#12 Les Vacances d'Anna [patrouille] [spec]

La blessure d’Anna mettait du temps à se soigner et la compagnie Manaus avait décidé de prendre des vacances bien méritées sur l’archipel de Chunya. La traque de l’Empiflor dominant avait bien payé : elles étaient officiellement riches. Il était temps d’acheter du matériel et de se reposer.

Anna avait proposé l’archipel de Chunya. Les falaises de l’ancienne île de Taiwan était réputées pour être magnifiques, et la faune typiquement asiatique qui y traînait intéressait tout particulièrement Anna, qui s’était fait une nouvelle amie sur le SIS Network.

L’amie en question, une scientifique américaine, cherchait des pokemons asiatiques pour ses articles, et Anna s’était proposé de lui en faire parvenir quelques uns. Elle n’avait pas envie de posséder d’autres pokemons elle-même, mais si elles pouvaient en capturer quelques uns et les observer avant de les envoyer, elle serait ravie.

C’est ainsi qu’Anna s’était retrouvée à gambader dans la jungle assez tranquille, accompagnée de la compagnie Manaus au complet qui en profitait pour faire une patrouille de routine.

”Oh regardez ! Un adorable petit chenipan !”

Anna était très enthousiaste à l’idée de capturer tout un tas de petites bêtes. Joan, un peu moins. Mais Anna avait beaucoup souffert ces dernières semaines, à cause de sa blessure qui s’était infectée et du temps qu’elle avait passé au lit, aussi personne ne fit de remarque. C’était agréable de voir Joan s’amuser..

Elle venait de capturer le chenipan à mains nues et l’avait enfermé dans une pokeball sans même que le machin la pique - Neige était plutôt impressionnée de sa dextérité.

Alors quelle rangeait la pokeball, un pokelon descendit en piqué sur Anna et la projeta à terre.

C’était un volatile assez teigneux, nota Neige.

”Hey Anna, tu te fais attaquer par un Canarticho. Tu veux un coup de main ?”

Anna grimaça en se relevant.

”Non, ça ira. Vous ne savez pas faire dans la dentelle. Et j’en ai besoin vivant !”

Elle attendit que le pokemon redescende vers elle en piqué et elle lui balança un filet sur la tête, provoquant davantage encore sa colère.

”Cobalt m’a dit qu’elle en voulait un vivant !”

Neige rigola.

”Tu te fais des amis sur l’internet. C’est mignon.”

Anna haussa les épaules.

”Je la connais depuis longtemps. Elle s’y connaît pas mal en pokemons. C’est utile, même si je ne veux plus devenir dresseuse. Elle m’envoie des informations vraimen utiles des fois. ”

Elle rammassa le Canarticho énervé qui était coincé dans son filet.

Le canarticho coincé était passablement énervé mais Anna n’y prêta pas attention ; elle se contenta de le capturer dans une de ses pokeballs et de le ranger dans son sac, avec le chenipan capturé un peu plus tôt.

”C’est sensé être des vacances mais j’ai déjà mal partout.” grommella l’adolescente avec une pointe d’aigreur. Neige ricanna mais ne fit pas de remarque sur ce sujet.

”Je vais t’aider pour les suivants, t’inquiètes.” proposa-t-elle gentiment en dégainant son wakisashi. Devant l’air courroucé d’Anna elle ajouta : ”Non non je ne vais pas utiliser l’estoc ou la lame, je ne suis pas stupide, j’ai bien compris que tu voulais les capturer vivants.”

Derrière elle, Joan rit doucement. Neige lui jeta un clin d’oeil, auquel la jeune femme sourit, espiègle. Depuis le combart contre l’Empiflor dominant, Neige et Joan se parlaient un peu plus souvent. La blonde s’était beaucoup détendue.

Leur pause fut de courte durée : Anna avait repéré deux nouveaux pokemons et s'échinait déjà à les coincer.

Anna avait refusé l’aide de Neige et était partie devant avec Manaus pour continuer d’attrapper des petits pokemons à offrir à ses amis virtuels. Neige sourit à Joan.

”Je suis contente de voir que tu vas un peu mieux. Tu n’étais pas en bonne forme quand on t’a récupérée, il y a quelques semaines.”

Joan lui jeta un regard interrogateur puis s’exclama :
”Je ne te permets pas de critiquer ma forme, Neige !” Elle sourit, taquine. ”Je suis heureuse d’être tombée sur vous. Sur toi particulièrement.”
“Ah ?”
La cynique Neige était prise au dépourvu. Elle ne savait pas trop quoi penser de cette affirmation.
”Oui,” poursuivit Joan, ”j’aime passer du temps avec toi. On n’est pas obligée de parler, on peut marcher l’une à côté de l’autre sans réfléchir et j’aime ça.”
”Je vois.”
Joan sourit à nouveau.
”Et puis tu es jolie et sombre à la fois, ça donne envie de t’allumer.”
La blonde lui lança un grand sourire charmeur. Neige était bouche bée. Elle ne s’attendait pas à ça.

Neige s’arrêta sous un arbre et regarda Joan avec stupéfaction.
“Tu me dragues, Joan ?”
La blonde sourit.
“Ne sois pas si surprise. Je vois bien comment tu me regardes. Tu n’es pas très discrète, Neige.”
Neige balbutia, prise au dépourvu.
“Euh…”
Mais Joan en avait marre d’attendre. Elle colla Neige contre l’arbre et s’approcha à quelques centimètre d’elle, sa poitrine tout contre la sienne.
“On passe nos journées ensemble et on partage des chambres tout le temps. Ma patience a des limites.”

Et sans lui demander son avis, elle l’embrassa. Ce n’était pas un baiser chaste - c’était définitivement un baiser d’adulte. La langue de Joan caressait ses lèvres, trempait, cherchait - et Neige commença doucement à fondre. Elle en avait envie. Depuis le premier jour qu’elle avait vu Joan, debout sur cette vieille autoroute, pyromane angélique, elle l’avait désirée. Elle avait caressé la courbe de ses hanches cent fois en rêves. Elle n’avait pas été discrète, non, mais pour sa défense, le désir était fort. Quelque part à l’intérieur de Neige, une corde se délia, et Neige lui rendit son baiser, sauvagement. Aucune des deux femmes n’était innocente. Manaus et Anna étaient loin. Elles étaient seule. Et Neige brûlait, brûlait d’un feu que Joan avait allumé avec grâce.

Joan était légèrement plus petite que Neige et beaucoup moins musclée, mais ses mains plaquaient fermement les hanches de la guerrière contre l’écorce alors qu’elle caressait de sa langue ses lèvres, encore, et encore, et encore, et Neige haletait, courbée sous la caresse, alors que les mains de Joan descendaient, cherchaient la peau entre les tissus et le fer. La forêt bruissait de mille petits animaux, de mille étoiles pendues à chaque branches. Le vent travaillait les feuilles comme un ébéniste patient ; et Neige, Neige cherchait sa respiration alors que Joan la caressait, encore, et encore, et encore.

Étrangement, alors que tout dans leur caractère et dans leur gestes quotidiens laissait à penser que Neige dirigerait les caresses, il n’en était rien - Neige était une poupée de peau et d’ébène sous des mains de paysanne ; caressée comme une machine dans un champs de soleil.

Le baiser dura plusieurs minutes, de longues, longues minutes de tendresse humide et de souffle coupé. Les bras de neige était remontés s’enlacer autour du cou de Joan alors qu’elle glissait doucement contre le tronc de l’arbre. A un moment, Joan s’écarta doucement de quelque centimètres pour reprendre son souffle, posa son front contre celui de Neige et murmura :

“Neige… J’ai vraiment, vraiment… vraiment envie de toi…”

Et Neige laissa le murmure des arbres répondre, alors qu’elle approchait une nouvelle fois ses lèvres.