Chapitre 22- Shivers up the S-Pineapple

B.M. Nate ne s’est jamais retrouvé sans Pokémons, face à un sauvage qui le trouve appétissant. Mais il peut comprendre la peur qui se lit dans le visage de la dresseuse vaincue, maintenant attaquée par un Pokémon qui aurait sûrement été sa prochaine proie. «Mais laisse-le pas m’bouffer! » s’exclame-t-elle alors que Nate n’a toujours pas bouger. Le Mysdibule prend son temps, alors que Nate se demande toujours quel choix éthique peut-il faire. Est-ce une douce vengeance pour les Pokémons locaux d’en finir avec celle qui terrorise les lieux depuis une semaine? Ou est-ce inhumain de laisser le sort d’une personne, aussi mal intentionnée soit-elle, dans un acte naturel et barbare à la fois.

Mais le Ranger ne pourrait pas laisser quelqu’un se faire dévorer, même si sa vie en dépendait. Et si la femme n’attendait que d’être capturer avant de commencer un long chemin vers la rédemption? Qui est-il pour juger de la vie ou de la mort d’un autre être humain. Le problème, c’est que les Pokémons en place pour le combat possèdent que des attaques sur un Pokémon similaire à Nero d’Avola. « Okay, okay, j’me rends! » s’exclame la dresseuse. «Pas besoin de te menacer avec un Mysdibule. Mais je vais quand même prendre mes précautions…» affirme le Ranger, toujours une Pokéball dans sa main. Son tir est précis, selon lui, mais paraît complètement raté pour tous, jusqu’à ce que Syrah débarque derrière la dresseuse.

Le Pokémon de type normal regarde son dresseur, un sourcil levé. «Elle bouge pas de là!» dit alors Nate, et le Vigoroth hoche la tête. Peu encline à se retrouver dans les griffes du paresseux ou la mâchoire du Mysdibule, la dresseuse semble abandonner tout espoir de fuite. Une bonne chose, comme Nate n’est pas trop motivé à reprendre une seconde poursuite. Du côté de l'agriculteur, il se doute bien que ses Pokémons n’arriveront pas à bout du Mysdibule aussi rapidement que si Malbec était dans l’action. Mais bon, s’il l’avait envoyé contre le Tortank, l’issue du match aurait sûrement été différente.

Il va donc falloir faire preuve de patience. «Riesling, continue avec la lune» dit-il en pointant le Mysdibule. «Inzolia, tranche-nuit!» réplique-t-il, une grimace se formant sur son visage. Tous les Pokémons de Nate sont maintenant habitués à ses ordres qui semblent un peu disparates, mais qui ne révèlent pas trop de la stratégie en cours. Mais Inzolia étant fraîchement capturé, ce n’est pas possible. Ceci dit, c’est toujours moins pire lorsque l’on se bat avec des Pokémons sauvages, et le Ranger doute que la dresseuse vaincue tentera de donner des ordres au Pokémon qui tente de la bouffer.

Riesling mais tout de même sa paume devant elle, y faisant apparaître le reflet d’une pleine lune, avant que ce mirage se sépare en multiples rayons pour aller frapper le Mysdibule, qui encaisse bien. Inzolia suit aussitôt, la lame qui lui sert de corne s’enduit d’énergie négative avant de trancher net le Pokémon fée et métal, qui encaisse la seconde attaque, repousse l’Absol puis bondit, mâchoire première, sur Riesling, pour lui asséner une terrible morsure. Nate voit son Pokémon chanceler un instant, puis se remettre en position de combat. Affaibli, certes, mais toujours dans le match. Il n’en reste pas long avant de pouvoir passer la corde aux poignets de son adversaire précédent!

---

B.M. Heureusement pour Nate, la dresseuse semble maintenant résignée à son sort, alors qu’elle jonche un coin de l’ancienne infirmerie, à côté d’une machine désuète, regardant par terre. Remet-elle en question les décisions de sa vie, se tourmentant en revenant sur les choix qui l’ont amené à vivre dans la criminalité? Ou espère-t-elle simplement survivre à cette aventure qui a mal tourné. Le Ranger s’est déjà retrouvé dans des situations précaires, avec ses Pokémons amochés. Il n,aurait fallu qu’un autre individu aux multiples Pokémons pour lui faire plier l’échine, lui aussi. Il peut donc comprendre le désespoir de la jeune femme, et se surprend lui-même par son empathie envers quelqu’un dont la carrière l’horripile.

Mais il y a deux côtés à cette médaille. D’un côté, il y a des gens qui capturent pour revendre. Il y a Nate qui capture pour s’aider dans ses patrouilles, et aider le domaine familial. Il y a des scientifiques qui ont besoin de certains Pokémons, mais qui ne semblent jamais les libérer une fois qu’ils ont terminé leurs études. Est-ce plus éthique? Et finalement, il y a aussi les gens qui achètent délibérément des Pokémons. Le Ranger l’a vu, à ses débuts, avec Kusanagui. Tant qu’il y aura des clients, il y aura des catcheurs excessifs.

Une théorie lui hante toujours l’esprit, depuis qu’un inconnu l’a souligné pour lui. Nebbiolo a été donné par ses parents - qui ne sont pas des dresseurs - alors comment diable l’ont-ils acquis? Une question que le Ranger préférerait sans réponse, mais dont il n’aura pas le choix de le demander à sa prochaine visite sur les terres familiales. Sûrement, si l’occasion s’y prête. Si le Pokémon a été pris de force dans son habitat, en compagnie de la moitié de la biodiversité locale, est-ce que le fait de l’avoir pris sous son aile, de l’avoir entraîné amorti les effets néfastes qui entourent sa nébuleuse possession? Une question très philosophique, alors que le Mysdibule claque de la mâchoire une nouvelle fois en direction de Riesling, qui l’esquive de justesse.

«Riesling, Inzolia, on y va pour une dernière fois. » dit-il, le regard perdu dans ses pensées. Heureusement que sa captive ne le voit pas, car elle aurait pu profiter de ce moment de recherche pour prendre la poudre d’escampette. Mais peut-être pas avec le Mysdibule et sa mâchoire aussi près d’elle.  Les Pokémons du Ranger offrent une prestation copie-conforme de leur attaque, mais cette fois-ci, même la résistance notoire du Mysdibule ne lui laisse pas de chance, et le Pokémon sauvage s’écroule. Frappant ses mains ensemble, le Ranger soupire. Enfin, un lousse. «Donc, vous êtes en état d’arrestation pour abus de capture de Pokémon, et surtout, violence notoire inappropriée dans un lieu saint.» dit-il, un long bout de corde dans ses mains, le Vigoroth grogant derrière sa cible alors que l’agriculteur s’avance.

Mains liées derrière la dresseuse, Nate s’assure que son noeud est solide et que la dame ne pourra pas prendre la fuite. Le retour vers Holika, et les autorités, sera plus long que l'aller, certainement, mais c’est avec un sourire au visage que Nate escorte la dresseuse hors des anciens quartiers d'habitation, un doux sentiment d'accomplissement soulevant son esprit.

---