Chapitre 47 - Not Mushroom for mistakes

B.M. C’est facile, rejoindre Babel. Ce qui est plus difficile, c’est de l’atteindre. Les îlots d’immeubles effondrés, plus grands les uns que les autres, sont facilement visibles sur un ciel clair. À dos de de Catarratto, le Skarmory que le Ranger a capturé dans les plus hautes sphères de la ville déchue, Nate a l’impression qu’il n'arrivera jamais. La ville devient bel et bien plus grande au fur et à mesure que la distance rétrécit, mais il semblerait qu’elle ne fait que grossir sans jamais être à côté de lui. Et les Pokémons sauvages sont rares, mais ceux qui sont visibles sont clairement dangereux et d’un niveau assez élevé. Vaut mieux les affronter sur un meilleur terrain qu’en plein milieu du ciel, là où une seule erreur peut causer une chute de quelques centaines de mètres et un atterrissage catastrophique.

Babel, c’est loin de toute civilisation et peu de dresseurs - voire même de Ranger -  se rendent jusque dans les ruines d’une civilisation depuis longtemps oubliée. Et Nate n’a pas particulièrement envie d’y aller, mais il y a quelques fois où on n'a pas le choix. Des patrouilles dans une zone aussi dangereuse, c’est rare, mais lorsqu’il y en a, seulement peu de dresseurs peuvent être dépêchés. Et avec l’expérience de l’agriculteur, il y a des missions qu’on ne peut refuser. Après avoir réussi une autre patrouille dans les confins de la Caverne Gelée de Bleakwale, Nate avait formulé le souhait à son accompagnateur de retrouver rapidement une température plus clémente. Si ses souhaits sont exaucés, c’est un terrible pied de nez de la part du destin.

Après une période ressemblant à l’éternité, le Skarmory et son cavalier se pose à l’entrée de la ville perdue, celle dont les cimes dépassent le ciel. Bâtie pour perdurer dans le temps, on ne peut pas ignorer le travail considérable des bâtisseurs. Une malchance certaine, par contre, comme tout a été perdu aux Pokémons sauvages, comme plusieurs autres villes, d’ailleurs. La moitié d’Holika est envahie, Deepwater est depuis longtemps perdue, idem pour la Ville Fantôme de Deadly Borrow et j’en passe. Babel s’ajoute donc à la liste des Atlantides perdues à une mer de Pokémons sauvages, une autre cité dont Nate doit arpenter les vestiges à la recherche d’une anomalie. Cette fois, c’est une alerte de dresseur. Un jeune dresseur téméraire qui tente d’aller chercher un Pokémon plus puissant pour une arène? C’est fort possible. Y’a même un asiatique au manteau rouge qui tente de le faire, un topic plus bas.

Si les dresseurs se fiaient au pacing de la Sunrise, arène après arène, il y aurait sûrement moins d’alertes de la sorte. Ceci dit, ce n’est pas ce qui retiendrait Nate de ne pas aller porter secours à quelqu’un dans le besoin. Peut-être que c’est un dresseur tout simplement prêt à gravir Babel pour atteindre le dernier champion d’Amérique du Nord, cloîtré, selon les rumeurs, dans les plus hautes hauteurs de Babel. Peut-être un autre photographe perdu, comme Nate il y a quelques semaines? Tout est possible, particulièrement à Babel. Dans tous les cas, il faut redoubler de vigilance et tout simplement abattre le travail devant soi. Comme un matin de vendange. Pas le choix, on y va.

Le Skarmory de retour dans sa Pokéball, le Ranger s’avance. Une nouvelle patrouille, une nouvelle aventure. Quelque chose se trame, pas loin, et Nate sent qu’il est épié. Pas beaucoup d’hommes dans les parages et les Pokémons le ressentent. Mais aucun n’est visible - pour le moment. «Ça ne saurait tarder…» murmure l’agriculteur en passant une première ruelle vide d’âmes. Pas de traces encore de la personne perdue, d’ailleurs. Avançant avec confiance, mais cherchant à tâton, le Ranger continue, tout comme son stress en pleine acsencion.

---

B.M. La ville déchue est à la fois ce qu’il y a de plus laid et de plus beau. La végétation qui regagne les bâtiments, éternelle, laissant les vestiges des hommes comme socle pour grimper, elle-aussi, vers les plus hauts sommets. L’air semble plus lourd, d’ailleurs, comme si la gravité était plus pesante, mais c’est un air chargé d’histoire, de relations perdues, d’espoirs envolés. Un échec pour l’Homme, certes, mais une période de transition pour la flore locale. Et la faune qui prend son envol. Après tout, on ne rencontre pas des Libégon à tous les coins de rue près de la bulle. Mais le Ranger en a rencontré un près du sommet de Babel et le Pokémon n’est pas trop loin, dans le fond de son sac.

Les premières minutes à son retour à Babel sont plutôt traîtres. Il ne se passe strictement rien. Bâtiments désolés, plantes grimpantes, mouvements suspects, mais aucune âme qui vive. Pas pour le moment. Nate se doute bien qu’il ne sera pas seul très longtemps. Les Pokémons sauvages, souvent très territoriaux, semblent l’être encore plus loin de la civilisation. En fait, c’est tellement le cas que le Ranger se demande pourquoi des dresseurs viennent encore jusqu’ici. La Sunrise laisse tout de même un Champion en permanence ici! Une décision plutôt risquée et qui mène encore plus d’individus à prendre des risques. Comme l’indique le présence d’un dresseur en danger dans la zone la plus dangereuse d’Amérique du Nord. Peut-être que chaque dresseur voulant venir jusqu’à la dernière arène devrait obligatoirement être accompagné par un Ranger.

Une idée folle...mais y a-t-il assez de Ranger dans la compagnie pour offrir ce service? Après tout, Nate ne connaît pas tant de Ranger - ni de dresseurs qui tentent l’ascension. Tout ne serait-il pas plus simple si le Champion déménageait à un endroit plus simple, comme le bois des Murmures? En même temps, le clash entre les Pokémons du Champion et ceux d’un dresseur d’un tel niveau serait peut-être trop pour Woodmay. Peut-être un entre deux?

Perdu dans ses pensées, Nate s’arrête subitement. Si plusieurs mouvements suspects sont passés devant lui, là, il est sûr d’en avoir vu un. «Ah, déjà.» murmure-t-il, se préparant à passer en mode combat Pokémon. Mais la silhouette qui se détache du mur est facilement reconnaissable. Armure rouge, katana dans son fourreau, masque aux allures démoniaques au visage, casque large, rien de moins que Silence, son mentor et l’homme qui lui a permis de commencer à lui donnant l’oeuf de Malbec, auparavant un Magby. « Déjà! » répond le samouraï, arrachant un sourire au Ranger. «Silence! Qu’est-ce que..Heureux d’te voir, ça rassure.» répond Nate alors que les deux dresseurs s’accueillent avec un bro-fist.

« Quand j’ai su que t’étais affecté ici, je me suis dit que j’allais me joindre, rendre la montée plus agréable. » dit-il, souriant certainement derrière son masque. « Impressionnant que tu sois déjà prêt à prendre des patrouilles dans des endroits comme ici. » ajoute-t-il, tapant l’épaule du Ranger. «En même temps, c’est un peu comme Kmimaein! » répond Nate. Les yeux du samouraï deviennent ronds «T’as été là-bas?!?» demande-t-il, visiblement surpris. «Ah ouais, une patrouille pour aller chercher des baies...Avec la scientifique des ruines de Tokyo, que je t’avais remplacé…» répond Nate, son interlocuteur en plein facepalm.

Mais aucun des deux n’aura le temps de trop en parler alors que les premiers locaux déboulent directement vers eux.

---

B.M. Tout déboule rapidement autour des deux dresseurs. Le premier Pokémon sauvage qui se montre le bout du nez fait assez de ravage. Plutôt gros, chaque pas qu’il fait est accompagné d’un bruit métallique similaire à un marteau qui frappe une enclume. Et le SIS du Ranger repère aussitôt l’espèce du Pokémon. « Un Galegon huh. » mentionne Silence, à côté de Nate, alors que l’imposant Pokémon fait son entrée sur le terrain. «Seul? Ça me surprendrait. » ajoute Nate, à la recherche d’un complice. Il est plutôt rare que les Pokémons sauvages attaquent seuls. Ils semblent plutôt vouloir coordonner leurs attaques. Mais pour le moment, rien d’autre que l’imposant semi-Rhinocéros qui ressemble quelque peu à Stomper lors de son échange.

La loi de la moyenne donne raison au Ranger alors que son SIS capte la présence d’un second Pokémon. «Ah.» échappe Nate alors qu’une petite cloche à la ribambelle descend d’un perchoir et vient à leur rencontre. «Presque toujours en paire. » dit-il alors que le samouraï acquiesce en hochant la tête. L’Éoko, un Pokémon psy qui se spécialise dans la guérison de ses acolytes. Ainsi donc, un Pokémon, qui, sans allié, n’a plus de grande fonction. Les Pokémons à choisir pour contrer un tel Pokémon sont plutôt facile à choisir. Le Ranger prend donc la Pokéball de Nebbiolo, l’active et...rien.

«Che cosa!» s’exclame-t-il aussitôt, les yeux bien ronds. « Qu’est-ce qui se passe Nate?» demande le vétéran dresseur. «La Pokéball ne veut pas ouvrir! On dirait que c’est comme avec Kusanagui!» mentionne Nate alors que le pied avant du Galegon gratte le sol, ses yeux rivés sur les Rangers. Silence tente lui aussi une Pokéball, mais rien. « Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire.» murmure le samouraï avec frustration. «Pas l’temps, allez!» s’exclame l’agriculteur alors que le Galegon entame sa charge, Nate et Silence tournant les talons pour dévaler les ruines, les deux Pokémons sauvages à leur trousse.

Les bâtiments délabrés se succèdent et les poursuivants ne démordent pas. « Ça t’es déjà arrivé? » demande Silence alors que les deux dresseurs passent sous un conduit d’aération qui a été arraché à sa position d’origine. « Contre des dresseurs, en fin de match» répond Nate, haletant. «Mais une fois qu’ils sont partis, tout était bon. » ajoute-t-il en passant par-dessus une clôture qui ne protège plus rien. «Et ça s'est arrêté comment?» demande Silence qui ne semble pas affecté par la course en armure. «Quand ils se sont téléportés.» répond Nate. « Donc, après une certaine distance? » demande-t-il.

«Exactement. » répond Nate en libérant le Pandarbare de sa Pokéball, rapidement suivi par la première qu’il trouve. Le Chevroum se met aussitôt en place. «Bloquez-moi le Galegon!» lance Nate, le Chevroum envoyant aussitôt un boulet de canon-graine en plein museau, ralentissant la charge. Le Pokémon d’acier n’arrive tout simplement pas à atteindre sa cible alors que le Pandarbare met fin au combat avec un puissant coup de savate.

Mais bon, si le plus imposant est déjà hors combat, ils ne peuvent quand même pas empêcher la clochette de s’enrouler autour du pourfendeur de Galegon dans un ligotage bien serré.

---

B.M. Avec le Galegon hors combat, les espoirs de victoire de l’Éoko sont presque nuls. En plus d’être enroulé autour de Nebbiolo, l’empêchant de retourner vers sa Pokéball, mais empêchant aussi l’attaquant de simplement s’enfuir. Il reste donc à portée d’attaque des deux Pokémons du Ranger. Une victoire presque acquise sans même avoir porté d’attaque sur le Pokémon psychique. «Le pauvre.» mentionne Nate alors que le Pokémon tente de blesser encore plus l’imposant panda en continuant d’appliquer de la pression sur son bras. « Il ne te laisserait pas de pitié si les rôles étaient inversés. » mentionne Silence, faisant sourciller Nate. C’est vrai que les Pokémons sauvages ne se laissent plus faire. Le Galegon et lui ont tout de même parcouru un bon kilomètre avant que Nate ne les rebute.

«Sauvi! Canonne-le de nouveau, attention pour ne pas viser Nebby!» commence Nate, le Pandarbare se retournant vers lui, pas trop sûr du plan du Ranger. «T’inquiète pas Nebby. Lève simplement le bras dans les airs, le temps de l’attaque, et termine moi ça avec Mâchouille!» ajoute-t-il, le visage du Pokémon combat changeant à un sourire étrange alors qu’il lève le bras dans les airs, agitant l’Éoko comme un vulgaire ballon. Le dit ballon est accueilli par un boulet de canon en provenance de la chèvre surexcitée, cognant bien fort. Mais c’est la prise en bouche du Pandarbare qui met fin au Ligotage et au combat. Mordu violemment, le Pokémon psy perd conscience, relâche sa proie et est envoyé sans cérémonie au sol, roulant dans la poussière.

«Eccelente!» exprime le Ranger en fermant le poing, le levant devant sa poitrine après la victoire. «Une belle victoire, mais une victoire qui apporte son lot de question.» mentionne Nate alors qu’il rappelle ses Pokémons dans leurs Pokéballs respectives. «D’un côté, j’hésite à les ramener. Si je ne suis pas capable de les sortir, ce n’est pas mieux.» dit-il. Le samouraï hausse les épaules. « Il semble plutôt que ça ait une portée, ce truc. Et soit c’est de fabrication récente, soit c’est aussi vieux que les ruines ici. Dans tous les cas, nous ne sommes pas à l’abri d’une autre course. » répond le vétéran dresseur, calmant un peu les inquiétudes du Ranger. Il n’a pas tort. Ce n’est pas tout le complexe qui complexifie le combat Pokémon, uniquement certaines zones.

Ce qui leur est inconnu, c’est ce nombre d'endroits où les Pokéballs ne fonctionnent tout simplement pas. Et si elles sont, par hasard, toujours près des Pokémons sauvages, ça épice un peu la patrouille. Un peu trop. Est-ce que l’organisation partiellement démantibulée de Deadly Borrow aurait pu venir s’installer ici? Nate ne croit pas qu’un humain ne puisse vraiment vivre à temps plein par ici. Et puis, les deux dresseurs avaient utilisé leur machine après leur défaite, pour couvrir leur manque de Pokémons combattants. Là, ils seraient aussi désavantagés que les deux dresseurs, voire même plus comme l’un des deux patrouilleurs est en armure et porte un katana et un wakisashi qui n’entendent pas à rire.

Tant de théories mais pas de réponses. Autant bien continuer d’avancer dans les ruines. Nate hause donc les épaules et reprend la route vers le Nord, bien qu’il soit beaucoup plus à l’Est qu’avant leur course. Silence lui emboîte le pas. Ce n’est pas tout de suite qu’on aura réponse à la question!.

---

B.M. Déjà que la situation est stressante, le fait de ne pas être sûr de pouvoir faire confiance aux Pokéballs qu’il a à la taille, ça n’aide pas. Disons que de tous les endroits dans le monde qu’il a visité jusqu’à présent, c’est bien la dernière place qu’il aurait souhaité que la technologie de la Sunrise fasse défaut. Ceci dit, heureusement, il connaît un spot où les Pokéballs fonctionnent. Aussi bien garder une trace en cas de second problème de la sorte. Décrochant le javelot à la pointe de plume de Skarmory de son sac, vestige de ses débuts et de sa rencontre avec la Ranger Lian Amethil, le Ranger laisse quelques marques sur les bâtiments et autres ruines faciles marquables sur son chemin. Bon, c’est un jeu dangereux comme il y a déjà plusieurs marques laissées par le temps, les intempéries et les combats gargantuesques ayant eu lieu sur place. À défaut d’avoir un pain pour y laisser des miettes, Nate se dit qu’il devrait être capable de retrouver la bonne direction.

En espérant que les lieux ne bougent pas comme sur la dernière île Asiatique, ce lieu mythique visité avec Minami Rikka qui change constamment géographiquement. «T’es déjà venu ici, alors? » demande le Ranger après quelques minutes de silence. « Quelques fois, c’est un excellent spot pour entraîner ses Pokémons. » répond Silence en haussant les épaules. «Même avec les zones sans Pokéballs?» demande le Ranger, intrigué. « Ça ne m’était pas arrivé. Une zone solitaire, peut-être, quoique j’en doute. J’ai eu de la chance. » répond le samouraï. Est-ce que c’est Nate qui lui porte la poisse? Après tout, il y a peu de moments tranquilles en la compagnie de son mentor. Dominants par ci, patrouilles par là, le duo n’a pas beaucoup chômer dans les derniers mois.

«Fou quand même, c’est le pire moment, le pire endroit.» dit alors Nate avec dépit. « C’est jamais facile lorsqu’on se retrouve désarmé, Nate. Même avec toute l’expérience du monde. Mais les bons guerriers se détachent du lot en sortant des sentiers battus. » répond-t-il, sa voix emplie de sagesse. Un message qui lui fut autrefois passé par son paternel, peut-être? Pour l’avoir rencontré à Yuuren, dans la pagode coupée en deux, c’est un scénario qui fait du sens. «C’est vrai que pour le moment, il y a eu plus de peur que de mal. » résume Nate, bien content, cette fois-ci, d’être accompagné par le vétéran dresseur et non une verte recrue des Rangers, comme dans la Caverne Gelée de Bleakwale. Ce n’est pas parce que Liam n’est pas compétent, bien au contraire, mais il y a quelque chose de rassurant dans le cliquetis du métal qui se frotte sur du métal à chaque mouvement du samouraï.

Le duo s’arrête, le Ranger calquant le samouraï lorsque ce dernier annonce une halte subite avec sa main. Aussitôt, l’agriculteur peut voir pourquoi. Dans un bâtiment délabré, un peu plus loin, il y a du mouvement. «Des sauvages.» murmure Nate alors qu’il surprend une feuille à passer par le cadre de la fenêtre depuis longtemps défenestrée. « J’passe par derrière. » signale le samouraï, se déplaçant furtivement sur la droite, laissant l’entrée principale pour le Ranger. La question qui tue: est-ce que la Pokéball va fonctionner? Une seule façon de le savoir.

Le Ranger libère donc Malbec de sa Pokéball, ce dernier prêt à exploser les Pokémons sauvages avant qu’ils ne prennent les dresseurs en filature.

---

B.M. C’est toujours un risque d’envoyer un Pokémon sans vraiment savoir ce qui se trouve devant. Accoudé au bâtiment, le Maganon se prépare à envoyer une première salve, toujours pas repérée par l’ennemi. Mais si le Ranger veut en finir rapidement - car c’est ce qu’il faut faire, sans quoi on peut rapidement se retrouver sous le feu d’un peu trop de Pokémons puissants - il faut qu’il y aille à plein régime. Et tant qu’à avoir un spot où la technologie de la Sunrise fonctionne, autant bien envoyer un back-up pour le Pokémon feu du Ranger. Nate libère donc un second Pokémon, le mastodonte de roc qu’est Stomper le Rhinastoc.

L’imposant Pokémon se met donc à la suite de Malbec, mais sa venue crée une commotion à l’intérieur du bâtiment. Ils ont été repérés! Déjà, ça s’active et Malbec, qui est en première ligne, prend un éclair en vitesse. Le SIS du Ranger a à peine le temps de capter le Pokémon qui se dernier file presque hors du bâtiment. Presque, parce qu’il n’arrive pas à quitter assez rapidement pour esquiver les flammes du Rebondifeu que Malbec vient d’envoyer dans le bâtiment. L’explosion est retentissante, les étincelles sortent par les fenêtres délabrées et à voir le regard du Maganon, la cible a été touchée.

Mais le Ninjask semble partir en flèche vers le Nord. Une destination déjà calculée? On pourrait le croire, mais l’insecte ne fait pas long feu alors que même malgré sa vitesse, il est rattrapé par le morceau de roc que lui envoie Stomper, l’écrasant à un mur et mettant aussitôt fin au combat. «Déjà?» murmure Nate avant de se reprendre, un peu surpris qu’un affrontement dans une zone aussi dangereuse soit déjà fini. «Eccelente!» s’exclame-t-il alors qu’il est rejoint par Malbec et Stomper, s’offrant des bro-fist à chacun d’entre eux pendant que Silence revient vers eux, bredouille.

« Vous avez été expéditif. » mentionne-t-il, une vague impression de fierté dans ses yeux. «Pas le choix! Avec tous les problèmes jusqu’à maintenant, j’voudrais pas qu’ils se retrouvent dans de beaux draps, j’ai l’impression qu’on va avoir besoin d’eux d’ici la fin. » répond le Ranger en rappelant Stomper dans sa Pokéball. Malbec reste hors de sa Pokéball. Il aura sûrement besoin de soin, et puis, une présence chaleureuse, ça ne fait jamais de tort!

Ceci dit, le groupe est prêt à repartir. Mais pour aller où? «Le Ninjask filait vers le Nord. On dirait vers là-bas.» mentionne Nate, pointant une tour qui semble se perdre dans les nuages. «Peut-être qu’il avait un plan? Ça avait pas l’air d’une fuite folle.» ajoute le Ranger en se penchant dans la porte du bâtiment incendié par Malbec. Un Pifeuil, inconscient et brûlé, gît au sol. Comme quoi l’utilisation de Malbec a énormément de sens. « Vers le Nord, donc? » demande Silence, un air amusé sur le visage. «Vers le Nord!» confirme Nate, entamant la marche vers la destination supposée du Ninjask. Peut-être qu’il allait chercher des renforts? Autant bien aller au rendez-vous, alors!

Et puis, jamais sans son pilon, son mortier...et ses baies!

---

B.M. Le plus le duo avance, Malbec derrière lui, le plus le climat semble s’alourdir. Si, au départ, ce genre de pression atmosphérique pouvait causer un certain stress chez le Ranger, l’expérience lui dit plutôt qu’il est simplement dans la bonne direction. Quand ce n’est pas un épais brouillard, un chant morbide ou des lumières qui flashent...Il y a toujours quelque chose. C’est à se demander ce que font les dresseurs lambdas. Se promènent-ils dans les régions, sans jamais avoir de Pokémons surpuissants incapturables qui les attendent au détour? Le hasard est drôlement fait, quand on y pense.

Dans le mortier, Nate a déposé des baies sitrus et une baie kika, une des préférées de Malbec, le mastodonte de lave qui réchauffe l’ambiance à côté de lui. Le Pokémon de feu s’est pris une vilaine baffe, gracieuseté du Ninjask qui a tenté de fuir les flammes, tant bien que mal. Autant bien le remettre sur pied, en cas d’un nouveau combat où ses services seraient requis. Le pilon se fait donc aller dans les baies, broyant les fruits dans une pâte jaune et rouge, une oeuvre d’art dans un fond de bol. «J’aurais p’tet du me faire un meilleur stock de baie avant de venir ici.» mentionne Nate, toujours en action, toujours en marchant. Le regard que lui lance Silence le rend un peu perplexe, par contre. «Quoi?» dit-il alors que le samouraï soulève difficilement son sac à dos. « Je pense que tu es un peu excessif, niveau baie. » répond Silence, accrochant un sourire au visage du Ranger.

C’est vrai que l’agriculteur a beaucoup changé depuis sa rencontre avec Malbec et son départ de la maison. Mais s’il y une chose qui est restée, c’est cette passion indéniable pour les différents fruits à effets variés sur les Pokémons, autant au niveau sauvage, semi-sauvage et cultivés. Ayant laissé derrière lui de nombreuses plantations, le Ranger s’efforce de repasser derrière lui pour vérifier l’état des plantes, une source sûre de baies pour les dresseurs en cas de besoin, mais aussi une belle source de nourriture pour un écosystème souvent dérangé à grands coups de Pokéballs. Ceci dit, Nate n’a toujours pas vu de baies dans Babel. Un cas à changer? «On a jamais assez de baies!» répond-t-il, sourire en coin. En même temps, vider ses stocks, c’est quand même un bon échange, c’est moins lourd à porter. Et avec l’air qui s’alourdit, ce n’est pas de refus.

La mixture du Ranger est prête et est aussitôt avalée par le Maganon. Ce dernier reprend déjà des couleurs - et de l’intensité en chaleur - alors qu’il revient à son plein potentiel. C’est quand même avantageux, d’être Ranger, malgré toutes les tâches connexes qui sont requises. «Merci Malbec!» lance Nate, puis ramène son starter dans sa Pokéball. Pas pour sa chaleur excessive mais plutôt pour la portion d’escalade qui se dresse devant eux. Disons que de mettre un élément de magma dans une portion d’escalade, ce n’est pas la meilleure idée.

«J’y vais ou tu y vas?» demdande Nate, mais Silence lui offre déjà de prendre l’avance. En même temps, Nate ne porte pas d’armure, ce qui fait du sens. Et puis, qui sait ce qui les attend un peu plus haut?

---

B.M. Sans être adepte d’escalade, ce n’est pas la première fois que le Ranger doit escalader une parois pour se rendre à un endroit difficile d’accès. Mais habituellement, les prises sont naturelles et se retrouvent à même le roc. Cette fois-ci, c’est d’escalader des ruines envahies par la nature, s’accrochant à des câbles, des boulons et autres points d’appui non conventionnels. Malgré tout, ça se passe relativement bien alors que le Ranger - et le samouraï derrière lui - parcourt le flanc d’un building détruit sans encombres ni chutes. Une fois en haut, le Ranger se hisse, dépose son sac et se retourne vers d’où il arrive, tendant le bras pour aider Silence à atteindre aussi le palier. Pas que le samouraï ait besoin d’aide, mais plutôt par solidarité. Même s’il ne se plaint jamais, le poids de l’armure, il faut en prendre compte.

La montée donne donc sur une énorme pièce à aire ouverte. Si autrefois le building avait un plafond, c’est maintenant chose du passée. On peut facilement voir que les passants locaux comme les dresseurs ont souvent continué leur chemin sur la parois d’un autre building, qui mène vers les nuages. Mais surtout, on peut aisément voir la cage d’escalier qui mène jusqu’à la dite plateforme. «Ah bah, on aurait pu prendre les escaliers.» dit alors Nate en passant sa main dans ses cheveux dans une maigre tentative de chasser la sueur. Silence échappe un petit rire et Nate ne peut s’empêcher de se joindre à lui. À défaut d’être dans un lieu plutôt stressant, ils n’ont tout simplement pas regarder les autres chemins.

Les dresseurs s’avancent mais n’ont le temps de faire que quelques pas avant que deux Pokémons sauvages bondissent de la cage d’escalier. Du moins, un Pokémon, l’autre passant directement à travers le plancher. «Ah, bah au moins, on a raté un embuscade.» dit alors Nate alors qu’il met la main sur une de ses Pokéballs. Le SIS capte aussitôt deux Pokémons qui auraient été un duo parfait dans la ville fantôme, lieu de sa première patrouille. Mais Nate n’entend pas à laisser quelconque opportunité aux deux Pokémons sauvages, pas avec l’air qui s’alourdit de plus en plus. Il libère donc deux Pokémons plutôt expéditifs et complémentaires : Aglianico le Mammochon et Sangiovese le Dracolosse.

Le Mammouth s'installe aussitôt en position de combat, ses défenses défiant l’adversaire alors que le Dracolosse prend son envol, sourire en coin, confiance contagieuse. «Sanji, empêche le fantôme d’agir! Utilise ta nouvelle attaque!» lance Nate, faisant référence à la technique copiée de Garganega via Minami Rikka, la scientifique qui l’a aidé lors de deux patrouilles en Asie. «Nico! Séisme-le!» ajoute Nate, avant de réaliser son erreur.

Mais tout se met en branle aussitôt les ordres envoyés. Le Branette profite de la puissance de Sangiovese pour le frapper avant. Mais le coup bas du Branette n’empêche pas Sangiovese de l’envoyer au sol, là où l Mammochon frappe de sa patte massive pour créer un séisme qui met les deux Pokémons K.O., sans toucher le Dracolosse.

Mais les fondations du bâtiments, eux, grondent et ne semblent pas heureuse de la tournure du combat. Aussitôt commencé, aussitôt fini...comme la chute du bâtiment. «Merda souffle Nate.

---

B.M. Le temps n’est pas aux plannings mais plutôt à l’action. Bondissant aussitôt qu’il voit le sol se déplacer dangereusement devant lui, Nate cherche rapidement un issue. Pas le choix, il va falloir monter encore plus haut. Rester à ce niveau, voire descendre, est clairement du suicide. «Silence, là!» s’écrie le Ranger tout en pointant un échelle au loin, vestige d’une issue de secours qui sera utile malgré les siècles entre son élaboration et son utilisation. Nate prend aussitôt la Pokéball d’Aglianico et d’un geste vif et précis, rappelle le Mammochon à sa Pokéball. La victoire précédente est déjà acquise, autant bien ne pas laisser le pauvre Pokémon glace à la merci du bâtiment qui s’écroule. Sangiovese, quant à lui, observe plutôt la scène d’un oeil semi-amusé, survolant le bâtiment et protégeant à la fois les deux humains d’une attaque opportuniste de d’autres Pokémons sauvages.

Le Ranger et la samouraï atteignent rapidement l’escalier, commençant aussitôt l’Ascension. «Ouais, j’aurais p’tet pas dû y aller avec un Séisme.» mentionne Nate, un peu d‘embarras dans sa voix. « Tout va bien, non? » demande Silence, un soupçon d’humour dans la sienne. Nate ne peut s’empêcher de rire un peu. «On ne pourrait faire mieux.» répond-t-il, sollicitant un rire de la part de son mentor. C’est vrai que les dresseurs doivent détruire pas mal plus qu’un bâtiment lors d’entraînements et autres combats Pokémon. Est-ce que le monde est en ruine à cause des dresseurs ou ces derniers profitent tout simplement du fait que personne ne se préoccupe de la santé des bâtiments pour y laisser libre cours à la puissance destructrice de leurs Pokémons?

L’échelle de secours, par moment entourée de barres de protection métallique ayant résisté au temps et à l’usure, semble se diriger vers le ciel sans arrêt. «On dirait qu’on arrivera jamais.» mentionne Nate, l’air étant toujours aussi lourd, voire même plus qu’au départ. « Je vois toujours pas le bout, mais il y a une entrée, une ancienne fenêtre, juste ici, si tu veux te reposer. » lui répond le samouraï. La conversation se fait en criant, avec le vent qui souffle à un tel point que le Ranger se demande si ce n’est pas Babel qui tente de le faire tomber. «Non, on va jusqu’au bout!» répond l’agriculteur. Il n’a pas vraiment l’envie de rester encore plus longtemps.

Sous eux, le bâtiment est maintenant un amas de rocs et de poussière. Mais rien n’arrête le duo alors qu’ils continuent leur ascension vers les sommets de Babel. Au loin, Sangiovese continue ses rondes, gardant les ennemis hors de la position difficilement défendable des deux dresseurs. Il ne faudrait qu’une attaque d’un Pokémon vol pour mettre les deux dresseurs sur le bord d’un dernier plongeon dans le vide. La puissance et la prestance du Dracolosse semble faire son effet, comme rien ne se passe jusqu’à ce que les deux dresseurs atteignent un nouveau plateau.

Mais celui qu’ils atteignent, après une montée de presque une heure, est à couper le souffle. Sur le sommet du bâtiment, des grandes grilles d’or, fermées, les attendent. Ça et trois Pokémons sauvages qui semblent avoir décidé que les portes du Paradis leur sont fermées.

---

B.M. Nate cligne des yeux, estomaqué par la vue devant lui. Silence fait de même, alors que les deux dresseurs viennent de tomber sur une plateau qui semble immaculé, figé dans le temps par sa grandiosité. La lumière du soleil reflète sur les barreaux dorés du grillage, éclairant encore plus le plateau et les trois petites silhouettes qui se dressent devant eux. «Mais qu’est-ce que c’est qu’cet endroit.» murmure Nate, toujours ébahi et presque aveuglé par la lumière intense de la porte derrière les trois Pokémons. Seul la silhouette des adversaires se dessine dans la lumière, laissant le Ranger et le samouraï jouer à Who’s that Pokémon. Mais le SIS du Ranger semble vouloir faciliter la tâche pour le Ranger. Deux d’entre eux sont facilement reconnaissables, mais pas celui de droite.

La longue queue plate d’une boule qui vole et le son facilement reconnaissable de l’Éoko trahissent le Pokémon de gauche. Au centre, un sosie aux allures royales, facilement identifiable comme le sosie de Nero d’Avola, le propre Mysdibule de Nate. Le dernier, quant à lui, est identifié par l’appareil SIS accroché devant l’oeil droit du Ranger. Un Draby, un Pokémon dragon aux écailles bleues et à la tête de roc. «Mmmmmh intéressant.» mentionne le Ranger. « Vraiment. » répond Silence, hochant de la tête. Mais bon, Nate n’est pas vraiment sûr d’être capable de capturer un Pokémon avec un tel niveau, toujours selon le SIS.

Nate fait signe au Dracolosse, qui vole en périphérie, pour qu’il vienne se joindre au combat. Mais le Ranger n’a même pas le temps de donner un ordre que le Dracolosse se jette sur le Pokémon Dragon, griffe toutes sorties, et met aussitôt fin à son combat. «Woah.» échappe Nate, clignant encore des yeux alors que les Pokéballs d’Aglianico et de Sauvignon libère leurs habitants respectifs. Sauvignon, comme à son habitude, se met à sautiller un peu partout, avant de se calmer en voyant les deux Pokémons restants. Aglianico, quant à lui, se place plutôt en position combat. Il reconnaît sa faiblesse contre certaines attaques du Mysdibule, mais aussi de la puissance des siennes contre le même Pokémon royal.

«Nico, les fondations ont l’air mieux ici, vas-y avec un autre Séisme!» lance Nate en espérant ne pas détruire cette merveille humaine figée dans la nature envahissante. «Sauvi, tranche-les!» ajoute-t-il, voulant contrôler la zone et ne pas laisser les adversaires profiter du manque de couverture pour dégommer les Pokémons de Nate. Les baies se font rares, par ici. Le Dracolosse fait un tour autour des ennemis, gardant la pression sur eux plutôt que sur lui. Le Mammochone lève son imposante patte pour la frapper au sol, faisant trembler tout le bâtiment et faisant souffrir les deux Pokémons restants. Un grincement termine l’attaque, gracieuseté de la porte dorée qui s’entrouvre.

Le Mysdibule semble pris d’un élan de panique suite au grincement et il se retourne lentement vers les grilles dorées derrière lui. Une erreur qui lui est fatale alors que le Tranch’Herb de Sauvignon met fin à son combat, malgré sa résistance à l’attaque. Avec tout ça, il ne reste plus que la clochette qui se dresse entre Nate, Silence et les portes dorées.

« Expéditif. » mentionne Silence.

---

B.M. Le samouraï n’a pas tort. Nate n’y est pas allé de main morte avec les gardiens qui mènent à il-ne-sait-pas-quoi. Mais s’il y a bien quelque chose qu’il sait, c’est qu’il n'y a pas de porte dorée immaculée qui ne garde rien. Sinon, ça irait à l’encontre de toutes les idées préconçues d’une patrouille qui ressemble à une quest de RPG. Avec la clochette comme seul adversaire encore debout, face aux mastodontes du Ranger qui l’entourent, Nate se doute bien que le combat est déjà fini. Mais baisser sa garde, c’est exactement la pire erreur qu’il pourrait faire. Il y a des patrouilles qui se sont allongées avec l'apparition d'autres Pokémons sauvages, même si le Ranger était en contrôle. Alors autant bien s’assurer que le débat est clos avant de faire quoi que ce soit.

« Je me demande vraiment ce qu’il y a en haut de ses escaliers-là. » dit Silence, ses doigts sur son menton. Derrière la guérite dorée se trouvent des escaliers bleus incandescents qui semblent monter encore plus haut. Sûrement vers les sommets de Babel, pense Nate, tel que la région est mentionnée dans le SIS. «Sûrement le Paradis.» répond le Ranger, sourire narquois en coin. « J’ai vu des paradis moins violents. » relance son mentor, clin d’oeil moqueur en supplément. «Huh, ouais, c’est vrai que c’est c’pas...Attends, trois Pokémons….Trois têtes?» se surprend-t-il à théoriser. « Peut-être qu’au final, c’est pas le ciel qu’on va atteindre.[/color]» répond Silence, sa voix un peu plus grave qu’à l’habitude. Le samouraï est-il inquiet? Dans tous les cas, impossible à savoir tant et aussi longtemps que l’Éoko n’est pas écarté de l’échiquier.

«Sanji! Élimine-moi le, celui-là aussi!» lance Nate en pointant le Pokémon psy. Le Dracolosse ne se fait pas prier et fait passer un aussi mauvais quart d’heure à la clochette qu’à son compatriote de type dragon un peu plus tôt. Le coup de griffe de la part de l’imposante créature draconique met aussitôt fin au combat, laissant le Ranger vainqueur et les escaliers accessibles pour les deux dresseurs. «Eccelente!» lance Nate alors que les deux montures terrestres et celle aérienne arrivent à ses côtés. «Vraiment, vous avez pas laissé de chance à l’adversaire, c’était perfetto! » lance-t-il, moue approbatrice dans le visage. Il rappelle donc la chèvre et le mammouth à leurs Pokéballs respectives avant de déposer son sac en regardant le Dracolosse. «Mais t’as quand même pris quelques bonnes baffes, alors autant régler tout ça rapidement.» dit-il alors qu’il sort plusieurs baies de son sac, ainsi que son fidèle combo de pilon et mortier.

Aussitôt, les fruits commencent à être entassés dans le bol et à être moulu, l’objet contondant réduisant en purée les baies sélectionnées par l’agriculteur. Sur le visage du Dracolosse, un sourire se dessine, son appétit visiblement interpellé par la technique du Ranger. «Tu sais, peu importe leur taille, leur puissance ou leur niveau, ils sont toujours prêt à en avoir un peu. Y’a des fois où je commence à croire que mes Pokémons se prennent des baffes dans l’espoir d’avoir des baies alors qu’on est à mi-parcours!» dit-il, un peu moqueur. Mais l’expression de Sangiovese ne dément pas la théorie de Nate, qui ne peut s’empêcher de sourire lorsqu’il regarde son Pokémon le plus puissant dévorer le tout.

La taille ne compte pas quand on a faim!

---

B.M. Marcher dans la forêt, dans les espaces souvent plats d’Amérique du Nord, ce n’est pas si pire. On s’y habitue et les quelques dénivelés ne font qu’endurcir un Ranger expérimenté. Mais quand on parle d’escaliers qui semblent se poursuivre vers l’infini, c’est tout un autre genre d’exercice et une demande de cardio différente. Une fois les portes dorées passées, Nate se disait bien qu’il arriverait à la fin de sa patrouille. En cas général, c’est un groupe de Pokémon qui dérange l’entièreté de la région et qui doit être mis hors combat. C’est pourtant ce que Nate vient de faire, mais bon, l’appel vers les somptueux escaliers avait été trop fort et le Ranger et son mentor avaient commencé leur ascension.

«Elles semblent continuer comme ça ad vitam eternam» mentionne Nate, haletant. Pourtant, le Ranger est habitué aux efforts physiques et bien qu’il sente cette pression dans ses cuisses, il commence toutefois à manquer d’air le plus il monte. « Plus l’élévation est grande, plus l’air est rare. » répond Silence, lui aussi haletant mais nettement moins que son fidèle padawan. Et pourtant, c’est lui qui porte l’armure! «Certes, mais on est rendu si haut?» demande Nate. Un peu difficile de savoir où ils sont rendus, comme l’escalier ne donne pas de vue sur la basse-ville. Et puis, à voir les marches qu’il reste à monter, difficile de se concentrer sur autre chose que le prochain pas. Les pas se suivent, les escaliers continuent et la fin ne semble jamais venir.

«On dirait vraiment que personne n’est passé ici depuis longtemps, mais c’est propre, non?» demande Nate, passant sa main dans ses cheveux. «Dans le sens où il n’y a pas de poussière, y’a pas rien!» ajoute-t-il, alors que Silence hoche la tête, signifiant qu’il voit la même chose que son protégé. «Tu t’imagines si y’avait quelqu’un qui vient faire le ménage tous les jours?» demande-t-il, un peu naïf. Silence ne peut s’empêcher de sourire. « C’est peut-être les Pokémons sauvages qui viennent faire le ménage.[/color]» dit-il, ses yeux rieurs perçant derrière le masque qu’il porte.  

C’est vrai que ça pourrait être profitable, faire de l’entretien ménager avec ses Pokémons. Mais bon, il ne faudrait peut-être pas qu’ils soient ceux du Ranger, souvent plutôt immenses et peu subtils. Mais il y aurait moyen. Peut-être pas à Babel, par contre, dans ce grand escalier qui semble de plus en plus mener nul part. Nate ne peut pas s’empêcher d’éclater de rire devant l’absurdité de la conversation. «J’peux pas croire que ce soit ça. Et surtout, si c’était des sauvages, y’aurait un peu plus de baston.» dit-il en faisant un clin d’oeil. C’est plutôt tranquille d’ailleurs, cette montée dans les marches. Mais bon, tout ce calme, c’est éphémère quand même.

Les deux dresseurs arrivent sur un palier (enfin!), le plus jeune des deux reprenant son souffle alors que l’autre s’étire. Mais devant eux, trois Pokémons sauvages se dressent, trois Pokémons que le Ranger connaît bien. La question, c’est à savoir s’il vaut mieux en finir rapidement et reprendre l’ascension ou prendre son temps et se donner la chance de se reposer un peu. Parce que Nate le sait bien, Silence va vouloir aussitôt reprendre la montée.

---

B.M. «C’est un drôle de trio…» mentionne Nate, main sur le menton, regardant les trois adversaires se préparer à empêcher les deux dresseurs de poursuivre leur route. Un trio particulier pour mettre un frein à leur ascension, mais une pause clairement appréciée du Ranger. Avec tous ces pas et ces mouvements peu habituels, Nate ne peut refuser le peu de répit qu’un combat Pokémon pourrait lui offrir. Bon, en plus, il y a moyen d’en finir rapidement, si la chance est de son côté. Mais bon, si Nate est de nature plutôt chanceuse, est-ce que ça suffira dans les hautes strates de Babel? « Je ne comprendrai jamais comment ces associations se font… » répond Silence, faisant référence aux rassemblements plutôt loufoques parfois rencontrés sur le terrain.

C’est à se demander ce qu’il se passe dans la tête des Pokémons sauvages lorsqu’ils sont arrivés tous les trois sur ce palier. Un serpent venimeux de la tête jusqu’au bout de la queue, un imposant sumo humanoïde aux mains disproportionnées et un spectre à la bouche zippée. Tous les trois ont un niveau de puissance identique, selon l’appareil SIS accroché à l’oreille droite du Ranger, mais ça n’explique pas comment les trois Pokémons ont décidé de travailler ensemble. La barrière de la langue ne permettant pas de poser simplement la question, Nate se résout à devoir la régler de façon violente et efficace. Et c’est, par le fait même, une excellente occasion de tester un trio qu’il mijote depuis quelques temps.

«On va tester quelque chose. » dit-il en haussant les épaules, le samouraï faisant un pas de recul pour laisser l’agriculteur envoyer trois Pokéballs, libérant à tour de rôle deux de ses Pokémons rapides et capables de voler et le Mammochon qui a causé l’écroulement un peu plus tôt. « Aaaaah » échappe Silence en comprenant le stratagème du Ranger. «Peut pas être frappé par Séisme s’ils sont en plein vol!» s’exclame Nate avec un sourire en coin. Bon, le Dracolosse n’est pas trop d’attaques de zone, mais les deux autres, oui. «Comme à l’entraînement!» lance Nate, doigt pointant les adversaires. Les trois Pokémons s’intéressent aussitôt aux ennemis. Et il faudra performer, parce qu’un Pokémon de la trempe de l’Hariyama pourrait aisément vaincre Aglianico et le Séviper pourrait également en finir avec la fragile Sémillon.

«Sanji, lance les hostilités. Sém’, tente de bien viser! Nico, tout repose sur toi. » lance-t-il alors que ses Pokémons se mettent en place. Il ne suffit que d’un Bluff - qui ne vient pas - pour contrecarrer les plans du Ranger. Mais tout se passe comme sur des roulettes. L’ouragan causé par Sangiovese semble déstabiliser les adversaires, juste assez pour que le Tranch’Air de Sémillon mette fin à l’attaque draconique pour frapper les trois adversaires, les arcs d’énergie malmenant notamment le sumo. C’est finalement le Séisme d’Aglianico qui met fin à la pression adverse alors que les trois Pokémons s’écroulent, les Pokémons du Ranger étant immunisés grâce à leur absence du sol. «Eccelente!» s’exclame-t-il aussitôt, alors que Silence approuve de quelques hochements de tête.

«On continue notre route?» propose-t-il tout en rappelant les trois Pokémons à leurs Pokéballs. « Expéditif, je pensais pas que tu étais pressé de recommencer à monter. » répond-t-il, explosant la bulle du Ranger en lui rappelant qu’ils ne sont clairement pas arrivés.

«Argh, fait chier.» murmure-t-il en suivant le samouraï vers le prochain set d’escalier.

---