Poetry Road

Cobalt s’était donc retrouvée à payer un billet d’Outlander pour Medgate. Arrivée là, elle n’avait pas vraiment le choix : il fallait prendre la route jusqu’à Swanford avant de pouvoir bifurquer vers Wheelfield. Elle avait pris la décision presque sur un coup de tête : elle avait prévu de partir quelques jours à Atlantia initialement, voir des amis, prendre quelques verres dans des bars. Elle n’avait certes pas prévu de se lancer dans un travail… Scientifique.

Mais Cobalt était curieuse et la nature l’intriguait. La nature avec un grand N, certes, mais aussi la nature des choses. Sa nature à elle. Si au premier abord elle donnait l’impression d’être une geek, une nerd casanière qui n’osait pas mettre un pieds dehors, en apprenant à la connaître on découvrait une certaine richesse de savoir et d’expériences.

Des expériences étranges, mais des expériences.

Il fallait simplement réussir à capturer l’infime moment de tendresse, la phrase lâchée un peu en dehors des rives, le mouvement gourd - comme on prends une photo avec un vieux polaroïd en sachant qu’on n’a qu’une seule chance de capturer ce moment ; comme on tire une flèche en ne faisait qu’un, pour un infime instant, avec le trajet et la cible.

Cobalt était un livre qui s’échappait quand on tentait de le prendre.

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On expérimente, Dresseuse ?
 

Elle avait rangé son livre pour la marche. Elle avait plusieurs heures à tenir ; elle espérait attraper un bus ou un véhicule en stop mais n’y croyait pas trop. A un moment ou à un autre elle en aurait un, bien sur : faire toute la route jusqu’à Swanford à pied prenait au moins deux jours, voire trois. Et il fallait vouloir marcher dix heures de suite dans des conditions météorologiques assez moyennes.

Mais marcher jusqu’à chopper un bus, deux heures si nécessaires, ça elle pouvait faire. Elle voulait, même, car cela lui donner l’occasion d’étudier un peu la flore locale.

Prenons les Chenipotte par exemple. Cet espèce ubiquitaire du continent nord-américain semblait presque exclusivement faite pour nourrir les Nirondelles et autres oiseaux plus ou moins voraces. Pourtant on s’intéressait trop peu à leur incroyable richesse génétique : leur capacité à évoluer en deux espèces radicalement différentes. Cobalt trouvait ça fascinant.

En plus elles avaient super bon goût, grillées.

Zoé et LOLrondelle avaient continué à s’attaquer aux petits animaux qui traînaient pour les faire fuir ou pour les zigouiller et Cobalt continuait à observer leurs interactions avec un intérêt certain. Il y avait beaucoup à dire sur LOLrondelle entre autres : l’animal était vraiment différent.

Alors qu’elle écrivait ses pensées du moment sur la répartition mendélienne des évolution de chenipotte, elle constata que deux d’entre elles, une qu’elle avait capturé plus tôt et une deuxième qui était actuellement sous les pattes de Zoé, commençaient à former un cocon. Le cocon se formait rapidement et semblait assez solide. Le phénomène était fascinant et Cobalt se mit à prendre frénétiquement des notes.

- Attendez les filles ! Je veux celui-là.

Elle sortit une de ses nombreuses pokeball neuves achetées à Atlantia et se prépara à capturer l’animal.

Elle allait pouvoir analyser ces petites choses.

La pokeball rebondit sur le petit insecte mou et le captura sans souci. Cobalt le ramassa avec un sourire satisfait. Elle allait pouvoir observer en direct l’évolution des petites chenipottes. Elle les laissa sur son bras pour observer leur évolution et poursuivit sa route.

Elle arrivait en vue des mines de Medgate et de l’arrêt de bus qu’elle comptait prendre. Il n’arrivait pas avant plusieurs heures : le moment était bien choisi pour aller jeter un oeil dans les mines.

Alors qu’elle se faisait cette réflexion, Zoé et LOLrondelle semblèrent repérer d’autres petits monstres. Elles sautèrent frénétiquement de son épaule et allèrent tourner autour d’un arbre.

Toujours curieuse, Cobalt leur emboîta le pas.

- Qu’est-ce que vous avez trouvé ?
- KEEEEK ! KEK ! KEK !

Les deux petits pokemons étaient surexcités.

Cobalt regarda ce qui se passait. Il s’agissait d’un autre chenipotte aux prises avec un goélise. Le goélise essayait de gobber le chenipotte, comme tout bon goélise qui se respecte, et le chenipotte essayait d’éviter une mort atroce.

- J’ai assez de chenipotte, Lolirondelle, tu sais, tu peux le manger.
- KEEEK !

La Nirondelle semblait ravie de cette nouvelle et ne tarda pas à sauter sur la petite chenille pour la bouffer. Quand à Zoé, elle regardait la goélise avec envie.

- Tu peux tenter de manger la goélise, si tu veux, Zoé, mais c’est moins facile.

Zoé opina du museau. Elle grimpa vivement à l’arbre et sauta sur le dos du Goélise, qui se trouva étonnée d’être tout d’un coup assiégée de toutes parts.

Pendant ce temps, Cobalt avait un spectacle plus intéressant à regarder : celui des deux chenipottes qui se faisaient des cocons. Les cocons étaient de deux couleurs différentes, nota Cobalt. Elles allaient probablement évoluer différemment.

Cobalt notait fébrilement ce qu’elle voyait sur son petit carnet, mais l’Armulys et le Blindalys était des pokemons bien connus, qu’elle n’avait guère besoin de détailler davantage. La chaîne d’évolution de ces insectes était à la base de la biosphère de la bulle. Rien de nouveau ou de fascinant.

“[Armulys]
Comme tous les cocons, il contient une version dissoute du pokemon, qui s'apprête à devenir autre chose. (dans le cas du chenipotte, quelque chose de plus utile)
Armulys se distingue par sa couleur blanche, permettant de repérer le futur Charmillon. Mieux vaut ne pas trop attendre pour le cuisiner.”
Cobalt Baath, étude in Carnets de Route

Alors que ses pokemons terminaient le combat inutile qu’ils menaient contre leur deux enemis, Cobalt les siffla et s’engagea dans la mine.

Elle avait hâte de découvrir quelque chose de nouveau.