Ranger à faire des choix illogiques quant aux combattants envoyés au combat. Logiquement, lorsqu’on est repéré par trois Pokémons eau ET vol, le premier réflexe d’un dresseur commun n’est pas d’envoyer un Pokémon feu, un Pokémon acier et un Pokémon plante. Disons que c’est plutôt une recette pour un désastre qu’un chemin pavé vers la victoire. Mais, semble-t-il que Nate désire jouer au mode Hardcore en choisissant tour à tour Malbec, Nero d’Avola et Sauvignon. Un test pour voir si l’hypertrain tient la route? Peut-être.

Déjà, le SIS sur l’oeil droit de Nate révèle la puissance des Pokémons. Soixante-dix? Qu’est-ce qu’ils mangent en Asie - et à Yuuren - pour produire d’aussi imposants dresseurs et Dominants? Du riz, visiblement, mais sûrement autre chose aussi. « Mais à quoi tu joues? » demande Silence, entre ses dents, alors que les deux dresseurs dévalent la pente qui les mènent aux trois Pokémons trophées. «J’ai un plan! » lâche Nate, avec tellement peu d’assurance que même Malbec n’y croit pas. Le Pokémon feu le suit toutefois vers le carnage, se doutant bien ce qu’il doit faire. Réduire les attaques eaux pour ses partenaires. «Malbec, allume-moi tout ça» lance Nate, sauf que le Pokémon feu est arrêté dans ses pas par une lame d’air en provenance du gros cygne.

L’impact est violent et Malbec est projeté contre l’une des parois des terrasses de la rizière. «Che cazzo» se surprend le Ranger. Sauf que le Pokémon feu n’a pas reçu une attaque eau, heureusement, et réussit à se remettre sur pied, paume tendue vers le ciel et créant un soleil artificiel de protection. Mais le compteur a également commencé. Il faudra donc ne pas y aller de main morte. Le reste des Pokémons du Ranger et les deux humains continuent leurs descentes vers les Pokémons Dominants. Le premier coup d’envoi est donné de toute façon. «Sauvi, cloue-le au sol! Nero, tiens-le au sol!» s’exclame Nate avec ses deux Pokémons qui poursuivent la descente.

Le Chevroum prend de l’avance, le bouc à ses aises dans le terrain charpenté de la rizière qui mène au marais. Tel un gymnaste, il parcourt la distance à toute allure, profitant du terrain pour faire la sorte de parkour dont il est si fier, pour prendre le Lakmécygne à revers le frapper avec sa tête, absorbant l’énergie excédentaire dans en faire usage. Le SIS du Ranger analyse le tout et le résultat n’est pas génial. Même le gros câlin du Pokémon fée, qui suit un peu plus tard, avec sa grande mâchoire (drôle de concept de câlin) n’est pas très puissant face à l’imposant cygne.

«J’pense qu’on a mordu dans plus gros que j’aurais cru.» dit alors Nate en s’arrêtant, Silence à côté de lui. Au loin, Nate peut voir les fermiers qui observent à distance, solennel, sans un mot, à l’instar du samouraï et de l’habit qu’il porte. «Normalement, les Dominants sont solitaires, non?» demande Nate, alors que les deux petits oiseaux envoient des rayons d’eau sur les deux Pokémons qui s’attaquent au plus gros. Le SIS confirme même le pire, le Pokémon acier qui patauge dans l’eau est confus. «C’pas sérieux…» dit-il, alors que Silence semble pensif. «Effectivement, on est dans la merde. Mais il ne faut pas que tu abandonnes pour autant. Allez Nate, reprends toi» dit-il, offrant un tape sur l’épaule de son padawan et bifurquant vers la gauche question de se positionner pour prendre les adversaires à revers si le Ranger est débordé.

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B.M. Maintenant seul face à la famille des cygnes, Nate est pris au dépourvu. Certes, le soleil artificiel qui plombe sur la tête des Pokémons en combat pourrait redonner un peu d’espoir. Mais comment reprendre espoir alors que le soleil, fade, accentue les pouvoirs de Malbec pour si peu de temps. Le pauvre Pokémon feu utilise plus souvent une attaque plante ces derniers temps que ses propres sortilèges de flammes. S’il pouvait parler ou s’il y avait un département des plaintes, Malbec aurait certainement rempli la boîte mail de Nate. Après tout, avec tous les Pokémons que possède maintenant Nate, ce n’est pas normal qu’il soit appelé à combattre tous les Pokémons eau, non? Bon, heureusement, le combo Zénith et Lance-Soleil lui permet de se battre avec des armes et non complémentement nu face à l’ennemi. Mais bon, peut-être qu'un meilleur entraînement de Torrontés ou un ajout d’un Pokémon électrique pourrait être considéré? À voir!

Silence se fraie un chemin à travers les roseaux, les bambous et la flore d’un marais normal, bondissant d’îlot en îlot sans se mettre les pieds dans l’eau, presque gracieusement avec la lourde armure qu’il porte. Portant la même, Nate ne peut s’empêcher de souligner l'athlétisme du personnage, comme lui-même ne serait jamais en mesure de faire ce que le samouraï peut accomplir. Et en se positionnant aussi bien, il devient facilement une police d’assurance si les Pokémons du Ranger n’arrivent pas à contenir les adversaires. Après tout, contenir un Dominant, c’est une chose. Contenir trois Dominants, c’est une toute autre chose!

«On démord pas, surtout pas toi, Nero!» s’exclame Nate, tentant de se ressaisir. S’il n’arrive pas à le faire, c’est certain que son attitude se reflète sur ses Pokémons. Et il a besoin de toute sa tête et le plein potentiel de ses Pokémons. La Ranger cligne des yeux deux fois, prend une longue inspiration, les yeux fermés, les ouvre, esquive un tir d’eau de caneton mal placé, et s’élance aussi vers les marais, en direction des deux canetons pour les déconcentrer. Une épée en main, il dévale lui aussi la pente, bien moins gracieusement que son mentor, époumone ses ordres pour encourager à la fois ses Pokémons et déstabiliser l’ennemi.

«Malbec, utilise le Soleil sur le gros! Nero, ressaisis toi et continue de lui donner d’l’amour! Sauvi, charge-le de nouveau!» dit-il, puis esquive un nouveau jet d’eau. Bon, la suite des choses ne se passent pas exactement comme prévu, mais ce n’est pas - encore - la catastrophe. Le Lakmécygne tente d’éliminer Malbec, mais son jet d’eau frappe plutôt Sauvignon, qui bondit devant le Starter du Ranger pour encaisser l’attaque. Le Chevroum tombe à l’eau mais se relève aussitôt, bondissant sur un îlot. Malbec, dès la vague d’eau passée, joint ses mains ensemble et envoie un kamehameha d’énergie solaire sur le Lakmécygne, le faisant basculer vers la droite, là où le bouc le frappe de plein fouet avec ses cornes, l’envoyant vers la gauche, là où la mâchoire solide du Mysdibule lui fait un calin sur l’aile gauche.

Mais bien entendu, les deux petits tireurs d’élite canard ne veulent pas laisser le pauvre Lakmécygne à la proie de deux Pokémons et leurs tirs d’eau frappent le pauvre Mysdibule à deux reprises, forçant Nero d’Avola à lâcher prise. Titubant dans l’eau, deux des Pokémons du Ranger sont à la merci de leurs adversaires. Nate se doute qu’il réussira à mettre à terre de Lakmécygne, mais les deux canetons pourraient avoir raison de son équipe. La loi de la logique n’est pas toujours respectée!

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B.M. Les Pokémons du Ranger sont à bout de souffle et Nate aussi. L’armure prêtée par le père de Silence semble lui coller à la peau. La chaleur des marais, le taux d’humidité élevé qui s'imprègne dans les interstices, la pression et l’effort physique, avec un certain décalage horaire, forment un cocktail plutôt lourd pour le jeune agriculteur. Au loin, les fermiers observent, pas trop certain de ce qui se passe. Le Ranger semble en mauvaise posture, mais tout n’est pas encore joué. Si le Ranger avait fait preuve de patience, il aurait pu diviser pour mieux conquérir. Mais avec son trop plein d’émotions habituels combinés avec la témérité du samouraï, impossible de rester en place. Peut-être qu’un jour, le duo prendra un peu plus de sagesse.

Au loin, les fermiers du coin observent ce qui se trame. Mais pourquoi restent-ils aussi loin et pourquoi sont-ils intéressés au dur combat que mène le Ranger en pataugeant dans l’eau? Leur plantation a été sous l’attaque des canards...à moins que ce soit récurrent, cette dévastation de la part des canards qui lui font face. Et en même temps, à voir leur niveau de puissance, c’est normal que les dresseurs de la région n’aient pas pu en venir à bout? Si ça se trouve, Nate est simplement chanceux dans sa malchance d’être tombé sur les trois Pokémons ensemble et de pouvoir enrayer la menace pour les fermiers. En fait, on dit enrayé, mais c’est plutôt lui qui est sur le bord de se faire enrayer.

«Malbec, continue sur le cygne! Nero, idem! Sauvi, même chose!» s’exclame-t-il, un peu inutilement. Ses Pokémons sont dans de beaux draps, coincés sous les feux ennemis et dans une zone où les déplacements sont difficiles pour chacun d’entre eux. Malbec et l’eau, ça fait deux. Nero d’Avola et un pied d’eau, c’est pas génial. Sauvignon et ses bonds qui sont restreint par la friction, ce n’est pas génial. Dans tous les cas, il faut en finir rapidement, ou du moins, en laisser le moins possible pour le samouraï qui l’assiste.

Sauf que le Lakmécygne tente de prendre son envol, de quitter le navire, laissant ses petits à la merci du Ranger. «Maintenant!» s’exclame Nate en voyant l’opportunité, sans vraiment que ce soit nécessaire, comme les Pokémons du Ranger, aussi à bout de souffle, ont également flairer l’opportunité, particulièrement Malbec qui attaque et se fait attaquer à distance. Mains rassemblées vers le centre de son corps, il envoie un nouveau Lance-Soleil, mais directement sur le torse de son adversaire, le frappant directement à la poitrine. Le craquement et le tas de de plumes qui se dégagent du point d’impact est surprenant et le Ranger peut entendre les cris des fermiers qui commencent à s’approcher lorsque le bouc achève le Lakmécygne en encaissant son ultime attaque. «Woaaaaah, attention!» s’exclame Nate.

L’un des deux canetons, en voyant leur maman s’écraser dans l’eau saumurée et commencer à caler dans les tréfonds du marais. Il s’élance vers Malbec, mais est arrêté dans son chemin par le Mysdibule qui bondit et qui décide de le câliner lui. Soit la confusion l’a fait s’attaquer au mauvais canard, soit c’est simplement par instinct que le Pokémon fée s’en est pris à lui. Mais les deux tireurs réussissent quand même à atteindre les Pokémons de Nate.

Tout va se jouer sur ce tour, visiblement.

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B.M. Le Lac des Cygnes est terminé. Du moins, le Lac de Lakmécygne, c’est fini. En voyant l’énorme oiseau tomber et s’écraser dans le lac, la pression semble tombé autant pour Nate que pour ses compagnons, mais plus particulièrement envers l’escouade de fermier qui dévale également la rizière avec leurs outils disparates à la main, prêt à s’investir dans la dernière charge contre les Pokémons qui ont martyrisés leur plantation pendant des mois, si ça se trouve. Leur beuglement, leur cri de rage, de combat, de victoire, leurs émotions, tout ce qui est renfermé dans le dur labeur, sort de leurs cordes vocales. Sauf que les humains n’ont aucune idée de la puissance des bébés oies qui restent, et ce n’est pas avec des fourches qu’ils vont réussir à se défaire des ennemis du riz.

Il faut donc en finir rapidement avec les deux Pokémons semi-Dominant qui reste, les sbires, avant que les fermiers arrivent. Ils pourront festoyer avec les carcasses des oiseaux, la viande sauvage d’une qualité supérieure, définitivement. Silence, au loin, hoche la tête, comme s’il avait lu dans ses pensées. Nate pourrait prendre son temps, s’il en avait. Mais avex deux de ses Pokémons sur leurs dernières réserves, et son Pokémon plante à la merci d’un coup de Lame d’air, vaut mieux en finir rapidement. «Malbec, vise celui qui s’envole à droite» s’exclame Nate en pointant le piaf qui tente de prendre son envol alors que son frangin est coincé dans la mâchoire de Nero d’Avola. «Sauvignon, mitraille moi-le!» s’exclame-t-il, alors que Nero est toujours confuse et semble regarder partout ailleurs. «Nero, prépare ta mâchoire !» ajoute-t-il, ses Pokémons se mettant tout de suite à l’oeuvre.

Les fermiers ont dépassé la moitié du chemin. Mais Malbec replace ses mains ensembles, absorbe le faux-soleil qu’il a créé un peu plus tôt et envoie un énorme laser de lumière solaire sur le Pokémon qui tente de prendre la fuite, le faisant tomber comme un canard atteint d’une balle. Juste à la hauteur de son compatriote...et des feuilles tranchantes qui mitraillent le bouc de son côté avec Tranch’Herb. Les fermiers arrivent, cris de guerre, cacophonie et fourches à la main pour voir leur pire cauchemar enfin réglé. Les cris de guerre se transforment en acclamation et Nate est rapidement soulevé de terre, ainsi que Silence, pour être porté par les villageois jusqu’à Yuuren.

Si les villageois semblaient avoir le projet de traîner leurs deux sauveurs jusqu’au village, le poids des armures a finalement eu raison de leurs muscles bien entraînés et les deux hommes en armure se font accompagner jusqu’au village sous les accolades, les acclamations et le bonheur. Nate à à peine le temps de rappeler ses Pokémons qu’il est tiré vers la fête, depuis longtemps attendue. Malheureusement, à Yuuren, il n’y a pas de tradition viticole, donc le doux nectar qu’il est habitué de festoyer n’est pas disponible. Plutôt, on lui offre un breuvage chaud, fait à base de riz et plutôt fort en alcool. Disons qu’à boire tout le saké qu’on lui offre, Nate se prépare un bon mal de tête pour le lendemain.

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