Un Bar dans un Bar

    Voilà plus d'une semaine que j'étais arrivé à Embrun par... ouais disons le : par accident. Je m'étais perdu en chemin, j'avais voulu prendre une autre voie, passant par une grotte sombre pendant des heures pour finir en pleine cambrousse à errer pendant des jours. Pourquoi me direz vous ? Car mon SIS avait rendu l'âme. Cet appareil de "haute technologie" acheté au rabais dans l'optique de faire des économies, possédait une autonomie ridicule et cerise sur le gâteau : l'engin avait prit l'humidité... De retour à la civilisation, mon espoir de simplement recharger le SIS c'était conclu par le besoin de m'en procurer un nouveau et plus performant si je voulais éviter que ce genre de péripétie ne se réitère.

    En attendant de me décider sur l'appareil à acheter ou comment réparer le mien pour économiser mon pécule, javais participé à une mission de la Sunrise en compagnie d'une amie. Ça avait été intéressant même si la récompense était un peu décevante. J'avais espéré une bonne prime mais n'en avais tiré qu'un peu d'argent et une CT dont je sous estimais l'utilité. Bref, tout ça pour dire que mon séjour à Embrun n'était pas très passionnant ni sous le signe de la chance. J'avais quand même réussi à apprendre que ma dernière acquisition, le P'tit Gros, était un Goinfrex soit un Pokémon plutôt rare. Comme quoi ma semaine d'errance dans la nature avait au moins eu une utilité.

    Je me promenais donc en ville, c'était la fin de l'après-midi et je cherchais un truc pour m'occuper. J'avais appris rapidement les coins peu fréquentable de la ville pour y faire du marché noir même si les affaires importantes m'étaient refusé car je appartenais à aucune organisation criminelle et ne disposais d'aucune enfile ni gage de confiance. J'essayais quand même d'y trouver quelque chose d'utile, d'où mon envie de discuter avec un marchand louche. Je lui avais montré le croc que j'avais acheté à Lindsberg, espérant le revendre à un bon prix mais... personne n'était dupe : un croc de Leveinard, ça n'existait pas. Et l'homme était bien incapable de me dire de quelle espèce de Pokémon provenait ce croc. En revanche, il me fit une proposition pour lui acheter une plante, me vantant ses qualités uniques qui me permettraient de fabriquer moi-même des potions et autres médicaments pour mes pokémons. J'avais de sérieux doutes sur ce qu'il me racontait et en même temps, le marchand ne semblait pas trop se rendre compte de ce qu'il essayait de me vendre. Grâce à un rapide scan de mon SIS défectueux, j'avais réussi à apprendre que ce pseudo pot de fleur était bel et bien un Pokémon, sous alimenté, peu exposé à la lumière et probablement malade, la créature me faisait un  peu pitié. Mais surtout, mon appareil disait, enfin je crois, que c'était une espèce rare voire même éteinte. J'en fis donc l'acquisition pour une modique somme, rattrapant ainsi l'arnaque que javais subis avec un autre marchand de ce genre pour ce satané croc de Leveinard. Ne disposant pas de suffisamment d'informations sur ce nouveau Pokémon, je me contentais de quitter la ruelle des trafics pour le mettre dans une ball en attendant de trouver un meilleur SIS. J'avoue que je ne pensais pas trouver une nouvelle créature aujourd'hui mais parfois, le hasard fait bien les choses.

    En face de la ruelle, je vis un bar un peu discret et décidai alors de m'y rendre pour me détendre, peut-être même que je trouverai quelqu'un capable de me filer des infos sur ce pot de fleur grâce à un SIS en bon état.

    L'endroit n'était pas de première jeunesse, une odeur de tabac flottait dans l'air et les vieux luminaires donnaient une ambiance tamisée dans le bar. Étonnement l'endroit était plutôt bondée, trouver une place ne serait pas chose aisée... Navigant entre les tables, je vis alors un jeune homme me faire signe, choppe de bière à la main, pour m'inviter à sa table. Pourquoi pas, après tout. Je lui fis un sourire avant de tirer la chaise pour m’asseoir.
    - Salut. Merci pour l'invitation. Je ne pensais pas qu'il y aurait autant de monde à cette heure ! Derek, enchanté.
Je levais la main pour commander à mon tour une bière. Je fixai alors l'inconnu, cherchant à le jauger pour comprendre d'où pouvait venir son élan de générosité pour m'inviter à sa table. Il ne semblait pas faire partie d'une organisation criminelle que j'aurai pu connaître et je ne pensais pas non plus être son genre... un type dénué d'arriere pensée ? Nan, ça m'étonnerai quand même...

(Désolé pour le temps de réponse TT.TT)

    Maintenant que j'étais installé dans un siège confortable et une bière à la main, mon moral allait mieux. Je remuais un peu sur mon assise pour tester le coussin sous mes fesses : plutôt confortable ! Ouais, c'est important d'être bien installé, surtout pour se détendre. Je levais ensuite mon verre en direction de l'inconnu avant de prendre une longue gorgée pour me rassasier. J'en profitais aussi pour mieux regarder mon voisin de table : plus jeune que moi, des cheveux roux voire même plutôt rouge, un long imper et un col roulé. Tenue sobre mais efficace pour voyager, aucun symbole ni bijou prouvant une appartenance à un gang quelconque, c'était déjà ça... Et enfin dernière chose : ses yeux étaient vairons, plutôt rares mais rien de soupçonnable.

    Il se présenta sous le nom d'Axel Hésteria, l'inconnu venu de nul part même si je ne comprenais pas trop la référence qui à l'écouter, devait-être une private joke. Le serveur lui apporta une autre bière, j'en profitai pour regarder les autres clients du bar : les gens buvaient et discutaient tranquillement. C'était calme et personne, pour l'instant, ne semblait s'intéresser à moi. Je reposais ensuite mon regard sur Axel, toujours intrigué par son invitation à venir à sa table. Méfiant, moi ? Juste un petit peu... On est jamais trop prudent quand on remet les pieds dans sa ville natale après l'avoir quitté comme un voleur pour échapper justement à d'autres voleurs. Revenir à Embrun avait quelque chose de nostalgique mais aussi de pesant, d'inquiétant... ici, beaucoup de gens m'en voulaient entre ceux que j'avais volé et arnaqué ou mes anciens associés à qui j'avais volé un objet rare.

    Axel remarqua que je le fixais et me posa simplement la question. Il fit la blague qu'il ne mordait pas, me ramenant à mon hypothèse qu'il me trouvait à son gout. Après tout, pourquoi pas, je n'étais pas homophobe et avoir un peu de compagnie pour la soirée ne pourrait pas me faire de mal. Faudra juste lui dire à un moment ou un autre que je préfère les filles... ça risque de jeter un froid. Il termina en expliquant qu'il voulait juste profiter de sa sortie de l’hôpital et me montra son bras couvert de bandages.
    – Merde, il t'est arrivé quoi ?! Et scuze de te dévisager, je me questionnais juste sur la raison de ton invitation... j'ai tendance à me méfier des étranger, c'est pas contre toi ! Bref, j'imagine que tu n'es pas du coin aux vues de ta petite blague ? Ici pour le plaisir ou pour affaire ?
Je profitais de la fin de ma phrase pour boire une autre gorgée de bière tout en observant les alentours. Je pensais aussi vaguement que ça faisait longtemps que je ne m'étais pas fais d'argent, il serait peut-être temps d'exploiter un peu l'objet rare que j'avais volé... Mais était-ce le bon moment et le bon endroit pour ça ?

    Je poussais un long soupire, reposant le verre vide sur la table tout en essayant de réprimer un rot de sortir de ma gorge. Qu'est-ce que ça faisait du bien de s'envoyer une bonne bière derrière la cravate ! J'avais aussi remarqué une femme qui jetait de temps en temps des regards vers nous, restait à savoir si elle observait par curiosité et intérêt ou autre chose... Faudrait peut-être un jour que je me fasse soigner pour ma parano mais bon, elle m'a gardé en vie jusqu'à présent.

    Les explications d'Axel sur ce qu'il faisait en ville me donnèrent le sourire. À l'écouter, il n'y avait pas grand chose à faire à Embrun. C'était l'une des plus grandes villes d'Europe, une plaque tournante du commerce grâce à son port donc forcément des trafiques et marchés noirs. Il y avait également beaucoup de travail en ville pour tout le monde et aussi pour les dresseurs afin de sécuriser les alentours. Résumer ses possibilités à pécher et se promener, prouvait bien qu'il ne connaissait pas l'endroit.

    Sa blessure provenait de son combat à l'arène, il disait avoir deux badges. Je sentais un élan de satisfaction quand il m'annonça ça même si à mes yeux, je ne voyais pas trop l'utilité de ces objets. Hormis pouvoir se pavaner de la sorte pour dire "je suis fort et important". Certes, ça offrait la possibilité à des meilleurs achats dans certaines boutiques et je crois, si je me souvenais de ce qu'Ashley m'avait expliqué, une aide pour voyager.
    – Je pensais pas qu'on puisse se blesser lors des combats contre des champions d'arène... t'as fais comment exactement ?

    La fille nous observait toujours de temps en temps, je parvins même à croiser son regard durant un instant. Elle me fit un bref sourire avant de détourner les yeux. Elle avait les cheveux bruns et bouclés, des yeux verres et des tâches de rousseurs qui lui ajoutaient un certain charme qui n'aurait pas été plus embelli par du maquillage. Enfin d'après moi. Elle portait un débardeur gris et une veste en simili cuir était déposée sur le dossier de sa chaise. Je pris une longue gorgée de bière tout en réfléchissant à cette inconnue. Est-ce que je l'avais déjà vu quelque part ? Regardait-elle par ici juste par intérêt ? Mon cerveau n'était pas encore ramolli par l'alcool et pourtant je n'arrivais pas à être sûr, j'avais un sentiment de déjà-vu mais c'est tout... dans le doute, restons méfiant comme je dis.

    Axel me sorti de ma réflexion en me demandant ce que moi je faisais ici.
    – Pour affaire, pour plaisir et par vengeance... J'suis originaire d'Embrun. Mais je n'y avais pas mis les pieds depuis longtemps ! Quelques... désaccords avec des gens qu'il vaut mieux normalement ne pas énerver. Sauf que je recherche quelqu'un, du coup je suis revenu pour trouver des informations quitte à m'attirer des ennuis... J'hésite encore à en profiter pour voir ma famille mais j'me dis qu'ils doivent m'en vouloir d'avoir disparu depuis si longtemps.
À peine avais-je terminer que le serveur nous apporta deux autres bières sans qu'on ait rien commandé. Axel me regarda perplexe et j'en fis de même : on venait de nous payer à boire, ce qui était... plutôt rare, surtout pour deux mecs. Machinalement, je tournais la tête vers la demoiselle qui me fit un sourire et leva son verre dans ma direction. Avant que le serveur parte, je lui demandais si on pouvait commander quelque chose à manger, il me cita différent amuses-gueules, des sandwichs et aussi la possibilité d'avoir des raviolis à la vapeur. La dernière proposition me sembla si improbable et inattendue que c'est ce que je commandais, disant aussi d'en offrir une assiette à la fille qui nous observait. J'aimais pas trop l'idée de gaspiller de l'argent, mais elle m'intriguait...

    Une fois le serveur parti avec la commande, je me tournais vers mon voisin de table :
    – Cette fille là-bas, tu la connais ? J'pense c'est elle qui nous a offert les verres mais je me demande bien pourquoi.
Mon cerveau cogitait à vive allure, je connaissais pas mal de monde dans cette ville mais c'était il y a plusieurs années. Les gens changent avec le temps et elle ne semblait pas bien vieille : la vingtaine à tout casser, si je l'avais connu avant, c'était une gamine enfin une adolescente, période où les gens changent beaucoup physiquement... Reste que pour l'instant, elle ne semblait pas disposée à venir nous parler et je ne pensais pas brusquer les choses ni m'avancer pour tomber dans une quelconque piège. Du coup, je laissais ça de côté, advienne que pourra.

    Je sorti une Pokéball que je posais sur la table, j'avais retenu une information sur Axel, c'était un dresseur. Donc sauf erreur de ma part, il devait disposer d'un SIS et le mien était en maintenance.
    – Tiens, comme tu es dresseur. Pourrais-tu me filer des informations sur ma dernière acquisition ? Je viens de... le capturer en dehors de la ville mais il me semble que c'est une créature plutôt rare. De plus mon SIS est en rade en ce moment...
J'ouvris la ball pour libérer le Pokémon que je venais d'acheter à un marchand plutôt louche qui pensait que ce n'était qu'une plante banale. Le mec avait même mit la créature dans un pot de fleur avec du terreau sans rien remarquer. C'était un peu marrant de voir la plante dans son pot, enfin plus ridicule que marrant à bien y regarder... L'apparition de ce Pokémon avait eu l'effet de détendre l'atmosphère, en tout cas de me détendre, j'étais occupé à autre chose comme à regarder les pétales de la plante assouplies par je suppose, un manque d'eau et de soleil.

    J'avais beaucoup de mal à imaginer Axel en ennemi public numéro un. Il avait pas spécialement l'air d'être un mauvais bougre et je ne comprenais rien à son histoire de trois mille diamants. Peut-être que la bière lui montait déjà au cerveau ? Enfin, je ne préférais pas trop relever ce détail. Il me conseillait aussi de voir ma famille pour ne pas avoir de regret. Sur ce point, il n'avait pas spécialement tord... j'imaginais déjà les retrouvailles : ma mère entre les larmes et les cris pour l'avoir autant inquiétée, mon père m'en collera peut-être une. Et ma petite sœur, je me demandais ce qu'elle était devenue.

    Axel s'intéressa beaucoup à ma nouvelle acquisition. La plante était dans son pot sur la table, toujours un peu faible et n'émettait presque aucun son. J'avoue que je peux comprendre que ce marchand n'est pas compris ce que c'était même si on s'en doute un peu. Il sortit son SIS et me demanda de patienter. Il fit également une blague comme quoi la nana était peut-être un coup d'un soir que j'avais oublié. J'avais des doutes, mais peut-être. Je la cherchais des yeux pour remarquer qu'elle n'était plus là, elle avait changé de place ou elle était partie.

    C'est alors qu'Axel bondit de sa chaise pour dépoté mon Pokémon plante, il retira le terreau du pot pour le mettre dans les choppes de bière vide et attrapa le serveur pour obtenir de l'eau. Sans attendre ni même un mot à mon égard, il versa un pichet de flotte dans le pot de fleur et y remit la plante. J'veux bien qu'elle manque un peu d'eau, mais de là à la noyer, était-ce vraiment judicieux ? Il me dit alors de ne pas m’inquiéter, qu'il avait toute sa tête, enfin sur ce dernier point j'avais quand même des réserves. Apparemment, mon acquisition était une, je cite : putain de plante aquatique. Il se pencha vers moi pour parler moins fort et s'assurer que les autres ne pouvaient pas l'entendre et me murmura qu'elle datait de la préhistoire, que c'était un fossile vivant. Attends, j'avais acheté pour une bouchée de pain, un dinosaure ? Enfin une plante-dinosaure dont l'espère était probablement éteinte depuis des siècles voire même des millénaires ? Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Comment le marchand avait obtenu ça ? Et surtout comment ce truc pouvait-il être en vie à notre époque ? Je commençais mieux à comprendre pourquoi cette plante était mal en point, il lui fallait de l'eau et surtout 60 millions d'années de moins !
    – Euh... Comment c'est possible ? J'veux dire qu'il soit vivant à notre époque et que je l'ai achet... trouvé et capturé si facilement ? Tu penses que la flotte suffira à le requinquer ?
D'un coup, je sentais ou imaginais en tout cas, tous les regards suspicieux vers nous. Genre ma plante allait rapidement attirer les curieux et m'attirer des emmerdes. Déjà que j'avais ce soit disant croc de Leveinard qui m'attirait des problèmes, fallait que je récupère un fossile vivant qui ferait rêver les collectionneurs du marché noir. Fallait vite ranger la bestiole dans sa ball, ce que je fis sans attendre.
    – En tout cas merci de l'infos. On va la jouer discrète, je crois. Pour la fille, nan, je ne pense pas que ce soit un coup d'un soir et elle est partie.

    Le serveur revint vers nous avec l'assiette de nourriture et surtout accompagné par ce qui semblait être un vigile. L'homme avait un cou de taureau, le crâne rasé et des tatouages sur ses imposants avant-bras. Quelque chose me disait qu'il ne fallait pas trop chercher d'emmerde à ce grand costaud et le serveur ressemblait à une petite crevette à côté.
    – Le patron aimerait vous inviter dans la partie V.I.P. de son bar. Z'avez rien contre les casinos, j'espère ? On sentait à peine une pointe d'ironie laissant sous entendre qu'on ne pouvait pas refuser l'invitation. Si vous voulez bien me suivre, messieurs.

    Mon compagnon de table comprit tout de suite que je m'étais trahis et tenait beaucoup que je lui dise où j'avais acheté ma plante préhistorique. Je pouvais lui dire, de toute façon le marchand n'avait pas d'autres plantes, en tout cas je n'en avais pas vu. Mais la question importante, c'était plutôt de savoir comment il avait obtenu ce Pokémon préhistorique. Faudrait que je retourne le voir pour me renseigner...

    Avant de pouvoir répondre à Axel, on s'était donc retrouvé à suivre malgré nous le vigile. Axel semblait très enthousiaste pour les jeux d'argent, je ne m'étais pas attendu à ça. Enfin, pourquoi pas. On empruntait une porte derrière un rideau qui menait à un escalier peu éclairé avec des murs en pierre à l'ancienne.
    – Très contemporaine comme déco. J'aime beaucoup le style catacombe, faudra me présenter votre décorateur.
La balèze ne répondit rien et me poussa simplement pour m'intimer à avancer. Après plusieurs secondes pour descendre, on déboucha dans une pièce bien plus grande que le bar dans lequel on était. Les murs étaient aussi en pierres taillées, il y avait également d'immense pilier en marbre pour soutenir le plafond en voute. Mais surtout, il y avait ici et là des machines à sous, des tables de poker et de black-jack. L'ambiance ici était plus pesante, les gens s'amusaient et dilapidaient leur argent mais... quelque chose me disait que ce n'était pas des gens ordinaires, ça puait plutôt les malfrats ou les hommes d'affaires venus ici pour blanchir de l'argent.

    Axel ne voyait pas les choses comme moi, lui était plutôt prêt à se jeter sur n'importe quel jeu pour se faire du fric. Je crois que je venais de rencontrer ce qu'on qualifie de flambeur. Sauf que ce n'était pas le plan du grand costaud qui nous invitait toujours à le suivre. On traversa la salle, je notais qu'on jouait de l'argent mais aussi des objets rares, des CTs et certains y allaient même à miser des Pokémons, sympa comme endroit, vraiment. Vers le fond du bar, il y avait un rassemblement de personne devant ce qui semblait être une cage, à l'intérieur un Pokémon se battait contre... un humain ? J'ignore qui avait imaginé et mit en place ce genre de fight club, mais ça reste quand même bien cinglé et dangereux. En tout cas, le publique adorait et hurlait, tout le monde faisait ses paris pour l'un ou l'autre des combattants. Je me demandais quand même qui osait miser sur le pauvre gaillard qui affrontait un insecte vert avec des lames à la place des pattes. Dommage que je n'avais pas mon SIS, j'aurai bien voulu savoir quel était l'espèce du Pokémon.

    On arriva enfin à une table où y était installée une femme, précisément celle que j'avais vu dans le bar au-dessus et qui nous avait payé un verre. Elle était en compagnie d'une autre fille et un jeune homme portant des énormes lunettes style "cul de bouteille" avec un ordinateur sur les genoux.
    – J'ai eu le sentiment que vous ne vous amusiez pas tant que ça là-haut. J'ai donc pris l'initiative de vous inviter ici, expliqua la brune en savourant un verre de champagne.
    – C'est bien aimable, mais on était pas si mal à boire une bière tranquille. D'ailleurs, j'vous ai pas remercié pour le verre : merci.
    – Mais de rien, Derek. Toi et ton ami avez quartier libre pour visiter mon club. Passez me voir un peu plus tard, je dois terminer une affaire en cours.
J'allais partir en hochant la tête pour la remercier quand son vigile m'attrapa par le bras pour me faire comprendre qu'elle n'avait pas terminé :
    – Et évitez de partir sans me dire au revoir. Je déteste sincèrement les gens impolis.
Sur ces mots, elle leva son verre dans notre direction comme pour trinquer et son gorille me libéra le bras. J'invitais Axel pour qu'on s'éloigne un peu.


    Proche de la cage où le combat se déroulait, ici les gens braillaient suffisamment pour qu'on ne nous entende pas trop. Je réfléchissais à notre situation : c'était louche, elle connaissait aussi mon prénom. Dans quel pétrin m'étais-je encore fourré ? La lame de la mante taillada le torse de son adversaire qui recula, une trainée de sang se répandit sur le sol et amplifia le cri du publique. Franchement, c'était une mise à mort...
    – J'pense qu'on est coincé ici pour un moment, Axel. Une idée de ce qu'on pourrait faire ?
Jetant un bref coup d'oeil aux alentours, je vis qu'il n'y avait qu'une seule sortie et elle était gardé par un autre vigile. Il devait y avoir un autre passage, ça me semblait impossible que tout ce petit monde remonte dans l'autre bar pour sortir. Niveau sécurité pour s'échapper ça crains, idem pour fuir si les autorités débarquent. Doit y avoir un moyen de se faire la belle d'ici !

Axel exprima son envie de jouer aux casinos mais aussi qu'on était, comme je le pensais, dans une impasse. Il avait raison et aussi sur le fait que cette femme me connaissait... J'avais beau réfléchir à une ancienne conquête, une vieille collègue mafieuse mais non, elle ne me disait rien. On me bouscula alors, des hurlements s'élevèrent et l'homme dans la cage fut projeter contre les barreaux. C'était vraiment un truc de sauvage ! L'homme avait plusieurs entailles sur le corps, saignait abondamment et le publique jubilait...

Mon compagnon de la soirée m'avoua qu'il pensait qu'on devrait se tirer d'ici, qu'il avait un mauvais pressentiment. J'étais d'accord avec lui, mais je ne voyais pas trop comment faire. Je soupirai d'agacement, tournai sur moi-même pour observer les lieux mais aucune idée ne me vint.
– Pour l'instant, si tu veux jouer à quelque chose : vas-y. Je vais essayer de faire le tour des lieux pour trouver une issus. On se retrouve aux machines à sous dans cinq minutes, ok ?
J'allais m'éloigner mais je me ravisai pour regarder Axel, je venais de l'embarquer malgré moi dans une drôle d'embrouille... j'imagine que la prochaine fois qu'il invite à boire un verre à quelqu'un, il y réfléchira deux fois.
– Désolé pour ça... et nan, cette nana ne me dit rien. Pourtant j'essaie de m'en souvenir !

Sur ces mots, je pris congé pour m'éloigner de cette arène de gladiateurs afin de me diriger vers une table de black jack. Je fis le tour, feignant l'envie d'y jouer tout en m'intéressant surtout aux vigiles, l'un d'eux me suivait des yeux. Il y avait une porte menant à des toilettes, un bar un peu plus loin à droite. Rien d'intéressant ou qui pourrait m'aider dans le coin... Je devais poursuivre ma recherche. De temps en temps, je regardai vers le salon V.I.P. pour essayer de voir cette femme, tenter de me souvenir d'elle. Pour l'instant, l'inconnue discutait avec quelqu'un, elle riait ou buvait du champagne. Rien à faire, si je la connaissais ma mémoire ne voulait pas me le rappeler !

J'enchainais vers les tables de poker, là, il y avait un rideau suspendu au mur... j'émis l'hypothèse d'une porte derrière mais je ne pouvais pas le vérifier sans attirer l'attention. Comment pouvais-je m'y prendre ?

    Un verre vint s'écraser au sol suite à un malheureux coup de coude maladroit alors que j'avais voulu me retourner. Je n'avais pas vu la serveuse qui passait à ce moment-là à côté de moi et je l'avais bousculé par mégarde. En tout cas, ça y ressemblait : je jouais même le mec gêné et désolé pour sa maladresse. Je m'empressai d'aider la demoiselle en tenue de... bunny-girl, sérieusement... pour ramasser les bris de verres ce qui me permis de me baisser et bouger le rideau au mur pour y jeter rapidement un coup d’œil. Il n'y avait pas de porte, juste un couloir qui menait dans une autre pièce mais je n'eus pas le temps de bien regarder. Tout ça pour que j'obtienne si peu d'informations, oui, j'étais un peu déçu.

    La serveuse s'excusait pendant que je l'aidais en lui disant que c'était surtout ma faute. Elle déposa tous les morceaux de verre sur son plateau, s'inclina et s'éloigna pour jeter le tout à la poubelle. Quant à moi, j'étais toujours bredouille. J'allais me diriger vers le point de rendez-vous avec Axel quand l'un des agents de sécurité vint se planter devant moi. Il me dévisagea un instant avant de me dire de le suivre car "madame, vous attends". Même pas un nom ? Sois sympa du con, files moi un indice pour que j'arrive à me souvenir qui est cette nana !

    De retour vers le carré V.I.P. il ne restait que cette femme aux cheveux bouclés qui me fixa avec un grand sourire. Elle me montra l'un des canapés en face d'elle pour m'inviter à m'assoir. Ne voyant pas trop comment refuser, je m'installai donc, jetant des regards un peu partout pour essayer de voir où était passé Axel, sauf qu'il semblait être nul part. Avait-il était pris en otage ? Ou alors, il avait réussi à se tirer d'ici ?
    – Alors, comment vas-tu depuis le temps ? Tu t'étais planqué où pour que personne ne te retrouve à Embrun ?
    – T'as l'air vachement bien informé sur moi. T'aurais-je arnaqué ou volé par le passé ? rétorquai-je tout en souriant.
    – Si disparaitre sans donner signe de vie, est pour toi une arnaque ou un vole alors : oui. Tu ne te souviens vraiment pas de moi ? Tu sais que c'est plutôt vexant ? répliqua-t-elle en sirotant son verre, je voyais pourtant qu'elle était un peu agacée.
    – J'ai connu beaucoup de monde et j'ai quitté le milieu il y a longtemps. Désolé si j'ai pas retenu le visage des petites recrues. Enfin, j'imagine vu ton âge que tu étais au mieux une jeune recrue de l'Organisation avant que je me casse, non ?
    – Non. Je ne l'avais pas encore intégré. Nos parents n'auraient pas appréciés qu'on soit les deux des criminels. Mais après ta disparition, on a supposé que tu avais probablement été tué. D'où ma présence ici, je voulais des réponses... À défauts d'en obtenir sur toi, j'ai plutôt bien roulé ma bosse, non ?

    Ces dernières informations eurent bien du mal à être intégrées à mon cerveau. Que je récapitule : elle était jeune et ne faisait pas partie des criminels à mon départ d'Embrun... ok, ça j'avais bien assimilé mais c'était surtout le "nos parents". Je n'arrivais pas à l'accepter ni même à l'imaginer. Ma petite sœur que je ne voyais pas souvent à l'époque, aurait intégré un réseau de gangster pour me retrouver ? Elle serait même devenu suffisamment influente pour tenir un casino clandestin ? Sans que mes anciens collègues ne l'utilisent pour me retrouver et me menacer ? Non... c'était un mensonge, ça ne pouvait pas être elle !

    Pendant ce temps, un type était sortit des toilettes et semblait chercher quelqu'un. L'individu semblait un peu inquiet ou en tout cas, tracassé par ce qu'il avait put voir dans les WC. Le pauvre n'arrivait pas à trouver la personne qu'il cherchait et ne savait pas trop quoi faire.

    J'observais cette jeune femme, essayant de voir si ce qu'elle venait de dire était vrais ou non. On avait en effet les cheveux de la même couleur mais les miens ne frisaient pas. Nos yeux étaient différents mais les siens avaient en effet quelque chose de familier... J'avais bien une petite sœur, elle était née quand j'avais douze ans. À l'époque, j'étais déjà un voyou et je ne voyais mes parents que très rarement : déjà car ils ne voulaient pas d'un malfrat sous leur toit mais aussi car j'étais con et jeune, je pensais avoir mieux à faire qu'aller les voir. De ce fait, j'avais très peu vu et connu ma sœur. C'était donc plausible que ce soit elle, mais comment m'avait-elle reconnu si facilement ?

    Elle voyait bien qu'il était déstabilisé, ses mots avaient eu l'effet escompté. C'était un plaisir pour elle de le voir réfléchir, se questionner et essayer de deviner si ce qu'elle venait de dire, était vrai ou non. La laissant mijoter, la jeune femme prit son verre de champagne et le sirota tranquillement avant de le reposer pour appeler l'un des vigiles. Le gorille s'avança vers la maitresse de maison qui lui indiqua de se baisser. Elle lui murmura à l'oreille de mettre fin au combat dans la cage pour préparer le suivant afin d'éviter que les gens se lassent. Derek tenta d'écouter la discussion en vain et suivit des yeux le videur qui se dirigeait vers la foule.

    Camille, car c'était son prénom, retourna son attention sur son frère qui doutait encore de leur lien de parenté. Elle repoussa une mèche de cheveux qui lui tombait sur les yeux et soupira d'agacement en fixant Derek qui semblait toujours aussi méfiant et indécis.
    – Quoi ? Quelque chose ne va pas ? Tu as perdu ta langue ?
Dans ses souvenirs et aussi avec ce que ses parents lui avaient dit sur son grand frère, Camille avait toujours pensé que Derek était une grande gueule, une tête brulée qui s'attire des ennuis et qui n'hésite jamais à foncer dedans sans réfléchir. C'était un peu décevant de la voir là, en train d'hésiter, de se méfier et de ne pas oser poser des questions ni même réagir. C'était pourtant lui, elle le reconnaissait suffisamment pour ne pas en douter. C'était donc pour ça qu'il avait disparu ? Car il était devenu un lâche ? Une couille molle qui n'ose plus affronter les dangers de la vie ? Dire qu'elle avait passé tant de temps à le chercher, qu'elle avait commencé sur le trottoir pour la Famille et gravit les échelons pour arriver, finalement, à diriger ce petit casino clandestin. Camille comprenait mieux son départ : son incompétence et sa couardise l'avaient sûrement conduit à être mal vu et l'organisation s'en était débarrassée.

    – T'étais haute comme trois Pomdepiks la dernière fois que je t'ai vu... T'espérais vraiment que je te reconnaisse ? Tu as bien grandi... Et tu as rien trouvé de mieux à faire que suivre mes traces ?
    – Tes traces ? Par pitié, moi j'ai du pouvoir et de l'argent. J'ai voulu faire comme toi, oui, pour te retrouver ou savoir ce qu'il t'était arrivé. Mais moi, j'ai su devenir quelqu'un d'important. Toi, tu as juste trahis l'organisation avec ton pote et vous vous êtes enfuis. Je pensais qu'on m'avait menti, je n'arrivais pas à croire que tu sois un traitre ou pire surtout : un trouillard. Mais... de toute évidence, on m'a dit la vérité.
    – Si tu le dis, me répliqua-t-il avec un sourire suffisant qui m'agaça. Et pourquoi m'amener ici ? Pour une réunion de famille ? Pour me montrer ta réussite et me narguer ? Ou alors, tu m'en veux d'être parti et je vais finir dans cette cage face à un Pokémon ?
Sa dernière proposition fit sourire Camille : c'était une idée plaisante mais elle ne se sentait pas d'humeur à mettre à mort son frère. Pas encore, en tout cas. Elle avait longtemps imaginé cette rencontre, le voir fier d'elle pour sa réussite, son soulagement de le voir en vie. Mais ses fantasmes étaient tellement loin de la réalité : il semblait se méfier d'elle et ne pas aimer sa réussite. Quant à elle, elle ne savait vraiment pas quoi penser, elle n'arrivait pas à se réjouir d'avoir enfin retrouvé son grand frère...

    Des hurlements retentirent dans le public : l'homme dans la cage venait de se faire embrocher par l'Insecateur. La foule était en délire, tous ses idiots adoraient la violence, le sang et la mort, c'était pour Camille, un moyen facile d'accumuler de l'argent avec des esprits primaires comme les leurs. Le prochain combat serait cependant plus amusant, elle comptait mettre dans la cage le compagnon de Derek contre un Smogogo afin de le tuer lentement par asphyxie, sauf que ses hommes n'avaient pas encore réussi à mettre la main sur le rouquin. Camille agita machinalement sa main vers son visage, il faisait étrangement chaud, enfin un courant d'air chaud était venu la déranger, à croire que la ventilation fonctionnait mal.

    – On avait participé à un cambriolage à la Sunrise. On a piqué pas mal de trucs intéressants, ensuite notre chef a voulu se débarrasser de nous pour qu'il n'y ait aucun témoin... Liam et moi, on a réussi à s'en tirer. Mieux encore, on a volé la Capsule Secrète à cet enfoiré, celle qu'on était venu voler dans les locaux de la Sunrise. On s'est ensuite tiré d'ici pour éviter qu'on se fasse tuer ou d'attirer des ennuis à nos famille. J'avoue, c'était couard de ma part et quel traitre je fais : refuser de mourir pour éviter d'être gênant pour mes supérieurs... Enfin, tu ne peux pas comprendre : tu es une petite cheffe maintenant, c'toi qui élimine les éléments dérangeants maintenant. N'est-ce pas Camille.
Cette déclaration ramena la demoiselle hors de ses pensées. Le fait que Derek prononce son nom et prouve ainsi qu'il se souvenait d'elle, qu'il la croyait, eu un effet étrange : comme si une boule de plomb venait de tomber dans ses entrailles. Ses yeux la démangèrent un peu, elle eut alors une petite toute simple mais émouvante : elle venait enfin de retrouver son grand frère.
    – Une Capsule Secrète ? Vous l'avez vraiment récupéré ? Mais plus important ! Qui a voulu te tuer ? Pourquoi tu ne nous as jamais prévenu ? Tu t'en foutais qu'on s'inquiète ? elle disait ça en ayant perdu un peu de sa superbe et se montrait d'un coup, plus émotive.
    – Je préférai l'idée que vous vous inquiétez pour moi plutôt que l'inverse ou de vous savoir morts pour avoir tenté de vous parler... Désolé du coup.
Un peu maladroit dans ses propos, mais apparemment sincère, ce qui touchait davantage encore Camille. Elle hésitait sur quoi lui répondre, sur ses plans aussi... Dire qu'elle avait songé à le livrer à l'organisation pour se venger, et qu'un de ses malabars était justement parti prévenir que Derek était ici... elle s'en voulait énormément et ne savait plus quoi faire ou dire. Elle parvint malgré tout à retenir ses larmes et garder un visage impassible : ses années à jouer les catins, à être la patronne lui avaient au moins enseigné ça, à garder la tête haute.
    – Et donc, tu étais où depuis tout ce temps ?
    – J'ai trainé un temps à Salt-York avec Liam, on apprenait la capacité de la CS à des Pokémons contre de l'argent, en vantant ses mérites... sans jamais précisé qu'il fallait posséder la capsule pour utiliser réellement la capacité à sa pleine puissance. Ensuite, on nous a retrouvé. On a réussi à s'échapper, encore. Et Liam est parti de son côté, il est ensuite devenu dresseur, je crois. Moi, je me suis installé un temps à Lindsberg et j'ai bossé comme paysan dans les champs. C'était... chiant et ennuyant mais j'étais tranquille. Puis je suis allé à Cuttlebury pour des petits boulots et j'y suis resté jusqu'à apprendre que Liam avait disparu. J'ignore s'il est mort ou s'il a fuit... du coup, je suis devenu dresseur à mon tour pour voyager plus facilement et le retrouver.

    Cette fois, Camille pensa qu'elle allait exploser : il n'était pas revenu pour elle ou ses parents ! Juste pour son enfoiré de pote ! Celui même qui l'avait enrôlé dans une organisation criminelle pour ensuite être suffisamment mal vu pour qu'on les trouve gênants ! Son frère n'en avait donc rien à faire d'elle ! Il n'était là que par pure égoïsme, que pour ses petites affaires et son ami ! Sans même s'en rendre compte, elle se leva du divan et vint lui coller une magistrale gifle. Beaucoup de regards se tournèrent vers eux mais personne ne broncha. Seuls quelques agents sous ses ordres semblaient prêt à intervenir si jamais Derek tentait quelque chose vis à vis de la maitresse des lieux.
    – En gros : tu es ici pour ton pote ! Tu n'en as rien à foutre de ta famille ? Pourquoi est-ce que ça m'étonne ? Après tout : tu as passé ton enfance à faire ce que tu voulais, à te mettre en danger et à ne jamais rentrer à la maison ! Tu me dégouttes ! Et j'espère clairement que ton amant est mort !
    – Mon amant ? répliqua Derek en se massant la joue qui virait déjà au rouge à cause de la gifle. Sérieusement : mon amant ? Tu me fais quoi là ? Un complexe de la petite sœur amoureuse de son grand frère ? Tu m'idéalise gay car à tes yeux ça parait mieux ? Genre je fais ça par amour ? Je sais que quand tu étais petite, tu aimais les livres de romance, mais je pensais pas que c'était à ce point... Si je suis ici, c'est pour voyager et me venger. Ambrose est une plaque tournante, un passage obligatoire. Si je veux des informations sur mon meilleur ami : c'est l'endroit idéal. Et si je peux exploser quelques uns des enfoirés avec qui je bossais avant, c'est tout bénéfique. J'avais songé à venir vous voir... j'hésitais à le faire : quoi dire ? Comment m'excuser ? Quoi faire ? Je vois que je ne m'étais pas suffisamment questionner aux vues de tes réactions. J'en suis désolé... J'vais donc te laisser : je ne vais pas t'imposer du dégout plus longtemps que nécessaire.

    Sur ces mots, Derek se leva et plongea son regard dans celui de sa sœur, Camille n'arrivait pas à savoir s'il était désolé ou en colère. À bien y penser, elle ne savait pas grand chose de lui, juste qu'il était différent de ses souvenirs. Sans un mot de plus, il lui tourna le dos pour partir. Maintenant qu'il s'éloignait, elle se sentait bouillonner de l'intérieur : elle n'aimait pas l'idée qu'il puisse avoir le dernier mot ni qu'elle n'éprouve pas plus de regret. Était-ce aussi plus simple de le détester une fois qu'elle n'avait plus son visage sous les yeux ? Probablement. Elle serra les poings, crispa sa mâchoire et colla un coup de pied rageur à la table basse, envoyant la bouteille de champagne au sol qui explosa en morceaux.
    – [b]Où tu crois aller comme ça ? Ai-je dis que c'était fini ? Ai-je dis que tu pouvais partir ? NON ! Alors tu reviens ici ! Et tu vas aller dans cette cage pour apprendre le respect ! Peut-être aussi que ça t'aidera à réfléchir sur ce que les autres, comme ta famille, peuvent ressentir !!

    Ses hommes commencèrent déjà à encercler Derek pour lui faire comprendre qu'il n'était pas libre de partir et que Camille ne plaisantait pas non plus pour cette histoire de combat dans la cage. Elle réalisait bien que sa décision était extrême, qu'elle condamnait sûrement à mort son frère, mais elle était en colère et pour l'instant, elle ne se souciait pas du tout des conséquences : elle voulait juste se venger, comme lui.

    En un instant, l'un des hommes de main avait saisit le jeune homme pour l'immobiliser, lui retirer son sac à dos et le destitué de sa ceinture avec ses PokéBalls. Habitués à accueillir des dresseurs, les videurs ne laissaient rien au hasard, malheureusement pour Derek. Son frère fut ensuite emmené sous bonne garde, il traversa la salle où la foule s'écartait sur son chemin jusqu'à ce qu'il arrive devant l'entrée de l'immense cage. Il se figea devant mais Camille hurla qu'on le fasse entrer et ses hommes de mains ne firent pas dans la délicatesse pour l'y pousser. La porte claqua juste derrière lui et là, tous les regards se tournèrent vers Camille.

    Affichant son visage hautain inexpressif, elle se sentait perdue. Devait-elle revenir sur sa décision ? Devait-elle continuer au risque de le faire tuer ? Si elle changeait d'avis : elle perdrait toute autorité dans son casino. C'était trop tard pour se dégonfler, ça l'était toujours dans ce milieu et elle le savait pertinemment. Restait donc à choisir son adversaire, à déterminer quel Pokémon allait tuer son frère. Camille cogitait : avait-elle une créature qui pourrait ne pas vaincre Derek mais qui donne l'illusion qu'elle n'avait pas cherché à l'épargner ? Si elle ne voulait pas le tuer, elle allait devoir abattre ses cartes avec sagesse et là, en regardant ses options, elle se sentie incroyablement limitée par la situation...

    J'attendais donc le verdict dans la cage, à savoir ? Quelle bestiole j'allais devoir affronter pour tenter de survivre. La porte s'ouvrit en face de moi, un grognement suivit d'un bruit galops résonna dans le couloir jusqu'à ce qu'apparaisse à vive allure le Pokémon. Un énorme buffle enfin un taureau plutôt, désolé j'y connais rien en terme de bovin. Reste qu'il était impressionnant, trois queues qui fouettaient l'air et des cornes qui ne me donnaient pas envie de m'en approcher. Je lançais un bref regard à Camille : elle comptait vraiment me tuer en fait ? Hors de la cage, les gens hurlaient en cœur le même mot :
    – Corrida !!
J'sais pas trop ce que ça voulait dire mais bon. Quelqu'un me balança un nappe d'une table comme si ça allait me servir pour me défendre. Quelques uns hurlaient à mon égard d'utiliser le napperon pour attirer le Tauros afin de l'esquiver au dernier moment. Ok, risquer ma vie mais... dans quel but ? Si j'amusais la galerie, on me sortirait de là à temps ?

    Des hurlements retentirent de nouveau et ce n'était pas la foule cette fois, ça semblait provenir du couloir d'où était apparu le Tauros. Un puissant rugissement d'une créature, je vis certains videurs se diriger rapidement dans une direction pendant que ma soeur hurlait des ordres à son tour. Un certain élan de panique venait de gagner les gorilles chargés de la sécurité. Parf...

    Un violent choc me coupa la respiration et me sorti de mes pensées. À cet instant précis : je ne réfléchissais plus, je ne respirais plus, je n'étais qu'une sorte de poupée de chiffons qu'on venait de projeter avec force. Mon corps entier n'était que douleur. Je roulais sur le sol, crachant du sang : j'avais sûrement une côte fêlée au minimum. Le Tauros ne s'était pas trop occupé du raffut et s'était contenté de me charger avec force et fracas. Il grattait ses sabots sur le sol de l'arène et soufflait fort, prêt à foncer de nouveau sur moi qui peinait à me relever. Un autre choc comme ça et je pense que je passe de vie à trépas ! J'avais appris à me battre un minimum enfin à e défendre, mais face à ça... Compliqué quand même...

    D'autres cris résonnèrent, je vis sortir du couloir une sorte de créature sphérique violette dont s'échappait du gaz ou de la fumée. Un Ecremeuh suivit, roulant à toute vitesse accompagné d'un Sabelette, les deux percutèrent le grillage de la cage avec force pour le faire voler en éclats. D'autres Pokémons sortaient à leurs tours du couloir, le Tauros fonça également dans la brèche et rapidement toutes ces bestioles s'attaquèrent aux gens sur leur passage. Me tenant les côtes à cause de la douleur, je sorti par le trou dans le grillage pour me sauver de là. L'hurlement de ma petite sœur me parvint aux oreilles, un cris qui me fit froid dans le dos : elle était coincée dos au mur et faisant face à la créature qui crachait des nuages toxiques. Je ramassais rapidement mon sac, ma ceinture et mes balles pour me diriger vers elle : elle avait beau voulu me malmener ou même me tuer, je ne me voyais pas la laisser mourir sans rien faire.

    Je dégainais de mon sac un tonfa que j'avais trouvé dans des ruines, celles où j'avais fais la connaissance du P'tit Gros, mon Groinfrex. L'arme avait été abandonné par quelqu'un et je m'étais dis qu'elle pourrait servir : ce moment était venu ! Je collais un coup - comme je pus, je ne savais pas trop manier ce genre d'arme - dans le dos de la bestiole qui fut projetée sur le côté en crachant un épais nuage de brouillard. Je toussais car ça me brulait autant le nez que la gorge ou encore les yeux tout en tendant une main à Camille pour qu'elle me suive et qu'on quitte cet enfer.

    D'ailleurs, qu'est-ce qui se passait ici ? Qui avait libéré toutes ces bestioles ? Et où était Axel ? J'commençais à penser qu'il n'était pas innocent dans cette affaire et j'espérais qu'il aille bien. Je me tournais machinalement vers l'arène pour voir le mur exploser et apparaître un énorme Pokémon vert.
    – Sérieusement... c'est... quoi ce BORDEL ?!

    D'autres Pokémons continuaient de sortir du couloir pour s'enfuir. Une bonne partie courait après les clients du bar, je vis un mec se faire projeter par un coup de crâne du Tauros, ayant moi-même subit le coup, je ne pouvais m'empêcher de compatir pour ce pauvre type. L'Insecateur déboula à son tour et deux gardes se jetèrent sur lui pour l'immobiliser, l'un des gorilles se mangea un magnifique coup de griffe enfin de lame, ça virait au carnage cette histoire. Ma sœur attrapa finalement ma main, je l'écoutais respirer difficilement et ce n'était pas uniquement à cause de la peur, elle aussi avait du respirer ce gaz toxique de l'autre bestiole violette, j'crois que c'était un Smogo. Parmi la foule, j’aperçus alors Axel qui venait dans ma direction, il esquiva une attaque pour finalement arriver à nous. Il me demanda si ça allait pour m'expliquer ensuite que c'était lui qui avait libéré tous ces Pokémons, ceux-ci allaient sûrement chercher un moyen de s'enfuir. Certes ça nous offrait une belle diversion mais ça nous mettait également en danger.

    Il remarqua la présence de Camille et s'arrêta net dans ses explications, ne sachant plus trop quoi dire. Je sentais ma frangine un peu crispée et lui mis une tape dans le dos pour lui faire comprendre qu'elle devait se calmer.
    – C'est ma petite sœur, je l'avais pas vu depuis si longtemps que je ne l'avais pas reconnu tout de suite, lâchai-je de manière désinvolte. On s'est un peu pris la tête et elle voulait me faire affronter un de ses Pokémons dans la cage, c'est là que tout est parti... en couilles, ouais je vois pas de meilleur descriptif à ce bordel.
    – Vous savez le temps qu'il a fallut pour les capturer ? L'argent que ça a couté ? Si le casino est détruit ou que tous les Pokémons s'échappent, je serai aussi recherchée que toi !
    – Bien, toi aussi tu pourras faire quelque chose de ta vie qui ne soit pas lié à cette organisation d'enfoirés.
Camille me foudroya du regard pendant que je lui souriais, fier de ma petite vanne. C'est là qu'Axel chercha autour de lui, il avait semble-t-il perdu quelque chose... Il finit par lever les yeux sur l'énorme créature qui écrasait tout sur son passage. Et sur la tête de la bête se trouvait le Pokémon d'Axel. D'accord, pourquoi pas ?

    L'énorme monstre semblait préparer une puissante attaque, Axel courat dans sa direction en lui hurlant d'arrêter, je tentas brièvement de lui dire de s'éloigner mais... de toute évidence, il ne m'entendit pas. Je soulevais Camille pour la porter comme un sac à patates, elle était toujours pâle et essoufflée à cause du Smogo, afin de pouvoir m'éloigner rapidement enfin le plus que je le pouvais dans ma situation. Je me dirigeais vers les escaliers pour fuir cet endroit sauf que les autres clients faisaient la même chose et c'étaient donc amassés là, bloquant plus qu'autre chose le chemin... On était donc coincé dans cet enfer ?
    – Camille, une suggestion ?

    J'avais vaguement regardé Axel foncer sur l'énorme Pokémon, il voulait sûrement récupérer le sien qui était grimpé sur l'imposante bestiole. De son coté, Camille n'avait pas de suggestion pour sortir d'ici, hormis hurler qu'elle voulait que je la pose alors que crier l’essoufflait déjà terriblement. On va pas se mentir, si je la laisse courir, elle va s'effondrer à cause du nuage toxique qu'elle avait inhalé un peu plus tôt. Serrant d'une main la cuisse de ma frangine pour ne pas qu'elle tombe de mon épaule, je décrochai une balle de ma ceinture. J'avais peut-être bien une idée même si elle me semblait un poil farfelue... Enfin quand on observe tout ce bordel, peut-on vraiment parler de logique ou d'organisation ? Non, c'était l'anarchie où l'illogique devenait logique ou un truc du genre. Pourquoi je me lance dans des débats philosophique dans des moments pareils, sérieux ?

    Léo sorti de sa Pokéball et me lança un regard intrigué. Il ne comprenait pas pourquoi c'était la panique aux alentours ni ce qu'il devait faire. Sans prendre le temps d'expliquer, je fis basculer Camille de mon épaule pour qu'elle tombe dans les bras du jeune Kicklee qui l'a rattrapa avec des réflexes dignes d'un pratiquant des arts martiaux.
    – Léo, tu saute, tu latte à coup de pied ou tu pousses les gens pour sortir d'ici. Tu te débrouille comme tu veux tant que tu garde la demoiselle en sécurité. D'accord ?
Il secoua vigoureusement la tête en signe d'approbation avant de s'élancer d'un coup dans la foule. Ses jambes s'étirèrent et en un instant il bondissait au dessus d'une dizaine de personnes pour atterrir plus loin. C'était simple dans un espace vaste comme ici et j'espérais que ça ne se corserait pas trop pour lui dans l'escalier qui est bien plus petit...

    Je me retournais pour voir où en était Axel quand je fut percuté par quelque chose qui m'envoya au sol. Le souffle coupé ma tête vint en prime heurter le pavé ce qui me déboussola énormément. Il me fallut plusieurs secondes pour parvenir à reprendre mes esprits, à retrouver la motricité de mes membres ainsi que remettre dans l'ordre d'où était le haut et le bas. Un Rattatac m'avait foncé dessus et semblait bien décidé à recommencer, c'est du moins ce que me faisait penser ses grognements de plus en plus fort. Je titubais en me redressant, l'arrière du crâne très douloureux, j'avais au minimum une grosse bosse voire une petite commotion, putain d'embrouille.

    Le rongeur me fonça dessus et bondit tout crocs dehors. Je fis un pas sur le côté, fier d'avoir réussi à antici... Quelque chose me retint dans mon élan et me fit partir en arrière : les dents du Rattatac avaient saisit ma veste et il m'entrainait dans sa course pour me renvoyer au sol avec fracas... Encore. J'attrapai une canette qui jonchait le sol pour l'exploser sur le crâne de l'animal qui lâcha enfin ma veste, celle-ci était déchirée et dans un triste état. Dire que je l'aimais bien et qu'elle m'avait coûté cher. Enfin ce n'était pas le moment d'être matérialiste, j'aurai d'autres vestes, d'autres pokédollard mais j'avais qu'une vie ! Je m'élançais pour rejoindre la foule et foutre le camps d'ici quand le sol se déroba sous mes pieds... SÉRIEUSEMENT ?

    C'était quoi cette journée de merde et cette obsession à me foutre la gueule au sol ?! Quoiqu'en fait, il n'y avait plus de sol mais un trou, une sorte de tunel où je dévalais tête la première comme dans un toboggan sauf que là c'était moins fun car je n'y voyais rien. Seule ma voix résonnait contre la paroi car oui, j'vous le cache pas : j'hurlais comme une jouvencelle qu'on tenterait d'égorgée. Je terminais alors ma course dans une grosse flaque, par chance celle-ci amortie la chute. Quelques secondes après quelqu'un d'autre vint faire trempette en atterrissant à son tour. Je sorti un tonfa et mon poignard pour me défendre... On est jamais trop prudent. Avant de me rendre compte qu'il s'agissait d'Axel et deux de ses Pokémons.

    Au-dessus de nos têtes, la panique continuait, on pouvait entendre les hurlements de la foule ainsi que les nombreux cris des créatures maintenues en captivités et torturées. Je rangeais ma lame, gardant le tonfa - au cas où - pour libérer Écho de sa balle. Une chauve-souris pour nous indiquer le chemin dans un tunnel humide et sombre me semblait on ne peut plus approprié.
    – Tu vas bien ? demandai-je d'une voix rauque, légèrement cassée après avoir hurlé. T'as récupéré tes Pokémons ? J'te propose qu'on suive ma Nosferalto, elle devrait facilement se repérer dans ce genre de lieu.
Ma voix résonna contre la roche, me rappelant honteusement le passage où j'avais hurlé comme une gamine mais je gardais ce détail pour moi.