~1~ La Geste d'April [mod]

Quand soudain… Soudain Finn vit un trou. Dans la maison où Finn marchait, il y avait un trou, dans un coin, un grand trou qui paraissait plus grand, disons, plus grand qu’un ours. Un ours, oui. Un ours : la comparaison lui vint sans savoir pourquoi. Finn n’avait pas vu d’ours, pourtant, jamais ; il fallait donc partir du postulat qu’un gros truc vivait là : mais pas un ours. Ou alors… Ou alors il s’agissait d’un Ours par hasard. Urgh. (Ou alors Finn avait bu trop d’alcool. Aussi.)

Mais Finn voulait son racaillou. Fort. Du coup… Du coup il fallait approfondir. Finn avait du cran. Finn inspira un grand coup, pfouuu, haaaaa, pfouuuu, haaa… Puis Finn marcha, pas a pas. Finn arriva au trou… Pas à pas… Ah ! Pas d’Ours. Pfffouuuuuu. Finn avait du cran. Ça oui. Un cran qui paya : il n’y avait pas d’ours a priori. Finn vivrait. Pour l’instant. Mais la mort n’avait pas dit son mot final : un mauvais pas pouvait toujours finir par un “couic”. Mais pour l’instant, Finn vivait.

Laissant la maison dans son dos, Finn s’avança dans un noir sans fond. Plus loin, la-bas, il y avait un raccaillou. Au moins un, paria Finn. Finn l’aurait. Il fallait l’avoir si Finn voulait pouvoir ravir April. Oui, Finn l’aurait. April aussi, Finn l’aurait.

Un noir sans fond, voila tout. Finn luttait pour y voir clair. Argh. Qui sait si il n'y aurait pas plus qu'un racaillou ! Qui sait ! Il fallait savoir, mais Finn savait pas. Finn aimait April. Voilà tout.



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Finn était certes douce et aimante et très soumise, mais elle n’était ni cruche, ni molle, et encore moins peureuse. Alors qu’elle s’avançait dans le long boyau qui courait sous les ruines, elle réalisa qu’elle était probablement la première à trouver ce passage. Mais qu’est-ce que c’était exactement ? On aurait dit une vieille cave, quelque chose de plus vieux que le cataclysme, d’encore plus vieux même. Pour l’instant, pas de raccaillou en vue.

Au bout du couloir, il y avait une gigantesque porte en métal, du type qui ne s’ouvre que de l’intérieur, mais celle là était déjà ouverte. Des flammes à très haute température avait fait fondre une partie de la porte, juste assez large pour qu’un humain y passe. Ou un pokemon. L’oeuvre d’un monstre, peut-être ? Séraphine s’y faufila. Pas de signe de pokemon à l’intérieur. L’endroit était… Étrange. Et gigantesque. Tous les murs étaient en métal. Il semblait y avoir plusieurs grandes pièces, mais Finn avait déjà du mal à explorer la première. C’était une sorte de… De hall ? Un gigantesque hall, une pièce circulaire et ronde. De marques de brûlures sur l’acier. Des silhouettes. Des hommes étaient morts ici.

Finn poursuivit son chemin jusqu’à une seconde pièce, puis une troisième. L’endroit était gigantesque. Il y avait une grande cuisine, un réfectoire, des chambres, des dortoirs pour enfant, des salles de jeu, des bureaux pour travailler… L’endroit semblait s’étaler sur deux étages et sur des centaines de mètres carrés. Mais il n’y avait plus personnes. Une bibliothèque et de nombreux artefacts technologiques laissaient entendre qu’il y avait eu également du savoir, mais Finn aurait été bien en peine d’y apprendre quoi que ce soit. L’endroit était désert : il ne restait plus rien en cuisine, plus rien sur les étagères, juste des vieux livres et du matériel informatique qui ne marchait probablement plus depuis longtemps.

Après avoir fait le tour et inspecté les différentes pièces du bunker, elle se fit à l’idée qu’il n’y avait rien pour elle ici et prit le chemin de la sortie. Aucun pokemon ne l’attaqua sur le chemin, et après quelques minutes de marche et de grimpette, elle se retrouva exactement là où elle avait commencé son expédition : dans la maison d’origine. Bredouille. Toujours pas de racaillou.  

Elle décida donc de se diriger vers la plage. On ne savait jamais : il y aurait peut-être des raccaillou dans ce coin-là.

“Me voilà à nouveau à la mer”, chuchote Finn, “du soleil plein les cheveux et des rêves dans l’air.”

Elle jette sur l’océan un regard nostalgique. Il y a des mouettes dans le ciel et dans ses yeux bleus, bleus de refléter la mer. Elle marche un peu sur le sable, s’arrête, soupire.

“C’est injuste, tu sais.” elle murmure à nouveau. “Il y a de la magie partout. Et moi, regarde-moi. Debout, seule. Seule à nouveau, les yeux droits dans le soleil.” Elle met sa main en visière. “Pas besoin de me cacher ni de courir. Pas besoin de rire ni de pleurer. La vie est merveilleuse, et moi je suis là, debout, les yeux droits dans le soleil. Ce soleil dans les yeux, cette chaleur dans les cheveux - on dirait qu’ils me détestent, qu’ils me détestent d’être là.” Elle murmure, plus bas : “Il me faudrait une “amie”, une “amie” pour être heureuse. Pour ne pas être aussi seule. Seule et les yeux dans le soleil - il me faudrait une amie. Il me faudrait… Il me faudrait toi.”

Elle se tait à nouveau, les pieds plantés dans le sable. On dirait qu’elle a pris dix ans d’un coup - elle semble triste et fatiguée. Puis elle reprends sa marche sur la plage des ruines de tokyo, sans un regard en arrière.

Séraphine remonta la plage, en faisant attention à ne jamais croiser la limite presqu’invisible qui démarquait les ruines intérieures des ruines supérieures, autrement plus dangereuses. Elle ne croisa, à sa grande déception, que peu de pokemons. Les petits animaux se faisaient désirer. Maintenant qu’elle avait attrapé son Sabelette, cela dit, rien ne l’empêchait d’aller ailleurs. Mais les ruines avaient quelque chose qui lui plaisait. Peut-être, dans son désir inutile et jamais caressé, était-elle semblable à ces ruines ; parfois elle se laissait aller à penser cela ; mais plus souvent elle se sentait davantage comme quelque chose qui n’a pas encore poussé que comme quelque chose qui aurait déjà fané.

Sera et Finn avaient toutes deux cet optimisme stupide et inébranlable qui leur laissait croire que tout était possible. Quand Finn fatiguait, Sera prenait le relai, et voilà tout. Elles ne se battaient pas pour le contrôle : elles vivaient en symbiose, l’une se repaissant de ce qui mettait l’autre en difficulté, et inversement. Aussi, il était difficile de dire que Seraphine était malade - d’une façon non-conventionnelle, sans doute, elle s’était adapté à ses propres difficultés, et elle n’en était pas malheureuse.