Seraphine "Finn" Fujii

Abandonnée devant la porte d’un magasin de jouets, Seraphine, ou Finn comme on l’appelait d’ordinaire, grandit dans le calme tout relatif de l’institution “The Un-Lovdiscs” pour orphelins. Cette enfance doucement ponctuée par les explosions des sociopathes en herbe (comme Eliott Applesauce von Meow Meow pour ne pas le citer) ne rendit pas la jeune fille moins douce et aimante (si ce n’est carrément masochiste) : si elle se faisait du monde l’image d’un endroit sordide et désespérant, elle croyait aussi fermement que l’amour sauverait l’être humain de son extinction prévisible ; elle passa donc toute son adolescence à lire des romans à l’eau de rose impliquant généralement deux jeunes femmes (ou davantage), liant des relations à la fois improbables et prévisibles et s’offrant leur corps et leur coeur pour la vie devant des grands champs de fleur ou sur des draps mouillés d’ébats fiévreux. De ce côté là elle n’était pas en retard.

Il était difficile de dire exactement à quel moment la bifurcation avait eut lieu, car rien dans le paysage mental de Finn n'avait semblé préparer le terrain psychique à un quelconque chambardement. Toujours est-il qu’un jour, alors qu’elle sortait acheter de la lessive dans le centre-ville pour le pensionnat où elle travaillait, elle croisa une femme à la chevelure rousse qui faisait les boutiques accompagnée de deux gardes du corps. La femme ne lui accorda pas un regard, mais Finn tomba instantanément sous le charme, comme frappée par la foudre. (ou écrasée par une carotte cosmique) Quand elle demanda au marchand, un peu plus tard, si il connaissait la femme, celui-ci la prit de haut.

“Bien sur que je la connais ! C’est April Summers, l’héritière à la tête de tout un pan de la Sunrise !”

Finn n’avait jamais entendu parler de la maison Summers, mais elle acheta immédiatement tous les magazines qui parlaient d’elle. Elle mit de l’argent de côté et acheta un SIS d’occasion, grâce auquel elle put lire tout ce que le SIS network avait comme informations, interviews, podcasts… sur April Summers. Plus elle regardait, plus elle écoutait, plus elle lisait, et plus sa fascination grandissait. L’admiration frisait obsession, et l’obsession faisait un lit confortable au creux de Finn.

D’aucun pourraient jeter sur les sentiments de Finn un regard très critique - certains l’avaient fait, accusant la jeune femme d’avoir créé cet amour de toutes pièces, sans doute pour se sentir exister ou pour faire l’intéressante. Sous-entendant que ce qui la dévorait n’était rien d’autre qu’un monstrueux golem, une construction de la psyché au rôle sordide qui ne méritait pas d’être vu comme une passion de l’âme et de la poitrine. Expliquant que Finn avait besoin de cet amour plus qu’elle n’avait besoin d’April elle-même. Pour les mauvaises langues, cette obsession disait davantage de choses sur les psychoses de Finn qu’elle n’en disait sur ses sentiments pour la riche héritière.

D’autres cependant diraient qu’il faut beaucoup de courage pour laisser une telle place à quelqu’un au fond de soi ; et que bien d’autres femmes plus simples ou plus accessibles auraient pu être l’objet de son affection. Mais Finn voulait April Summers. Elle la désirait tellement qu’elle ne pensait qu’à ça : le matin, le midi, le soir, elle ne pensait qu’à April, elle ne lisait qu’April, elle n’écoutait qu’April. Une ombre avait prit possession de ses pensées et ses gestes se faisaient plus rares, plus désordonnés. Finn se perdait.

Elle ne se fit jamais une raison. Elle ne jeta jamais son dévolu sur quelqu’un d’autre. Elle ne rangea jamais April Summers sur l’étagère des souvenirs d’adolescence. Et ce désir douloureux finit par être trop. Ce chagrin d’amour infini - car c’était de cela qu’il s’agissait - ce chagrin d’amour infini la brisa.

C’est sans doute quelque part au milieu de ces années-là que la bifurcation eut lieu - assise au bar d’un café, à la supérette du coin, ou en train de donner le bain à un marmot, ou peut-être un matin, au réveil d’une nuit plus dure que les autres. Finn se scinda. Mise devant le fait accompli que Finn seule ne suffirait pas, jamais, à obtenir l’attention d’April, elle se scinda très distinctement en deux ; et ainsi naquit Sera. Sera était très différente de Finn. Sera était non-binaire. Sera était ambitieuse. Et Sera avait la haine. La haine grave.

Finn est douce, aimante, aime les romans à l’eau de rose et la romance pure et naïve entre deux femmes qui s’aiment d’un amour éternel et relativement chaste. (relativement hein, n’exagérons rien : Finn a des besoins physiques comme la plupart des gens) Elle a peur du conflit et fait preuve d’une humilité louable (voire un peu excessive) en tout lieu. Elle est, inutile de le dire, très amoureuse d’April Summers, même si elle ne l’a vue qu’une seule fois en vrai. Elle se coupe et se brûle souvent sans faire exprès. C’est Finn qui habite Séraphine la plupart du temps.

Sera est… Plus sombre. Non-binaire, ambitieuse, tourmentée, elle ne fait preuve d’aucune humilité - ce qui la sauve d’elle-même. Stratège de génie, elle ne s’auto-limite pas. Tout est possible pour Sera : y compris de devenir la meilleure dresseuse ; y compris de battre tous les champions d’arènes ; y compris de devenir la championne invaincue du dressage de pokemons et trôner aux côtés d’April dans la Sunrise League à la tête du monde.

Alors qu’au fond, si on regarde les choses en face, Seraphine est pauvre, sans éducation, à peine sortie de foyer, et n’y connaît rien en pokemons.

Mais Sera s’en fiche ; Sera est un bundle de névroses non-résolues et d’incroyable vitalité. Quand Sera pense à April, elle se saisit d’un verre ou d’une bouteille et l’éclate sur un mur ou sur le sol, et frappe, et frappe, et frappe, jusqu’à ce qu’il y ait du sang partout, jusqu’à ce que la douleur doucement la rappelle au monde et caresse sa rage - Sera répond à l’impuissance par la colère, contre elle et contre les Choses ; Sera est une vitalité inépuisable, une source infinie d’envie de vivre.

Il y a ceux qui la pensent folle, bien sur ; il y a toujours des esprits chagrins pour critiquer l’aisément criticable ; pour cacher le regard du delà des choses. Ils n’ont pas tort : Sera n’a pas toute sa tête. Littéralement. Finn est là avec sa douceur, sa gentillesse, son infinie tendresse, pour expliquer, pour compliquer - Finn était là avant. Finn est la raison de Sera.  

Folle, sans doute. Mais “les fous, ce sont ceux-là qui pour d’autres se prennent.”

Seraphine est une grande femme brune aux longs cheveux, qui porte souvent des longs yukatas ou des kimonos de travail dans les coloris roses, rouges ou oranges, particulièrement quand elle garde les petits au pensionnat. Il n’y a que peu de différences physiques entre Finn et Sera ; la première a souvent les cheveux détachés et un air aimable et doux, tandis que la seconde a les cheveux attachés, des bandages autour des mains le plus souvent, et une attitude athlétique, presque aggressive.

Les deux ont beaucoup de brûlures et de cicatrices sur les zones de peau visibles à l’oeil nu, preuves d’accident plus ou moins nombreux et plus ou moins programmés. Bien qu’elles s’habillent de façon traditionnellement japonaise, leur couleur de peau plutôt pale et rose et leurs yeux ronds et bruns rappellent davantage les ethnies occidentales, sous-entendant une ascendance étrangère récente, peut-être européenne.

Séraphine a la voix grave et douce, qui prends des accents plus durs quand Sera prends le contrôle.

Surnom : Compote Espèce : Caratroc Genre : Femelle

C’est Sera qui a choisi le pokemon de départ de Seraphine ; c’est Sera la dresseuse. Finn est spectatrice. Si Finn avait du choisir un pokemon, elle aurait probablement choisi Feunnec, pour avoir le même pokemon qu’April, mais Sera a choisi. Et Sera s’en moque des pokemons. Elle est là pour gagner.

Aussi, elle n’a pas de temps à perdre avec un starter : il lui faut un pokemon solide pour tanker un pokemon sauvage de bon niveau pendant qu’elle le larde de pokeballs. Sera a l’intention d’aller directement attrapper un Sabelette et un Racaillou dans les ruines de tokyo pour exterminer l’arène de Khiem ; il lui faut donc un pokemon solide pour résister aux attaques des pokemons puissants du coin.

Après avoir longuement étudié ses options, elle s'est trouvée très peu satisfaite des pokemons proposées par le recruteur de la Sunrise. Elle s'est donc tournée vers le "marché gris", la zone de pratiques limites - pas illégale, non, mais moyennement autorisé. Un peu comme toutes les stratégies qu'utilise Sera en somme.  

Elle a donc trouvé un dresseur bien meilleur qu'elle qui disposait d'une large collection de pokemons, parmi lesquels un pokemon un peu nul mais ultra-résistant : le Caratroc, une bête tortue européenne.

Elle lui proposa de laisser tomber la pokeball par terre... Par erreur... Si elle-même laissait tomber son starter par terre... Par erreur... Ce n'était pas vraiment un échange ou une façon pour le type d'accumuler des starters, bien entendu. Juste un geste malencontreux dans une ruelle pas très éclairé.

Et c'est ainsi qu'elle se retrouva en possession d'un Caratroc tout nul.

Elle l'appela Compote, parce que ça plairait probablement à April, et puis aussi parce qu'il était tout mou et que sa coquille ressemblait un peu à un pot de compote.

Cela dit, elle s’y réfère le plus souvent comme étant “n°1”. N°1 est un caratroc tout ce qu’il y a de plus banal : il se cache dans sa carapace quand il a peur et n’est pas spécialement aggressif ou actif.

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