Chapitre 48 - At the topinambur of the World [spec][patrouille]

B.M. C’est plutôt venteux, dans les hauteurs de Babel. Un vent qui pourrait rappeler Wheelfield pour sa constance, mais un vent différent. Si, à Wheelfield, on peut voir quelques dresseurs tenter d’imiter le Champion local en surfant les courants de vent à dos d’un Pokémon fraîchement évolué, ici, c’est différent. Chaque bourrasque est dangereuse, autant dans la ville des vents et ses canyons battus à grandes rafales qu’à Babel. C’est juste que chaque bourrasque semble amené une promesse de violence, une promesse de danger et de trépas imminent. Même Newton, spécialiste de gravité inexistante, n’arriverait pas à trouver son pied ici, aussi près et aussi loin du Paradis que l’on peut être. Et c’est exactement à cet endroit que débouche le Ranger et le samouraï après une longue ascension du pied de Babel.

«C’est un rare cas où j’aurais pris l’ascenceur.» s’exclame Nate, tout en se retenant pour ne pas être renversé par un afflux particulièrement puissant de vent. Ses jambes endolories sont pourtant habituées à de longs efforts, mais il faut dire que de gravir des centaines, voire des milliers de paliers d’escalier, il y a peu d’entraînement qui peuvent vous préparer. S’étirant, il regarde le samouraï faire de même. Même le vétéran dresseur semble avoir trouver chaussure à son pied devant ce vertigineux défi. Un parcours empli d’affrontements contre de violents Pokémons sauvages et de pauses intermittentes pour aucune raison. Silence grogne, affiche un demi-sourire, seulement visible par le petit rictus et les pattes d’oies qui se forment à côté de ses yeux, le reste de son visage couvert par son masque. «Mais bon, maintenant qu’on y est, on va pouvoir classer l’affaire conclue, je suppose. Reste juste à s’assurer que les lieux sont assez sécurisés pour le prochain challenger, je suppose. » ajoute-t-il, passant sa main dans ses cheveux, tentant de les mettre en place dans un combat perdu d’avance avec les conditions climatiques.

Parce que le Ranger est en patrouille, techniquement. Mais contrairement aux patrouilles dans le reste des zones contrôlées - plus ou moins - par la Sunrise, Babel n’a pas besoin d’envoyer d’alerte aux Rangers pour un danger différent des rudiments de la route. À Babel, on y va et on tente d’y mettre un peu plus de sens. Pas de mission, pas de dresseur perdu, pas de Pokémons spécialement trop fort. Simplement y survivre quelques heures, c’est suffisant pour la Sunrise comme tâche à ses Rangers. Et comme Nate est dans le coin, c’est à son tour de se débarrasser de quelques Pokémons trop puissants. Sous le contexte qu’il faut rendre l'ascension possible pour les futurs Challenger de la Ligue de la Sunrise. Mais bon, techniquement, pour se rendre jusqu’au Champion de Babel, il faut avoir une équipe capable de s’y rendre. La visite des Rangers n’en devient donc qu’une formalité.

Une formalité qui semble enchanter le samouraï beaucoup plus que le Ranger. Parce que ce n’est pas vraiment dans cet endroit que les baies choisissent de pousser. Un endroit peu propice…à moins que? Dans tous les cas, impossible à savoir tant qu’on ne continue pas la route qui mène jusqu’à l’Arène de Babel. Sauf que le Champion doit bien se nourrir de quelque chose, non? Une lueur d’espoir s’installe dans les yeux de l’agriculteur, mais bon, l’ascension ne fait que continuer, au final. Il est loin de son but.

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B.M. Il faut être un peu marteau pour venir dans ces lieux proscrits. En fait, ils sont tellement dangereux que leur accès est bloqué à la majorité des dresseurs. Il faut un certain nombre de badges – ou un métier qui débloque certaines zones – pour s’y rendre. Mais dans tous les cas, personne ne vient à Babel par plaisir ou par inadvertance. Il faut vraiment avoir une bonne raison pour foulée cette terre si peu accueillante. Ça ou un peu d’insouciance, ce qui est clairement le cas du samouraï et de son apprenti. Le souffle court, les deux dresseurs fixent l’horizon, sentant sûrement le danger. En même temps, il ne faut pas avoir un sixième sens pour comprendre que l’on est constamment épié, constamment en danger dans les terres sauvages. Dès qu’un dresseur passe Holika, en Amérique du Nord, il sait que les nuits seront courtes, les journées longues et les affrontements de plus en plus difficile. Elle est loin, l’époque où Malbec cramait des Chenipottes en haussant les épaules, sa puissance se décuplant rapidement. Elle est loin l’époque où Riesling avait de la difficulté à suivre le Pokémon feu. Elle est loin l’époque où la majorité des Pokémons récents du Ranger étaient encore libres. Les temps changent, pour le pire ou pour le mieux, tout dépend de la situation.

Dans le cas présent, les deux dresseurs s’étirent tout simplement, prêt à braver les sommets de Babel. Dans le cas de Nate, c’est une bonne part d’innocence qui lui permet de ne pas trembler comme une feuille. Du côté de Silence, c’est plutôt cette douce sensation d’adrénaline qui lui manque terriblement lorsqu’il n’est pas dans une situation de mort imminente. C’est dans ces moments que le samouraï se sent le plus vivant. C’est de ces moments-là dont il rêve depuis qu’il a pris l’agriculteur sous son aile. Après tout, certes, les Dominants, ce sont des épreuves qui le font frémir, mais il n’y a jamais rien de pareil que cette sensation de danger imminent. Parce que même avec la puissance des Pokémons de chacun des dresseurs, personne ne sait quand est-ce qu’une attaque sournoise surviendra. Si certains Pokémons peuvent aisément l’encaisser et riposter, ce n’est pas la même chose pour les dresseurs. Et les Pokémons locaux sont vicieux, c’est connu.

Du moins, connu de Silence et pas de Nate.

Mais même si les dresseurs affectionnent ces moments-là, ils restent toutefois prudents. Nate regarde ici et là en quête d’une trace de végétation quelconque, un phénomène rare en altitude. Silence, quant à lui, reste aux aguets d’une attaque, d’un Pokémon sauvage, voire d’un pillard de Pokémon. Il faut dire qu’il ne serait pas fou d’attendre que les dresseurs soient affaiblis pour qu’un Dissident intelligent s’attaque à eux. Mais pas de traces humaines en vue.

Juste deux yeux scintillants devant lui. Des scintillements que le dresseur connaît bien. « Encore un Ténéfix » dit-il aussitôt, son appareil SIS scannant le Pokémon sauvage à la puissance nettement plus élevées que ses compatriotes d’Holika. Nate hausse les épaules, Silence se place de biais et les Pokéballs du Ranger filent vers l’ennemi.

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B.M. À force de croiser des Ténéfix partout où il va, Nate commence à penser qu’ils sont les Medhyena des régions éloignées de la Bulle. Si les Pokémons ténèbres qui ressemblent à des petits chiots pullulent près du domaine familial, c’est plus facile à gérer que des petits spectres espiègles aux yeux en pierres précieuses. Un Pokémon qui pourrait toutefois être un bon partenaire pour un dresseur, son duo de types le rendant plutôt résistants à plusieurs attaques, son seul défaut étant les attaques de type fée. Ce qui rend la solution pour Nate plutôt simple, en ayant quelques choix dans son effectif pour des Pokémons possédant une attaque suffisamment puissante de ce type.

De l’autre côté, un Pokémon qu’il connaît nettement moins. Un Oniglali, une sphère blanche et noire aux yeux mesquins et au sourire perfide. Un Pokémon qui, que par son apparence, ne donne pas envie de faire confiance. Un duo de type glace et ténèbres, selon l’appareil qu’il porte devant son œil droit. « Un Pokémon glace, pas à Bleakwale! » mentionne le Ranger, visiblement surpris de voir ce genre de Pokémon vivre dans un milieu moins glacé que la vallée qu’il vient de mentionner. Ce n’est pas comme si Babel était un volcan, non plus, mais c’est nettement un climat moins adapté pour ce genre de Pokémon.

Comme si ses pensées avaient été lues par son environnement, une bonne bourrasque choisi ce moment pour transpercer leurs vêtements et les faire frissonner, le temps de dévier quelque peu les deux Pokéballs qu’il vient d’envoyer. C’est sans problème, quelque peu décalé, que surgissent Malbec et Riesling. Les deux Pokémons ayant souffert longtemps des mauvais lancers du Ranger ne semblent toujours pas surpris de leur drôle de positionnement et se mettent aussitôt en place pour contrecarrer les plans des Pokémons sauvages devant eux. « Riesling, occupe-toi du spectre » commence le Ranger en pointant le Ténéfix. « Malbec, devines que tu vas t’occuper de la boule de glace » enchaîne-t-il aussitôt, ses deux acolytes ne se faisant pas prier pour entamer la baston. Silence, de son côté, hoche la tête, les bras croisés, habituel spectateur des combats de son apprenti.

Aussitôt, Riesling met sa main devant, évoquant le mirage d’une pleine lune alors que Malbec, lui aussi main devant – cette dernière sous forme de canon – concentre ses énergies et apaise les frissons des deux humains. Les deux attaques filent vers l’ennemi presque en même temps, le Pouvoir Lunaire se divisant en plusieurs faisceaux lumineux tandis que le Rebondifeu prend la forme d’une bombe, le combat prenant fin aussitôt qu’il commence. Sous la fumée et les étincelles, les deux Pokémons se retournent vers les deux dresseurs, haussant les épaules. « On dirait presque que c’était facile » mentionne Nate, son mentor échappant un rictus. Complètement fou de ce dire qu’un premier combat serait aussi rapide.

Mais bon, le premier, mais pas le dernier, et il reste du temps avant d’atteindre le sommet de la tour de Babel. Assez pour d’autres combats, sûrement.

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B.M. Les deux dresseurs poursuivent leur ascension. Cette montée qui semble ne jamais se terminer. Assez difficile même à décrire, comme les synonymes de se diriger vers le sommet viennent à manquer comme l’oxygène devient rare. Nate, habituellement assez en forme et tenace pour ne pas s’en rendre compte, trouve sa respiration de plus en plus difficile. Le samouraï, quant à lui, ne laisse pas transparaître quoi que ce soit, à la grande admiration de son apprenti. «J’commence à me demander s’il y a vraiment une fin à tout ça.» mentionne Nate en désignant la structure qui semble toujours s’étirer vers l’infini. «Ou si c’est possible, pour un être humain, d'atteindre le sommet.» ajoute-t-il, en tentant de reprendre son air. Le samouraï ricane un peu, s’élançant pour contourner un énième obstacle. «Il paraît que quelqu’un vit, au sommet de tout ça.» dit-il alors que Nate lui emboîte le pas.

«Vivre ici? Faut être fou, quand même, non?» demande le Ranger qui ne ralentit pas, malgré les difficultés des hauteurs. «Les Pokémons sauvages volent, ici, ils ne te laissent jamais tranquille.» dit-il, ses mains désignant l’horizon où l’on peut apercevoir d’imposantes silhouettes de Pokémon passer à travers les nuages. «Pas de Centre Pokémon, une source de nourriture quasi-inexistante et je ne pense pas que le facteur te livre le courrier.» dit-il, sourire en coin. Il faudrait être fou pour venir porter des lettres jusqu’ici. «Il n’y a rien d’accueillant à Babel, et tu me dis qu’il y a quelqu’un qui vit ici?» termine-t-il, aussi surpris qu’agacé. Il y a trop d’hurluberlu dans ce monde de Pokémon.

«Et il semblerait qu’on peut l’entendre à des kilomètres avant de l’atteindre.» ajoute le samouraï, laissant son apprenti tendre l’oreille pour entendre que les battements des rafales de vent. «J’espère qu’il est en pause.» mentionne Nate, légère frustration se faisant sentir dans sa voix. Après tout, ça fait combien de temps qu’il grimpe? «Oh, je ne pense pas qu’il soit du genre à prendre des pauses. » répond Silence tout en prenant une nouvelle échelle vers une autre plateforme. «Hein?» commence Nate, mais ce dernier ne peut continuer de parler avec les rafales qui claquent. Il faut attendre de monter l’échelle et d’atteindre la prochaine plateforme.

«Attends, mais, tu le connais?» demande Nate dès son arrivée sur un sol un peu plus enclin à la conversation. « Oh, c’est le Champion local. Je ne le connais pas personnellement. En fait, qui est-ce qui le connaît personnellement.» répond Silence, laissant Nate toujours un peu perplexe. «Il y a donc une arène, au sommet ?» demande-t-il, faisant les liens entre les informations reçues et ses connaissances glanées ici et là. «Exact.» répond le samouraï, enjambant une barrière qui n’empêche pas grand chose. «Attends, donc, si j’veux, j’pourrais le challenger, direct en haut, c’est ça?» ajoute-t-il, ses yeux plein d'innocence. «Si tu as les badges nécessaires.» répond le samouraï, dégonflant aussitôt les aspirations du pauvre Ranger.

«J’vais devoir remonter jusqu’ici pour le challenger?» dit-il, plus à lui-même qu’à son compagnon de voyage. «Exact» répond-t-il. «Pourquoi y’a pas d’ascenseuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuur!» se lamente Nate, laissant Silence éclater de rire. Mais bon, un rire de trop, des ennemis de plus, c’est un classique.

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