#16 L'entraînement de Neige [spec] [hypertrain]

Pendant qu’Anna s’entraînait pour l’arène avec Manaus et que Joan se reposait (non sans râler un peu qu’elle s’ennuyait), Neige avait décidé de se faire une petite session également. Ça faisait un moment déjà qu’elle rêvait d’un moment à elle pour se dérouiller et tester quelques petites choses. Ça tombait bien, Maria ne voulait pas ferrailler aujourd’hui. Le moment était donc bien choisi pour un entrainement maison.

Au sud d’Hikarin, une forêt touffue pleine de monstres plus puissants s’étalait jusqu’à la côte de Chunya. Il s’agissait principalement de volatiles en tout genre : Piafabecs, Rapasdepics, Roucoups et Canartichos peuplaient les îlots et les falaises. Neige détestait se battre contre les oiseaux monstrueux, en général. Elle se sentait faible et imprécise. Elle n’avait pas oublié sa quasi défaite dans les ruines de tokyo, et l’état dans lequel elle avait fini.

Elle dégaina son katana en pénétrant dans la forêt. Prit plusieurs inspirations. L’objectif ? Un maximum de mise à morts en un minimum de temps. Et en un minimum de gestes.

Une seconde s’étira - et d’un coup, d’un mouvement de talon, elle s’élança en avant, le pas léger, cherchant à se déplacer aussi vite que silencieusement.

C’est une danse? C’est un tango? Ou bien c’est simplement le plus grand fournisseur de volaille de KFC. Armée de son long couteau de chef, Neigephiroth se faufile sur l’île, calme comme un chaton en chasse, les fesses remontées et qui gigotent, puis, boum, un premier Canarticho prêt pour devenir un canard à l’orange, une spécialité asiatique qui n’a toujours pas disparu du continent.

On est à six mouvements, et on est déjà prêt pour un repas. Mais Neige semble avoir faim, et elle continue ses pas feutrés, à la recherche d’une autre volaille. À défaut de s’ouvrir une rôtisserie et/ou avoir de la compassion pour les Pokémons, autant mieux faire le petit poucet trash et laisser une trace de cadavre d’oiseau sur son chemin, pire qu’un renard dans un poulailler. Et ça tombe bien, parce que le Renard, c’est pas Neige, c’est Joan.

Oh, un Piafabec, ce bouclier parfait. Il fonce droit sur Neige. Qui sera le repas de qui? Mais la chasseuse évite le PicPic au dernier instant, et l’oiseau d’empaler sur la lame.

Bon, on oublie le KFC, on s’ouvre un kebab.

Droite, gauche, droite, gauche. Les arbres défilent alors que Neige court un rythme d’endurance, cherchant une proie qui se pense prédateur. Au début elle ne croise rien, puis au bout de cent mètres, un premier volatile essaye de s’en prendre à elle. Un piafabec bien hargneux. C’est là qu’il faut respecter l’art du katana. La cible est petite et en mouvement rapide, mais Neige a lu, écouté, et s’est beaucoup entraînée. Elle plonge en avant, gracile, et découpe net la tête de l’animal. Le sang gicle sur l’herbe ; elle ne s’arrête pas. Elle poursuit son avancée entre les arbres, droite, gauche, droite, gauche. Un second volatile croise sa route. Toujours un piafabec. Ces saloperies. Le temps se suspend, son katana fouette l’air, crac, coup sec. Aile arrachée. Sans ralentir elle l’achève en l’embrochant, et projette la carcasse d’un mouvement fluide contre un arbre. Elle continue sa route. Et de deux. Le plus compliqué est à venir. Un rapasdepic vient de prendre son envol, une cinquantaine de mètres plus loin. A en juger par son regard, il l’a aperçue. Et elle est sur son territoire. Bien. Elle sourit. Que le spectacle commence.

C’est un tango, le tango du chasseur. One two step, one two jab, one two slash. Tel un manga avec un personnage trop habile, les plumes virevoltent et tombent aux sols, un peu plus lentement que leurs propriétaires un peu moins complet qu’ils ne l’étaient quelques instants auparavant.

Beaucoup de mort, peu de considération, peu de respect. Certaines tribus de l’Ancien monde aurait été outré par le carnage. Mais Neige semble dénuée d’empathie. Et puis, elle voit ce qu’elle recherchait. Le plus gros poulet. Ça, ça en ferait de la poitrine et des cuisses! Et c’est un truc que Neige aime bien, d’ailleurs!

L’énorme volaille aux grandes ailes vole au-dessus de sa proie. Ou le prédateur danse comme dans Kill Bill sous sa proie, ça dépend des perspectives. Peu importe a Rapasdepic. Neige a tué son fils, et il ne laissera pas cette mort sans rien faire. La lame que porte l’humaine est étincelante, mais pas assez pour contrer l’aveuglement de rage qui possède le Pokémon vol.

Il plonge. Elle attend. Il arrive à destination, Neige aussi.

Le rapasdepic est un animal trompeur. A la différence de son stade antérieur d’évolution, il est relativement gros, ce qui le rend facile à toucher. Il compense en revanche sa taille importante par une force brutale dans le cou, et un bec tranchant comme un sabre. C’est la raison sans doute pour laquelle Neige, profitant de la qualité des lames japonaises, s’attaque en priorité à sa gueule.

Le rapasdepic se pose pratiquement sur elle et lance un puissant coup de bec en avant, mais Neige esquive avec une apparente facilité. D’un coup de katana qui semble suivre fluidement son déplacement, avec une économie d’énergie qui ferait le plaisir de Manaus, elle sectionne le bec de l’animal qui pousse un cri de rage. Elle tourne, prends un autre appui, esquive un coup de griffe rageur. Rester dans la fluidité, toujours - les animaux ont des attaques prévisibles. En tout cas les Rapasdepic. Il suffit de lire leur schéma principal. Neige commence à le comprendre. Elle esquive un autre coup de pattes, et toujours fluidement, sectionne par derrière les deux pattes du rapace, qui pisse à présent le sang. Il a perdu en réflexe, il est pris par surprise : c’est fini. Sans même le regarder ou le respecter, d’un violent coup de taille, elle lui ouvre le ventre dans toute sa largeur. L’animal agonise.

Sans lui accorder un regard, elle l’enjambe et continue sa course dans la forêt.

Ce qui est cool avec Neige, c’est que ses réflexes sont tellement aiguisés qu’elle n’aurait presque pas besoin d’aiguiser son katana. Lorsque le patron de la mafia aviaire plonge vers elle, bec vrilleur, il n’a aucune idée que la Ranger est en fait une bouchère experte en volaille. La taillade qui reçoit lui coupe le souffle - littéralement - en en deux temps, il est au sol, agonisant.

C’est triste, quand on y pense. Toutes ses années à s’entraîner, à survivre à des affrontements contre ses congénères, survivre sur des miettes et des poussières, pour se fire anéantir d’un seul coup par un Ranger au katana fluide. Les yeux de l’animal se ferme.

Neige, de son côté, sent que son entraînement matinal du matin est complet. Elle est maintenant bien réchauffée, mais rien ne s’est passé pour qu’elle débloque le prochain niveau de Super-Neige. Après tout, se promener et tuer deux trois poulets, c’est son mardi matin.

La question qui tue : Maintenant qu’elle tente de s’auto-hypertrainer, qu’est-ce qu’elle fera pour débloquer ses nouveaux pouvoirs.