Pour les voyageurs en provenance de Griesheim, la plaine de Nebelgheist apparaitra comme un curieux mélange de soulagement… et de malaise. Contrastant drastiquement avec le petit sentier montagneux que vous suiviez jusqu’ici, les vastes étendues d’herbes sèches qui vous font face semblent en effet bien moins glissantes et aventureuses, promettant en théorie une expédition moins risquée à partir du moment où vos pieds quitterons la pente finale de la route N9. Mais une fois ce bref instant de satisfaction passé, lorsque votre regard cessera de scruter vos chaussures pour chercher la piste suivante, un léger doute pourrait bien venir faire vaciller votre détermination à rejoindre la prochaine ville. A perte de vue, une terre dure, désertique, et désespérément plate. Pas un arbre, pas un buisson, pas la moindre petite colline pour venir égayer un peu votre traversée de la plaine, tandis que le ciel vous menace de ses couleurs grisonnantes. C’est à peine si vous pouvez discerner les traces d’une voie au sol, marquée uniquement par l’absence d’herbe ici et là, sans doute le fruit des allers et venues de vos prédécesseurs.
Vous avancez donc, tentant de ne pas perdre la trace de cette maigre piste qui, vous l’espérez, vous ramènera à la civilisation. Mais à peine quelques centaines de mètres plus loin, relevant enfin la tête, rassuré de voir que vous parvenez à conserver le cap, vous réalisez qu’une épaisse brume vous entoure désormais. Vous tournez les yeux, et un rapide regard autour de vous confirme la situation : si votre route est toujours aussi tristement plate, et les alentours curieusement vides, la densité du brouillard qui vous encercle vous empêche de savoir ce qui vous attend à plus de quelques mètres. Mais vous poursuivez bravement votre chemin, comptant sur la véracité des marques encore visibles pour vous orienter, tentant de ne pas céder à la panique en réalisant que l’obscurité du ciel vient peu à peu s’ajouter à la brume oppressante. Des ombres passent, ici et là, accompagnées parfois d’étranges cris à la provenance incertaine. Des Pokémons sauvages, peut-être. Vous l’espérez, en tout cas. Finalement, après un nombre de jours que vous n’êtes même pas certain d’être capable de déterminer, votre champ de vision semble s’élargir un peu et vous vous détendez légèrement en reconnaissant la forme de quelques maisons, dépassant en haut d’un mur imposant, qui s’approche à chaque pas. Nebelgheist se dresse enfin devant vous, et bien que prise dans cette même étrange atmosphère que la plaine, cette vision reste rassurante. Pour le moment.
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Nebelgheist
