#3 Dans les Ruines [mod] [ !! Gore !! ]

Neige et Anna avaient quitté le port d'Ykito depuis presque une heure. Mais plus un chat dans les rues. La nature semblait avoir pris tous les droits, et Anna commençait à s'impatienter.
“Neige, je crois qu’on s’est perdues… On est plus à Ykito, là…”
Neige hume l’air du soir, les yeux perdus sur les ruines alentours.
“On est toujours à Ykito, Anna. Ce sont les ruines de Tokyo, la mégapole qui se trouvait ici avant. Le coin est patrouillé par les rangers de la Sunrise. On ne risque pas grand chose.”
“Et qu’est-ce qu’on fait là exactement ?”
Neige hausse les épaules.
“Exactement ce que tu viens de dire. On est perdues. On va faire demi-tour, voilà tout.
Elle tourne les talons, Anna la suivant de près, et entreprend de remonter la longue artère jonchée de lampadaires écrasés au sol et de carcasse de voitures mangés de végétations. Des arbres ont poussés, ici et là, reprenant le droit de la nature. Il y avait même des petits rus qui allaient se jeter dans le front littoral tout proche. Ou dans les canaux.

Neige s’arrêta subitement et tourna son regard vers les ruines, intimant à Anna le silence.

“Shhh. On est encerclées.”

Elle dégaine son Wakizashi, sur la défensive.

Les premières gouttes de pluie s’écrasent sur son front dans un chuchottement, alors que le combat va commencer.

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Alors, Neige, on vole dans les plumes des piafs sauvages ?
 

 

Ça bruissait de tous les côtés. La pluie s’était mise à tomber doucement et Neige fendait l’air de sa lame, espérant avoir le temps d’abattre le premier avant que le deuxième n’arrive. C’était mal parti. Les attaques de l’oiseau étaient d’une rare violence et celui-ci était coriace. Neige grogna en esquivant la première attaque. Pas assez rapide. Les serres du Piafabec avait ouvert deux fines entailles dans son épaule droite.

“Il fallait que ça soit une de ces saloperies… .”

Elle balança sa lame à droite, à gauche. Elle arracha quelques plumes, mais la lame était courte, trop courte. Elle rengaina le Wakizashi et sortit le katana. Anna était étonnée : c’était la première fois qu’elle voyait Neige utiliser cette lame.

“Tu es sure que...”

Sans prêter attention à l'adolescente, Neige esquive le coup suivant, prends un appui et s'élance sur l'oiseau, cherchant la chair au milieu des plumes.

“Mets toi à couvert. Il va en venir d'autres. On les attire comme un lampion un soir d'été.”

Pour la défense de Neige, les piafabecs étaient des adversaires hargneux et de petite taille, ce qui les rendait très difficile à toucher. Celui là était beaucoup plus gros que la moyenne et devait peser bien dix kilos mais il n’avait rien perdu en agilité. Il esquivait facilement les attaques et donnait des coups de serre précis et mortels.

“Hggnnn” fit Neige avec élégance en enfonçant la longue lame entre les plumes.

L’attaque avait porté. Le Piafabec saignait abondamment et battait furieusement de l’aile. Alors que Neige s’apprête à dégager sa garde, une serre grande comme un poing vole et lui ouvre la tête comme une pastèque. Le sang gicle profusément alors qu’une deuxième serre vient se planter dans son avant-bras. Anna hurle.

“Neiiiiiige ! Non ! Non !!!”

Le regard obscurci par le sang de Neige devient froid comme les griffes de l’hiver. Dans un mouvement réflexe, la main de Neige vole comme une serre d’oiseau et vient planter ses doigts dans l’aile du volatile mourant. La scène est une scène de cauchemar. Il y a du sang partout : sur le sol, sur les rochers alentours, sur les vêtements de Neige.

Alors qu’Anna court vers Neige pour lui dispenser des soins d’urgence, des bruits se font entendre dans leur dos. Neige attire le piafabec mourant contre elle et se retourne, essayant de l’utiliser comme bouclier.

Ça pissait le sang et ça ne s’arrêtait pas mais Anna était à l’ouvrage autant qu’elle pouvait, utilisant une vieille chemise pour panser la tête de Neige. Les monstres autour d’elles étaient de plus en plus près. Elles allaient mourir, c’était sur. Neige ne donnait pourtant pas l’impression d’avoir peur le moins du monde. Malgré le sang qui coulait en gros bouillon par intermittence de son crâne, elle n’était pas encore tombé dans les pommes.

Les phalanges de Neige étaient blanche et ses doigts, profondément ancrés dans la carcasse du piafabec, laissaient peu de chances à celui-ci de s’en sortir. Non pas qu’il aurait pu. Le rapace était mort dans les doigts de Neige. Sa carcasse tressautait encore par intermittence, ensanglantée, ultime vestige du combat qui venait de se jouer. Neige n’y prêtait pas attention. Elle avait récupéré son Katana et le tenait d’une main, la carcasse de l’autre. Les yeux morts, exorbités du rapace avaient quelque chose de décourageant pour les éventuels attaquants, Anna le comprenait bien. Et c’était un bon tas de chair.

“Neige, tu as perdu beaucoup de sang, il faut qu’on parte d’ici !” Neige cracha un autre verre de sang et sourit avec difficulté.

“Je n’ai pas l’habitude. De me faire avoir par un putain de piaf.” Elle semblait respirer avec difficulté. “On ne peut pas partir. On est encerclées. On a du sortir trop loin de la ville. Je ne sais pas.

Anna finit de bander la tête de Neige. Tout autour d’elles, les monstres se rapprochaient, attirés par le sang. Ils allaient attaquer d’un moment à l’autre.

“Reste près de moi, petite fille. Je ne vais pas mourir aujourd’hui. Pas à cause d’un putain de piaf."

Ça ressemblait d'avantage à une prière qu'à autre chose mais Anna ne dit rien. Elle se contenta de finir les premiers soins... Et d'espérer.

Une chauve-souris sortit soudainement d’un bâtiment proche et se jeta tout crocs dehors sur Neige, qui parvint à dévier l’attaque d’un coup de cadavre. Les yeux du piafabec morts exorbitées semblaient déstabiliser l’animal, et Neige en profita pour se fendre d’une allonge précise qui sectionna plusieurs bouts de la chauve-souris.

La tête de Neige saignait moins et le bandage de fortune tenait, mais elle avait perdu beaucoup de sang. Malheureusement, elle n’avait pas le temps de demander à Anna de parfaire le travail.

Alors qu’elle était aux prises avec l’animal, un grognement sourd résonna derrière elle. Avant qu’elle ait pu se protéger, une boule de feu lui fonça dessus et les crocs aiguisé d’un caninos se refermèrent sur son bras, déjà amoché par les combats précédent. Heureusement pensa Anna, il pleuvait.

“Alors toi, grogna Neige avec colère, j’ai une surprise spéciale pour toi. Mais d’abord…”
Elle repoussa le gros chiot qui crépitait sous la pluie et se retourna vers le Nosferapti.
“D’abord cette saloperie !”

La lame fend l’air et décapite net le Nosferapti, qui s’écroule en spasmes sanglant. Neige se retourne vers le Caninos, un sourire dément à la bouche, le visage plein de sang et d'orage.

“A ton tour.”

Au-dessus d’eux, la pluie bat les pierres des vieux bâtiments écroulés et trempe jusqu’aux os les deux jeunes femmes. Anna observe le combat, essayant d’apprendre ce qu’elle peut sur le tas. Il est évident que Neige n'en est pas à son premier combat difficile, mais la chasseuse est d'ordinateur dépourvue de cicatrice. Une telle balafre allait laisser des traces.

Le chiot flamboyant semble hésiter, conscient sans doute que l’humaine a très peu de santé mentale à gaspiller sur son sort. Et puis le cadavre de piaf qu’elle tient comme un épouvantail sanguignolant fait quand même très très peur. Indécis, il avance et recule, incertain de la route à tenir.

Neige n’a pas le temps d’attendre. Le piaf toujours levé devant elle comme un bouclier, elle saute sur le chiot dans un mouvement fluide de Katana.

Sa lame coupe une patte et transperce le torse du Caninos de part en part. Neige a un sourire carnassier alors qu’elle tourne sa lame à l’intérieur du corps de l'animal dans un raclement sinistre.

Dans un souffle, empalé, le chiot crache une flammèche qui vient brûler quelques plumes du cadavre de piaf que Neige tient devant elle. Celle-ci ricane. Quand elle se sera assuré de sa mort, elle va prendre sa tête et s’en faire un trophée. Ça écartera plus sûrement encore les monstres. Elle retire sa lame. Le monstre chancelle alors que du sang coule à gros bouillon de son poitrail.

La scène de carnage n’en finit pas. Le sang et les viscères de monstres variés forment un véritable cercle de mort autour de la trappeuse. Neige n’a pas l’habitude d’être la cible directe d’attaques de ce type. Elle tient toujours debout, grâce aux premiers secours d’Anna, mais pour combien de temps encore ? Des mouvements se font déjà entendre alors que d’autres monstres se pressent dans les environs.

“Il en vient encore...”, grogna Neige, “Plus on en tue plus il en vient... ”

Alors qu’Anna accourt tant bien que mal pour bander ses avants-bras, Neige s’accorde une petite pause pour souffler un peu.

“Merci… Dès qu’ils nous laissent un moment de répit, on court vers la banlieue d’où on vient. On a du rater des signaux, ou alors cette zone n’a pas été patrouillée depuis un moment...”

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Alors, maintenant, Dresseur, on continue de panser ses blessures?

“Ils arrivent.”

Neige avance lentement, le katana en position basse, le regard attentif. Elle tient dans sa main la tête du caninos abattu, qui fait une aussi belle protection que le cadavre du piaf, dont elle ne s’est d’ailleurs pas débarrassé. Anna, qui possède l’Arcanin de sa mère, ne parvient pas à détourner son regard de la tête morte. Elle frissonne. Elles ont parcouru cinquante mètres mais déjà des petits cailloux délogés qui tombent ici et là signalent du mouvement : la présence de nouveaux assaillants probablement.

“Le coin grouille vraiment, c’est une infestation.” Neige sait qu’elle n’a plus beaucoup de temps. Les hémorragies se sont arrêtées mais elle a trop tiré sur la corde. Il lui faut plusieurs jours de repos. De quoi cicatriser et rejoindre Manaus.

“Tu subis souvent des blessures comme ça ?” demande Anna avec un autre frisson.
“Non. Je combats le moins possible en général. Tous les combattants te le diront. C’est le remède miracle. Moins de combat, moins de chances de crever.” Elle hausse une épaule. “En plus je ne suis pas trop habituée à cet environnement. Je chasse rarement dans les ruines. J’essaye plutôt de tuer ma proie avant que...” elle s’immobilise.

“Anna ! Derrière toi !”

Dans un mouvement fluide elle se retourne et se place devant Anna. Puis, levant la tête du Caninos au dessus d’elle, elle hurle.

“GRAOUUUUURRRRRRG !!!”

Dans une autre situation, Anna aurait rigolé de cette folle levant une tête d’animal au dessus de sa tête et grognant comme une bête. Mais Neige étant couverte de sang séchée ; elle tenait une vraie tête de caninos mort au dessus de sa tête, dont les yeux exorbités tombaient légèrement et dont l’oesophage était apparent. Et elle hurlait comme l’enfer. Ça ne donnait pas envie de rire. Ça donnait envie de partir en courant.

Neige s'était interposée entre Anna et l'arrivant - un félin de bonne taille. Mais au même moment, un oiseau s'envola d'une fenêtre entre les ruines et fonça sur les deux jeunes femmes. Elles étaient de nouveau attaquées de deux côtés. Et c'était A NOUVEAU un piafabec. Même Anna n'était pas sure de vouloir voir un nouveau combat contre ce genre de plaie.

C’était peut-être le cadavre du piafabec qu’Anna souleva au-dessus de sa tête quand le volatile attaqua, ou le hurlement de Neige ; en tout cas le nouveau piafabec arrêta net son piqué et prit de la distance. Ce qui laissait le temps à Neige de s’occuper du chaton. Enfin ce n’était pas vraiment un chaton. C’était plutôt un chat au regard bizarre et aux griffes longues comme un shot de whisky. Ce qui peut être très long ou très court, selon qui le boit. Pour Neige c’était très court. Elle bloqua l’attaque du félin avec son bouclier de chair improvisé. Ou alors le félin était plus intéressé par la viande ?

Neige repoussa l’attaque du félin alors que le volatile chargea à nouveau.

“L’oiseau en premier.” dit-elle simplement, et d’un mouvement précis du katana, elle balança sa lame sur la trajectoire de la furie à plumes.

C’était un petit oiseau mais Neige avait vraiment, vraiment eu son quota de poulets pour la journée.

Le katana frappe le Piafabec en plein vol et lui sectionne les deux pattes. Neige a un sourire satisfait. Celui-là n’allait pas lui ouvrir le crâne en deux. Pendant ce temps, le félin s’acharnait sur la tête de Caninos. Ce stratagème marchait bien manifestement. Ou alors c’était ce félin en particulier qui était particulièrement stupide.

“Il faut qu’on essaye d’avancer ou on va être coincée ici pendant des heures. Il pourrait en venir d’avantage et je ne peux pas en gérer plus de deux à la fois.”

Anna hoche la tête et les deux jeunes femmes profitent du chaos pour se repositionner.
“Je connais ce genre de félin. C’est un Miaouss.” note Anna. “Ils ne sont pas tellement agressifs envers les humains et ils sont très intelligents. Ils valent cher.”
Neige hausse les épaules.
“Il y a une limite au nombre de carcasses que je peux transporter. Et il est hors de question que tu utilises tes pokeballs. Si il ne s’enfuit pas, on le tue.”

Sur ces mots, elle se fendit d’une attaque direct sur le Piafabec désarçonné.

Le second coup de katana coupe proprement le piafabec en deux et celui-ci s’écroule au sol en petits bouts. Anna a un haut-le-coeur. Elle a vu trop de sang et de tripes pour la journée.

Pendant ce temps, le félin joue toujours avec la tête de Caninos, essayant de manger ses yeux ou faisant simplement ses griffes. Alors que Neige se retourne sur lui, il lève les yeux vers elle, plein d’espoir.

“Awawawawa ?”

“Neige ! Je ne crois pas qu’il soit agressif… Il ne veut que la tête du caninos… Peut-être que si on lui laisse il nous laissera partir ?”

Le petit animal avait beau être peu agressif, il avait quand même des griffes de dix centimètres et s’il n’avait pour l’instant pas attaqué Neige, ça ne saurait tarder. Mais Neige devait admettre qu’elle avait eu suffisamment de combats pour aujourd’hui. Il fallait qu’elle se repose.

Elle prend la tête du Caninos et la jete au loin. Le félin reste fermement accroché à la tête et fait un vol plané avec elle.

“Awawawawaaaaaaaaaa…”

La tête s’écrase dans un “splotch” morbide et le félin, après avoir atteri mollement à côté, entreprend de lui bouffer les yeux.

“Allez on se casse. Cours !”

Le félin les regarde un instant, vaguement intéressé, puis retourne manger la tête du caninos sans leur accorder plus d’intérêt. Neige et Anna courent à perdre haleine à travers les ruines, essayant de retrouver l’embranchement qu’elles ont manifestement raté. Neige a du mal à courir vite et commence à voir trouble. Anna l’attend régulièrement, surveillant les alentours.

“Pfwah… Pause. Une seconde.”

Neige s’immobilise et s’appuie sur Anna, chancelante. Elle est prise d’une forte envie de vomir et sa vue se trouble. Ce n’est pas de bon augure.

“On est encore loin ?”
“Non, on y est presque je pense. Je commence à entendre le bruit d’une route. Je pense qu’on ne se fera plus attaquer. Tu peux t’asseoir.”

Neige s’assoit par terre et entreprend de reprendre son souffle. Elle boit à sa gourde, mais les vertiges ne passent pas. Anna entreprend de nettoyer les armes de Neige, et Neige elle-même, au moins son visage. Neige tremble légèrement.

“Une seconde… Ça va aller. Juste une seconde.”

Neige réprime un haut-le-coeur. Non, ça ne va pas. Ça ne va pas aller. Elle regarde Anna, Anna la regarde, elle cligne des yeux. Hein ? Je crois que… On dirait… Neige se perd. Ses pupilles deviennent vagues, vagues comme les souvenirs tristes des mois de mars. Je n’avais pas prévu. Nous n’avions… Une bière posé sur la carcasse de voiture et le jour qui se lève - Je t’embrasse et tes lèvres s’écartent comme les rideaux de l’aurore. Ton regard était comme des mains sur un livre quand vient le matin - épuisée d’avoir lue, fiévreuse, heureuse pourtant de feuilleter des pages qui ne t’appartiennent pas et qui ne t’ont jamais appartenu. Certains livres blessent. Je suis désolée.

“Neige ! Neige tu m’entends ? Neige !!!”

Les bras d’Anna qui battent le vide ; le sol qui tremble. Une carcasse d’oiseau plein de sang qui se lève. Un couteau. Certains jours, tu vois, tout est prophétie. J’aurais aimé que tu laisses tes doigts plus longtemps à l’intérieur de moi : que je te sente bouger, bouger, jusqu’à tromper le soleil.

Malheureuse vient l’aurore.


[ Deux pokemons apparaissent ! ]